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Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Un exosquelette-robotisé pour faciliter le travail des ouvriers

Même les robots les plus élaborés ne sont pas capables de reproduire l’entièreté des gestes d’un ouvrier aujourd'hui. A ce titre un projet vient de voir le jour, le Robot-Mate, qui propose un exosquelette intelligent chargé d’accompagner et de soutenir les gestes levage de montage et de démontage.

Jusqu’à aujourd’hui, le développement des exosquelettes augmentés s’est limité aux domaines des laboratoires, de l’armée ou encore à des disciplines très pointues telles que celles de la thérapie par la réadaptation. Pourtant le potentiel de ce type de technologie pourrait prendre tout son sens dans le secteur de l’industrie alors que les exercices de levage de charges lourdes font encore partie intégrante du quotidien des manutentionnaires. A ce titre, un projet, baptisé Robot-Mate, vient d’être dévoilé à Stuttgart en Allemagne, proposant un exosquelette conçu spécifiquement pour porter des charges allant jusqu’à 10 kg.
L’un des enjeux souvent boudés par les nouvelles technologies est de pouvoir faciliter les conditions de travail qui, pour les ouvriers, peuvent s’avérer très difficiles et usantes à long terme. Surtout en ce qui concerne les industries du secteur des high-tech qui nécessitent encore aujourd’hui des efforts titanesques de levage et de transport. Selon la Fondation Alliance pour le travail, 44 millions de travailleurs dans l’Union européenne souffrent de troubles musculosquelettiques (TMS). Il arrive encore aujourd’hui que dans certaines usines, les travailleurs aient à porter près de 10 tonnes par jour. Le fait est que l’automatisation n’est pas encore capable de remplacer la complexité du travail d’un homme. Gestes minutieux ou bien mouvements complexes, imprévisibles, comme le démantèlement d’une voiture, même les robots les plus avancés ne sont pas capables aujourd’hui d’effectuer l’ensemble de ces tâches. Du coup, le plus gros du travail revient à l’homme avec toute l’usure physique qu’il implique.
Ainsi le projet Robo-Mate est-il né en 2013, fruit d’un consortium entre douze instituts de recherche et entreprises issus de sept pays européens. L’idée était de produire un exosquelette motorisé qui agirait comme un cadre de support à l’homme, pouvant réduire jusqu’à dix fois le facteur pénibilité des charges de travail physique pour les travaux de montage et de démontage. Cet exosquelette est constitué de plusieurs modules venant renforcer les bras, le tronc et les jambes. Pour les tâches manuelles, deux bras motorisés partent du dos et s’accrochent aux poignets de l’utilisateur afin de soutenir activement le mouvement et de prendre la charge, le but étant que l’on ne sente plus qu’un dixième du poids réel. Ensuite, un module de jonction reliant les deux bras soutient la colonne vertébrale et le dos afin de prévenir d’une torsion violente ou d’une hernie discale. Enfin des modules s’installent le long des jambes afin de soutenir l’intérieur des cuisses et de créer une sorte de siège en position accroupie.
Selon l’équipe du projet, rien n’aurait été possible sans un logiciel spécial qui a eu pour fonction de simuler des tâches impliquant le montage et le démontage, puis identifier les contraintes imposées au corps. Ce qui a permis de dresser un bilan des tâches les plus appropriées destinées à l’exosquelette, en considérant le corps comme une seule et même unité. Le premier prototype de l’exosquelette Robo-Mate a été dévoilé lors d’une manifestation à l’Institut Fraunhofer pour l’ingénierie industrielle (IAO) à Stuttgart, le 12 juin dernier. Mais avant de parvenir à un résultat optimal et parfaitement adapté à la gestuelle d’un ouvrier au quotidien, il reste encore du travail. Les exigences en termes de sécurité sont toujours en cours d’évaluation et quelques versions simplifiées devraient aussi être élaborées. « Nous ne cherchons pas à faire des super-héros », affirme le docteur Leonard O`Sullivan, spécialiste en ergonomie et en conception de produits à l’Université de Limerick en Irlande. « Nous voulons développer un assistant qui prendra en charge les travailleurs de production dans leur travail quotidien et les maintiendra en bonne santé. »

Ségolène Kahn

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