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Cyberprévention

Sébastien Garnault (CyberTaskForce) : « Il est nécessaire d’acculturer toutes les parties prenantes »

Interview du fondateur de Garnault & Associés, une agence événementielle de conseil stratégique spécialisée dans les technologies et le cyber, porteuse de la CyberTaskForce. À savoir une force de travail opérationnelle qui mobilise les décideurs en initiant un dialogue institutionnel entre les diverses parties prenantes de la confiance numérique.

Quelles sont les missions de CyberTaskForce ?

C’est un groupe informel qui rassemble des parlementaires, des représentants de l’État et des entreprises innovantes. L’idée, c’est que, dans les technologies et la sécurité, chacun a une part de la réponse aux problématiques de la sécurité-sûreté mais personne n’a l’ensemble de la réponse. En effet, l’État a pour objectif d’assurer la sécurité des citoyens, des entreprises et des administrations. Mais, dans cette perspective, il a, d’une part, besoin d’une expertise technologique et, d’autre part, il devra appliquer une réglementation que le parlement édicte. De leur côté, les parlementaires n’ont pas non plus vocation à être des spécialistes en technologies cyber et en sécurité. Sensibiliser, informer, décloisonner et agir… Tels sont alors nos leitmotivs.

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Sébastien Garnault, fondateur de la CyberTaskForce. © CyberTaskForce

Il y a donc un grand besoin d’acculturation entre les diverses parties prenantes…

Oui. Car une réglementation trop forte peut freiner l’innovation et le marché. De fait, l’équilibre entre réglementation, innovation et marché est très difficile à trouver. Il faut donc que les gens puissent s’asseoir à la même table pour en discuter afin de déboucher sur un consensus et, face aux nouvelles menaces, bâtir une société de la confiance dans les réseaux, les usages et les services. Dans cet objectif, la CyberTaskForce, qui rassemble près de 200 décideurs, organise une dizaine de réunions de travail par an avec un objectif ciblé, un cadre défini, une méthode choisie et un agenda. Par ailleurs, nous organisons également la Paris Cyber Week dont la dernière édition 2021 s’est déroulée les 8 et 9 juin.

Vous vous intéressez aux technologies de rupture qui se mettent au service de la sécurité globale. Qu’entendez-vous par là ?

Ce thème fera l’objet d’une table ronde durant Expoprotection Sécurité [qui aura lieu du 28 au 30 septembre à Paris-Porte de Versailles, NDLR]. En clair, les technologies de rupture sont celles qui débarquent sur le marché et rebattent toutes les cartes. Citons, par exemple, le couplage de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale. Dans les aéroports, ce couplage permet de scanner le visage de toutes personnes qui s’y trouvent afin de repérer des terroristes en quelques secondes. Certes, c’est très efficace mais où en sont nos libertés ? C’est pour poser ce genre de questions que nous travaillons, par exemple, avec le député Jean-Michel Mis, qui est rapporteur de la mission du Premier ministre sur l’utilisation des nouvelles technologies numériques dans le domaine de la sécurité. Ainsi qu’avec Renaud Vedel, le coordinateur national pour l’intelligence artificielle et Guillaume Vitse, directeur général de CNPP Cybersecurity. À la table ronde d’Expoprotection Sécurité, nous discuterons des besoins de chacun – Citoyens, État et secteur privé – pour concilier la technologie et la sécurité avec les libertés individuelles et publiques. Nous nous efforcerons de faire le lien entre les différents ministères pour comprendre les besoins métiers de chacun et le besoin de concilier les libertés individuelles et publiques.

Quels sont vos chantiers ?

Contribuer à rehausser le niveau de la sécurité numérique globale des citoyens, organisations et collectivités territoriales car il s’agit d’une problématique de souveraineté. L’idée, c’est de lutter aussi bien contre le cyberharcèlement que contre le rançongiciel… Donc notre chantier, c’est d’opérer auprès des décideurs une prise de conscience du risque numérique dans le respect du droit de la vie privée. Ce n’est pas parce qu’il y a une menace que nous devons réduire les libertés. À côté de cela, l’industrie française du cyber est excellente mais elle a besoin de marchés pour grossir et se pérenniser… Sans industrie, il n’y a pas de souveraineté et nous devrons nous en remettre aux autres. Ce n’est pas la culture française. Il est donc important que chacun soit au courant de tous ces enjeux avant de prendre des décisions, puis les faire valoir et les expliquer à leur tour. La transparence génère la confiance. Celle-ci manque cruellement face aux technologies qui se diffusent dans notre société.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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