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Santé et qualité de vie au travail

Qualité de l'air intérieur : Ipsiis valorise des déchets minéraux en mousses isolantes, rigides, légères et incombustibles

Lauréate du prix Clean Tech Open France 2015, cette entreprise française a conçu un matériau minéral isolant dépourvu de produits toxiques. Ce qui contribue à préserver la bonne qualité de l'air intérieur dans les bâtiments. En cas d'incendie, il peut supporter plus de 1.000°C. Cerise sur le gâteau, du fait de sa légèreté, cet isolant limite la pénibilité de mise en œuvre sur les chantiers.

Concilier qualité de vie et sécurité sur les lieux de travail tout en contribuant à valoriser les déchets minéraux, telle est l’idée d’Yves Le Corfec, président d’Ipsiis, une entreprise spécialisée dans la conception de nouveaux matériaux. Plusieurs fois lauréate de concours d’innovation, dont celui du Clean Tech Open France 2015, cette start-up, basée à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), affiche un procédé qui consiste à transformer en mousse rigide, légère, isolante et incombustible des déchets de production tels que le verre recyclé, les terres cuites, les céramiques, l’ardoise ou encore les roches volcaniques. Ces matériaux sont réduits en poudre avant d’être mis en suspension dans une solution aqueuse avec des agents de porosité biosourcés et des liants minéraux. Ensuite, le matériau est déshydraté à basse température (70°C). On obtient ainsi un  »géopolymère », appelé aussi  »polymère minéral’ qu’il est aisé de découper en plaques isolantes. « En terme d’isolation thermique, les performances de ces mousses minérales sont comparables à celles de la laine de verre ou de la laine de roche puisque leur coefficient lambda est de l’ordre de 0,045 W/(m.K) », déclare le fondateur de l’entreprise, Yves Le Corfec.

Plus de 1.000°C. Autre avantage de ces polymères minéraux, ils se révèlent en tant que bons isolants phoniques. Ils sont dépourvus de retardateur de flamme ainsi que de tout autre produit toxique pour la santé car ils sont constitués à 99,5 % de substances minérales seulement associées à des liants issus de sous-produits de l’industrie agroalimentaire. Ils participent ainsi à la bonne qualité d’air dans les bâtiments. « En cas d’incendie, nos mousses ne génèrent pas de fumée toxique et supportent des températures supérieures à 1.000°C », nous indiquait Yves Le Corfec sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris où il exposait ses mousses lors de la Cop21. Ancien ingénieur spécialisé dans la prévention des risques, ce dernier a démarré il y a neuf mois le développement de ce procédé de fabrication qui nécessite peu de ressources capitalistiques. De quoi intéresser les exploitants de carrières mais aussi les collectivités locales.

Grande résistance. Au niveau de leur mise en œuvre, ces mousses isolantes sont aussi très séduisantes car elles sont à la fois résistantes en compression (environ 2 MPa – Méga Pascal) et très légères avec une densité qui oscille entre 125 et 150 kg/m³. De quoi améliorer les conditions de travail des artisans et des ouvriers. « Nous travaillons sur des générations de nouveaux matériaux dont la densité sera encore plus faible », fait savoir Yves Le Corfec qui veut tester une mise en œuvre par flocage. Dans ce cas, la mousse sera projetée à l’aide d’une machine sans déshydratation préalable au durcissement. Au niveau de sa stratégie commerciale, le dirigeant d’Ipsiis n’a pas pour ambition de construire des unités de fabrication mais de concéder des licences d’exploitation aux propriétaires de gisements ou à des collectivités locales qui lui achèteront les liants de cémentation dont la recette est tenue secrète.

Eliane Kan

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