Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Eden Cluster ?
Il s’agit d’un mouvement d’initiative privée qui regroupe des PME duales, c’est-à-dire des PME qui fournissent à la fois les secteurs de la Défense et de la sécurité civile. Ces PME rejoignent Eden Cluster dans le but de »chasser en meute » et de développer leurs parts de marché à l’export. Ce regroupement est né durant l’édition 2008 du salon Eurosatory. Au début, il n’y avait que des PME de la région Rhône-Alpes. A présent, nous comptons Eden-Bretagne, Eden-Centre et Eden-PACA. D’autres régions, comme l’Aquitaine et l’Alsace, sont entrain de nous rejoindre. A l’heure actuelle, Eden Cluster représente 130 PME qui réalisent un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros dont 55% à l’export et emploient 9 000 salariés.
Quel est l’intérêt de développer des technologies duales ?
Regardez ma société, Centralp. Elle conçoit et fabrique des systèmes électroniques et des logiciels embarqués pour 15% de notre chiffre d’affaires à destination du secteur militaire, sûreté et sécurité. Et tout le reste de l’activité concerne les secteurs du transport, du médical et de l’industrie. D’ailleurs, en moyenne, les PME d’Eden Cluster développent moins de 20% de leur chiffre d’affaires dans le secteur militaire. La raison est simple : elles diversifient ainsi leurs débouchés afin d’assurer la pérennité de leur entreprise. C’est important car les lois de programmation militaire réduisent constamment le budget alloué aux industries de Défense. En revanche, en travaillant pour le secteur militaire, les PME peuvent bénéficier de la procédure Rapid (Régime d’appui PME pour l’innovation duale) de la DGA qui propose des subventions pour financer la R&D à hauteur de 50% à 80% du montant du projet.
Quel en est l’intérêt industriel ?
C’est clair : nous développons nos cartes électroniques, par exemple pour des navires de guerre, à moins d’une dizaine d’exemplaires. En revanche, lorsque nous transférons cette technologie au secteur ferroviaire, nous passons à la série industrielle. Nous pouvons donc baisser les coûts de production car nous amortissons les investissements en R&D sur le nombre. Par ailleurs, cette industrialisation finance également notre aptitude à assurer le Maintien en condition opérationnelle (MCO) des équipements militaires que nous fournissons. Autrement dit, le dual fait bénéficier le secteur industriel de l’innovation stimulée par le secteur militaire. A son tour, le secteur militaire bénéficie de l’optimisation des coûts liée à la production industrielle.
Quelles sont les tendances à Eurosatory 2014 qui vont intéresser la sécurité et la sûreté civiles ?
S’il y a une chose à retenir, c’est l’irruption de la cybercriminialité qui s’attaque à tous les échelons de la société : l’État, les entreprises privées, les individus. Donc la réponse, c’est la cyberdéfense. Et, à l’invitation de Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense, Eden Cluster participe à un groupe de travail – porté par Eden Bretagne – qui s’intéresse à la sécurité informatique, la traçabilité, la lutte contre le piratage, l’espionnage, l’usurpation d’identité, l’escroquerie… Autre tendance : aujourd’hui, les marchés nationaux de Défense et de sécurité voient leurs budgets baisser en France et en Europe. En revanche, il y a des zones croissance en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
Ces marchés de Défense à l’export, qui sont en croissance, drainent-ils également des opportunités pour la sécurité privée ?
Oui bien sûr, les deux sont indissociables. Car la défense de points stratégiques militaires présuppose presque toujours la mise en place d’infrastructures de sécurité qu’elles soient publiques ou privées. D’autant que se développe la tendance à déléguer au secteur privé des activités comme le gardiennage et la télésurveillance des points stratégiques publics et privés.
Côté technologies, quelles sont les pépites que Eden Cluster va présenter ?
Il y en a beaucoup ! Mais citons, entre autres, les drones d’Aérosurveillance, Novadem et Survey Copter. Je voudrais aussi évoquer Ouvry et ses combinaisons NRBC ainsi que Safer qui présente des chaussures équipées de capteurs capable d’alerter l’utilisateur de la présence de mines anti-personnel ou d’explosifs. Sans oublier la start-up Sysnav qui propose des solutions de géolocalisation capables de s’affranchir du GPS. Cette alternative est extrêmement innovante.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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