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Sûreté et sécurité

Des pompiers expérimentent des caméras-piétons

Entre le 1er janvier et le début du mois de septembre, plus de 2000 sapeurs-pompiers ont été agressés en France dont 312 ont été blessés. Pour prévenir le passage à l’acte, la Place Beauvau autorise certains soldats du feu à porter ce dispositif afin de prévenir les risques d’agressions.

Des sapeurs-pompiers éteignent une voiture brûlée.

Lors de leurs interventions, les soldats du feu sont susceptibles d’être agressés. © SDIS 95

Il ne se passe pas un jour sans que l’actualité ne se fasse l’écho d’agressions subies par les sapeurs-pompiers lors d’une mission d’intervention. Entre le 1er janvier et le début du mois de septembre, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises a enregistré plus de 1,274 agressions physiques ou verbales. Soit en moyenne un peu plus de 5 par jour. 312 blessés ont été blessés sur les 2.012 sapeurs-pompiers agressés.

50% des agression sont de nature verbales, 35 % sont dites simples, 11 % se sont traduites par des jets de projectiles et enfin 4 % ont eu lieu avec des armes. Ces agressions se produisent lorsque les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels sont en intervention. Le plus souvent, les agresseurs sont des citoyens, victimes secourues et leurs proches en détresse sociale ou sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants. Un phénomène en progression semble-t-il. Les chiffres n’ont pas été encore rendus publics pour 2018, mais on sait qu’en 2017 le nombre de personnes agressées s’est élevé à 2.813 et à 2,280 pour 2016.

Un ensemble de mesures pour renverser la tendance

Soucieux de renverser cette tendance, Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur a annoncé un ensemble de mesures. Cela vise à renforcer les protocoles opérationnels en facilitant notamment les dépôts de plainte et en formant les effectifs à la négociation face aux personnes agressives. Autre mesure, la diffusion systématique des bonnes pratiques, la diversification du recrutement pour maintenir le lien social dans les quartiers difficiles, sans oublier l’expérimentation de caméras mobiles.Il s’agit d’assurer une meilleure protection contre les agressions commises à l’encontre des sapeurs-pompiers. Dans ce cadre exclusif, le port de  caméras-piétons vise à prévenir les passages à l’acte. Et le cas échéant de collecter des preuves pour identifier et poursuivre les auteurs.

Des expérimentations de caméras-piétons

L’usage de ce dispositif fait l’objet du décret N° 2019-743. Lequel porte sur les conditions de l’expérimentation de l’usage de caméras individuelles par les sapeurs-pompiers dans le cadre de leurs interventions. Dix services d’Incendie et de secours (Haute Garonne, Gironde, Loire Atlantique, Maine et Loire, Morbihan, Nord, Pyrénées orientales, Rhône, Yvelines, Val d’Oise) et la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris se sont portés candidats. L’expérimentation court jusqu’en février 2022.

Cette phase d’expérimentation débute pour le Service départemental d’incendie et de secours SDIS 95 et la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Le déclenchement des caméras ne pourra être décidé qu’en cas d’incident de nature à mettre en péril l’intégrité physique des sapeurs-pompiers. Seuls les services d’incendie et secours concernés et la BSPP sont autorisés à utiliser ce dispositif dans le cadre de l’expérimentation en cours.

Usage réservé aux pompiers habilités

Par ailleurs au sein de ces seuls services, l’usage de ces caméras est réservé uniquement aux pompiers disposant d’une habilitation personnelle et selon des règles d’utilisation extrêmement précises. Les images et sons captés pourront être consultés par le Directeur départemental du service d’Incendie et de Secours, son adjoint et les agents individuellement désignés en charge du suivi de ces dossiers. Idem pour la police, la justice et l’inspection générale de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises. Enfin une fois anonymisées, les images et sons pourront servir dans le cadre de l’amélioration de la formation.

L’usage de ces caméras ne fait toutefois par l’unanimité. Les opposants craignent une rupture du lien de confiance entre le soldat du feu et la personne secourue. Laquelle n’a pas forcément envie d’être filmée.

Eliane Kan

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