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Santé et qualité de vie au travail

La protection respiratoire évolue vers plus de confort et de sécurité

Les acteurs du marché s'évertuent à améliorer les performances des appareils de protection respiratoire. À l'heure de la Covid-19, les produits réclament plus que jamais un soin particulier en termes d'entretien et de nettoyage.

Quel est le point commun entre un soldat du feu, un égoutier, un professionnel de santé, un opérateur travaillant sur un chantier, dans une mine d’extraction ou encore dans une usine de produits chimiques ? Tous ces professionnels sont susceptibles d’être exposés à des gaz, vapeurs ou poussières qui peuvent s’avérer toxiques pour leur santé. Voilà pourquoi, selon leur nature, le niveau de concentration, la durée d’exposition ou encore selon la teneur en oxygène, correspondent des appareils de protection respiratoire spécifiques.

Appareils filtrants ou isolants

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Le port d’appareil de protection respiratoire permet de travailler en toute sécurité dans des lieux confinés. © MSA

Ces EPI se composent principalement d’une pièce faciale (masque ou demi-masque complet, cagoule, etc) et d’une source d’approvisionnement en air autonome ou non-autonome, filtrant ou isolant selon le niveau d’oxygène présent dans l’air. Ces derniers permettent aux porteurs d’évoluer dans des atmosphères non respirables, toxiques ou asphyxiantes. Qu’ils soient isolants ou filtrants, ces appareils sont proposés par les leaders du marché. A savoir 3M, Dräger et Honeywell et MSA.

Premier module connecté pour ARI

Parmi les acteurs historiques du marché, MSA a été créé en 1914 par deux ingénieurs. Il rassemble à ce jour 5 000 employés et commercialise ses appareils de protection respiratoire filtrants ou isolants partout dans le monde. Et notamment en France où il a repris en 2002 la société Gallet, le fabricant de casques de pompiers. Cette année, MSA innove en matière d’appareils respiratoires isolants (ARI) en lançant un boîtier connecté qui enrichit sa plateforme respiratoire M1. Laquelle s’adresse aussi bien aux sapeurs-pompiers qu’aux opérateurs travaillant dans des atmosphères dangereuses pour leur santé.

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La plateforme respiratoire M1 innove avec un module de contrôle connecté. © MSA

Module communicant et multi-fonction

Lancée en 2018, la plateforme M1 se veut évolutive sachant qu’un ARI doit fonctionner à minima 10 ans. « C’est la raison pour laquelle elle est modulaire et configurable selon les normes et les besoins », explique Aurélie Favre, responsable marketing Pompiers pour l’Europe chez MSA. Son boîtier connecté, le Control Module permet de suivre en temps réel les sapeurs-pompiers et autres intervenants stratégiques durant leur mission. Il s’agit d’un module multifonction qui sert à contrôler la pression de la bouteille d’air et à déclencher une alarme en cas de chute et d’immobilité. Les différents capteurs tiennent dans un boîtier contenant aussi des batteries lithium-ion garantissant une longue autonomie. Le tout pèse 500 grammes.

Transmission temps réel

« Le module transmet les informations en temps réel vers un boîtier central qui va lui-même les relayer par réseau cellulaire LTE [Long Term Evolution : GSM/EDGE, CDMA2000, TD-SCDMA et UMTS, NDLR] vers le centre de commandement en charge de superviser les opérateurs », décrit la responsable marketing en précisant que cette solution connectée est rétrocompatible avec les anciennes plateformes de MSA.

De nouveaux équipements attendus chez Dräger

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Ce masque assure une protection complète du visage et des voies respiratoires. © Dräger

De son côté, l’Allemand Dräger étoffe sa gamme d’appareils de protection respiratoire filtrant à ventilation assistée X-Plore 8000. Dédiée à l’industrie, celle-ci propose deux types de motorisations appelées 8500 et 8700. Cette dernière s’adresse aux environnements Atex. Le fabricant commercialise ces deux versions avec des cagoules souples, des masques complets et des casques ventilés. Une liste non limitative. « En effet, de nouveaux équipements de tête dédiés à la chimie et la pétrochimie vont être proposés cette année afin d’améliorer le confort et la sécurité des porteurs », rapporte Thomas Rapp, technico-commercial Industrie & Collectivités, secteur Nord-Est chez Dräger.

Masques FFP3 Made In France avec ou sans soupape

Le fabricant s’attelle par ailleurs à étoffer son offre de masques Made in France. Il faut savoir que sa nouvelle usine d’Obernai (Bas-Rhin) produit depuis septembre dernier des masques FFP2. L’industriel a décidé d’étendre sa fabrication. Elle y produit notamment des masques FFP3 avec soupape expiratrice. De quoi gagner en confort. En effet, la soupape facilite l’expulsion de l’air chaud et humide, indique le commercial qui annonce la commercialisation de la gamme X-Plore 1700 C à partir d’avril dans le réseau de revendeurs d’EPI.

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D’un clic, 3M sécurise le port des demi-masques. © 3M

3M innove avec le Secure Click

On l’aura compris, les fabricants d’appareils de protection respiratoire cherchent à améliorer l’ergonomie, le confort mais aussi la sécurité de leurs EPI. À l’instar de 3M qui propose les demi-masques Secure Click de la série HF-800. À l’instar de la ceinture de sécurité, ces derniers font retentir un ‘‘clic’’ lorsqu’on clipse les filtres pour garantir que la protection est bien installée. Cette innovation sera déclinée sur toute une gamme de masques réutilisables de dernière génération.

