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Risque incendie

Régis Cousin (FFMI) : « Nous contribuons à la rédaction des textes applicatifs touchant à la prévention et à la lutte contre l’incendie »

Le président de la Fédération française des métiers de l’incendie fait le tour de l’actualité réglementaire qui impacte le secteur. Avec le récent Club Export, il compte promouvoir les savoir-faire français des acteurs de l’incendie.

Photo de Régis Cousin, président de la Fédération française des métiers de l’incendie

Régis Cousin : « Le Club Export sera la branche incendie du Comité stratégique de filière (CSF) Industries de sécurité. »            © FFMI

 

En quoi les récentes réglementations bouleversent-elles les métiers de la sécurité incendie ?

Deux lois, débattues et votées, nous touchent de près : la loi pour un État au service d’une société de confiance (Essoc) et la loi sur l’évolution du logement et l’aménagement numérique (Elan). La loi Essoc ouvre la voie au droit d’expérimenter et au droit à l’erreur. Jusqu’ici, le droit bâtimentaire s’appuyait sur la réglementation anti-incendie. Avec la loi Essoc, il y a désormais la possibilité de déroger à ces mesures réglementaires sous réserve de de réaliser les calculs d’ingénierie nécessaires.

Mais ces dérogations n’ont -elles pas déjà été pratiquées lors de grands projets innovants d’architecture ?

Si mais ponctuellement. Lors des débats parlementaires, on rappelait que les dérogations se faisaient déjà au cas par cas localement lorsque le besoin s’en faisait ressentir. Or il n’est pas possible aujourd’hui de tout modéliser a priori au niveau du risque incendie. A cet égard, la contribution utile de la FFMI à cette loi a été de sensibiliser les politiques afin qu’ils prennent en considération exclusivement les domaines pouvant faire l’objet de calculs d’ingénierie. Typiquement, le désenfumage. Et avec ce gouvernement, nous contribuons actuellement à la rédaction des ordonnances qui vont jouer le rôle de décret d’application. Il y a d’ores et déjà l’ordonnance n°1, qui n’aura de durée que celle d’écrire l’ordonnance n°2. Cette loi et ces ordonnances auront et continuent de constituer une grosse actualité pour nos métiers. L’idée étant de défendre un niveau élevé de sécurité incendie pour nos concitoyens. D’une manière générale, la réglementation française a été efficace jusqu’à présent. Elle apporte une performance qui ne fait pas débat. Néanmoins, il reste une zone d’ombre : les habitations où l’on déplore 90 % des victimes d’incendie bien qu’il y ait une loi rendant obligatoire la présence d’au moins un détecteur autonome avertisseur de fumée (DAAF). Il y a un manque de culture incendie en France. Nous continuons à militer pour renforcer la pédagogie qui doit être faire au niveau de la société.

En quoi, à son tour, la loi Elan impacte-t-elle vos métiers ?

La loi Elan est très bâtimentaire. Elle va introduire la réversibilité de lieux de travail en lieux d’habitation et inversement. Dans cette évolution, nous devons apporter tous nos savoirs pour tâcher de maintenir un niveau de sécurité équivalent dans le cas d’une réversibilité. Cette loi introduit également une nouvelle catégorie d’immeubles, dits Immeubles de moyenne hauteur (IMH) pour lesquels les dispositions réglementaires sont à fixer. La loi a été votée. Ce qui est en discussion, ce sont, ici aussi, les textes d’application.

La défense des entreprises du secteur de la lutte incendie passe-t-elle également par le terrain économique ?

Bien sûr. A cet égard, l’impulsion est donnée par le gouvernement pour essayer de valoriser les savoir-faire français dans les métiers de la sécurité, de la sûreté et de la sécurité incendie. Cela se traduit part la mise en œuvre de collaborations entre la sphère publique et la sphère privée, afin d’organiser une task force. Nous avons ainsi créé le Club Export qui vise à rassembler toutes les parties prenantes : hommes, matériels, doctrine et accompagnement économique. La première réunion a eu lieu en en juillet 2017 avec une cinquantaine de personnes représentant un large panel des acteurs publics et privés de la sécurité incendie.

Que va apporter ce club Export ?

Nous partons de loin. Le but, c’est de coordonner tout cet ensemble. Le Club Export sera la branche incendie du Comité stratégique de filière (CSF) Industries de sécurité. L’idée, c’est d’être au bon échelon au niveau de la sécurité incendie et de présenter de manière agile la sécurité civile incendie.

Les Oscars de la sécurité incendie ont été relancés. Quelles sont les nouveautés ?

Les Oscars de la sécurité incendie existent depuis environ 30 ans. Le modèle avait tendance à s’essouffler. Nous avons fait une pause l’année dernière. Nous avons revisité cet exercice avec quatre thématiques : innovation, prévention incendie (bonne pratique), management de la sécurité incendie, site spécifique. Par ailleurs, les Oscars seront précédés cette année par des tables rondes traitant de différents aspect liés à la sécurité incendie. Les résultats seront dévoilés lors de la Soirée des Oscars de la FFMI le 20 novembre prochain.

De quoi la FFMI va-t-elle parler à l’occasion d’APS ?

Avec le Groupement des entreprises de la formation-prévention au risque incendie (Gefpi), la FFMI va donner aux chefs d’entreprise les clés pour choisir une formation de qualité au bénéfice de leurs salariés, dans le cadre des obligations de formation issues du code du travail. Ce sera également l’occasion de présenter le label mis en place par le Gefpi qui valorise les bonnes pratiques en la matière.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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