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Vaccins anti-Covid : le fret aérien se prépare à un défi logistique inédit

Conservation des produits pharmaceutiques, manque de préparation des compagnies aériennes, contraintes de températures… Selon Linus Bauer, conférencier sur le transport aérien à l’université La City à Londres, l’acheminement des vaccins représente un enjeu majeur.

Alors que la Haute autorité de Santé prépare sa stratégie de vaccination de la population contre la Covid-19, l’acheminement des doses pose question. Tant en termes de conservation des vaccins que des volumes à transporter. En toute logique, ce sont les acteurs du fret aérien qui affronteront les enjeux logistiques les plus difficiles de cette mission. Un défi majeur pour Linus Bauer, conférencier sur le transport aérien à La City University of London. Aujourd’hui, ce dernier nous livre son point de vue sur la question et ses conseils pour y remédier.

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Selon l’IATA, 16 milliards de doses de vaccin devraient être acheminées dans le monde entier. © Dimitri Houtteman / Unsplash

16 milliards de doses

« Le développement d’un vaccin n’est que la moitié du problème. Le plus grand défi sera la distribution de 16 milliards de doses de vaccin à une échelle inimaginable (l’équivalent de 8 000 vols tout-cargo de Boeing 747). L’aviation jouera un rôle important dans ce défi à l’échelle internationale. Selon l’IATA (1), il s’agira du plus grand transport aérien d’une seule marchandise jamais réalisé », estime l’expert.

Des chaînes d’approvisionnement déstabilisées par la crise

En effet, en raison de sa fiabilité et de sa rapidité, le fret aérien va se charger de plus de la moitié des doses de vaccin. Or la crise de la Covid-19 et le gel des vols ont entraîné des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement pharmaceutique. Alors que la production du vaccin devrait débuter d’ici la fin de l’année, les acteurs du fret aérien se préparent donc à « un exercice de distribution colossale ».

Renforcer la sécurité des aéroports

Parmi les enjeux logistiques, il faut avant tout renforcer la sécurité dans les aéroports. Pour y parvenir, Linus Bauer cite des infrastructures comme les clôtures de sécurité, l’accès restreint aux zones pharmaceutiques. Ou encore un système de vidéosurveillance en circuit fermé et des systèmes d’alarme anti-intrusion.

Les contraintes de conservation des vaccins

Autre difficulté, « les exigences en matière de température pour le transport du vaccin sont d’une importance capitale. L’aviation est expérimentée dans le transport de vaccins maintenus à une température entre 2 °C et 8 °C. Cependant, certaines doses de vaccins nécessitent un autre niveau de refroidissement – aussi bas que -80 °C », rappelle le spécialiste.

Seuls douze aéroports peuvent contrôler la température des doses

Mieux vaut donc s’assurer de la capacité de manutention des produits pharmaceutiques. Et ce, en les traitant dans des infrastructures qui possèdent des installations de manutention pharmaceutique à température contrôlée. « Selon le Programme alimentaire mondial, dans les aéroports internationaux il en existe douze : Amsterdam, Barcelone, Bruxelles, Le Cap, Copenhague. Francfort, Johannesburg, Londres, Madrid, Miami, New York JFK et Paris CDG », cite le conférencier.

Une surveillance en temps réel de la température

« Les capacités de ces installations comprennent par exemple la possibilité de gérer des expéditions nécessitant le stockage à des températures différentes, la surveillance en temps réel de la température et des alarmes, des capacités complètes de suivi et de localisation, et la manutention active de conteneurs à température contrôlée. »

 Des mesures standardisées

Autre défi : le système de gestion des compagnies aériennes se révèle inadapté à une telle situation pour Linus Bauer. En raison, la réglementation et les enjeux commerciaux vont constituer des obstacles au transport de ces produits médicaux. Il faudrait donc en premier lieu, exclure les opérations de fret aérien de ces restrictions de voyage . « Des mesures standardisées doivent être mises en place dès le début afin que les vaccins puissent être acheminés par  fret aérien avec un minimum de perturbations ».

Exempter les équipages de quarantaine

Ainsi par exemple, les membres d’équipage pourraient être dispensés des exigences de quarantaine de 14 jours. De même, « les obstacles économiques (par exemple les redevances de survol, les frais de stationnement dans les aéroports et les restrictions de créneaux horaires) devraient être supprimés. »

Ségolène Kahn

(1) Association internationale du transport aérien

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