Système original de cartouches

Quant au confort de respirabilité, il est assuré par un système original de cartouches à quatre flux. Ces nouveaux EPI protègent les professionnels contre les particules ainsi que contre une grande variété de gaz et de vapeurs. En effet, les deux cartouches à double flux combinent quatre voies de débit d’air pour faciliter la respiration. Par ailleurs, la soupape d’expiration permet de rediriger l’air et l’humidité vers le bas. En outre, avec une membrane phonique optionnelle, l’utilisateur peut éclaircir sa voix afin de faciliter la communication tout en travaillant. Enfin, le joint facial “Flex-Joint” en silicone breveté procure un contact confortable au niveau du visage de l’utilisateur. Sa boucle est facile à régler, en tirant sur les brides pour serrer et en pressant les ailes pour desserrer. Le design profilé de ces demi-masques réutilisables offre un usage aisé avec les masques de soudage et les visières de meulage.

Veiller à l’hygiène des appareils

En plus de faciliter le port des appareils, les fabricants s’efforcent en effet de mieux prendre en compte la morphologie du visage. Mais aussi d’employer des matériaux moins agressifs pour la peau tout en étant aussi plus faciles à nettoyer et à entretenir. Dans cet perspective, le Covid-19 a mis en lumière la nécessité de nettoyer et de stériliser les équipements de protection respiratoire après chaque usage. Et ce, surtout si différents membres d’une même équipe les utilisent. À ce titre, l’article R4323-95 du Code du travail stipule que l’employeur doit mettre à disposition des salariés gratuitement et de façon personnelle les EPI nécessaires.

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Joris Lanoy, directeur commercial de Be Atex.© Be Atex

Proscrire le gel hydroalcoolique

Concernant le nettoyage des appareils de protection respiratoire, de l’eau savonneuse et des lingettes bactéricides suffisent en général pour éliminer les bactéries et virus comme le Covid-19. En revanche, l’utilisation de gel hydroalcoolique est à proscrire car sa composition peut s’avérer agressive pour le caoutchouc, silicone et autres matériaux poreux présents dans ces appareils. « Pour le nettoyage, je conseille à mes clients de se référer à la notice d’entretien du fabricant », insiste Joris Lanoy, directeur commercial de Be Atex, une entreprise spécialisée dans la distribution de produits contre les risques gaz. Créée en 2008 et située à Escalquens près de Toulouse (Haute-Garonne), cette PME de 35 personnes installe et maintient les détecteurs de gaz, appareils de protection respiratoire et autres EPI de catégorie 3. L’entreprise dispose de son propre centre de maintenance agréé par les fabricants qu’elle distribue. À savoir 3M, Dräger ou Honeywell.

Tunnel de décontamination chez Protecthoms

L’activité de maintenance des appareils de protection respiratoire évolue d’ailleurs. C’est ce que montre Laurent Lairy, le président du groupe Protecthoms, situé à Chateau-Gonthier-sur-Mayenne (Mayenne). Fondé en 1993, ce groupe de 200 collaborateurs pour 46 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 (contre 39 millions d’euros en 2019) distribue des produits pour l’hygiène et la sécurité des personnes et délivre des services associés. « Sur la partie des voies respiratoires, nous proposons tous les segments de produits du masque ventilé à l’ARI en passant par les masques à pression négative », fait savoir le président de Protecthoms. En plus de distribuer des produits, l’entreprise assure un rôle d’auditeur et de préconisateur pour l’industrie et les commandes publiques. En outre, elle propose des services de maintenance dans son centre de contrôle d’EPI Classe 3. Ce dernier se distingue grâce à son tunnel de décontamination situé dans une salle blanche. Une première puisque le concept a été breveté par Protecthoms. Les appareils de protection respiratoire usagés y arrivent dans une caisse hermétiquement fermée. Ce qui limite les risques de toxicité pour les opérateurs.

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Grâce aux boites à gants, l’opérateur accède aux appareils souillés sans que cela nuise à sa santé. © Protecthoms

Boîtes à gants aménagés dans le tunnel

Ces derniers accèdent aux appareils grâce à des boîtes à gant aménagées dans le tunnel de six mètres de longueur. Une fois arrivées, les caisses prennent place dans le tunnel afin que les opérateurs les ouvrent. Les appareils y seront démontés, lavés puis aspirés. En sortie du tunnel, les appareils passent par des bancs d’essais pour être vérifiés avant de recevoir un certificat de contrôle. « Pour effectuer ces prestations, nous avons reçu les habilitations des fabricants », précise Laurent Lairy.

Quelles sont les limites au port d’un appareil de protection respiratoire ?

« Attention : toutes les personnes ne sont pas aptes à porter des appareils de protection respiratoire », met en garde Jacques Orain, président de Mayday Formation. Cette PME d’une quinzaine de personnes accompagne de son expertise les petites entreprises et les collectivités dont les opérateurs interviennent en milieux confinés comme l’assainissement. Basée à Orry-la-Ville (Oise), Mayday Formation compte 15 collaborateurs et une vingtaine d’intervenants exclusifs. Elle conseille ses clients dans le choix d’appareils de protection respiratoire et la sélection des opérateurs en charge de les utiliser. Ainsi, les personnes ayant des pathologies médicales, comme des difficultés à respirer seront-elles écartées. Idem pour celles qui présentent des cicatrices au niveau de la joue ou des problèmes dermatologiques comme des boutons d’acné car ces imperfections risquent de nuire à l’étanchéité du masque en créant des points de fuites. C’est aussi le cas lorsque l’opérateur porte une barbe. Par ailleurs, un avis médical est requis pour le port des ARI.

Eliane Kan

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