Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Les startup à la manœuvre pour aider les entreprises à améliorer la SQVCT

A l’heure de la grande démission et du désengagement des salariés, des solutions digitales portées par des startups se multiplient pour favoriser le lien social et l’esprit de cohésion. Mais il s'agit aussi de limiter les risques de risques psychosociaux (RPS) ou encore d'améliorer le bien-être, la qualité de vie et les conditions de travail.

Avec plusieurs centaines de startups spécialisées dans la prévention des risques physiques et mentaux, la lutte contre le stress ou le harcèlement, la pratique du sport en entreprise, la France fait figure de futur leader mondial du bien-être et de la SQVCT (santé, qualité de vie et conditions de travail). Bon nombre de ces startups proposent à leurs clients, principalement des grands comptes et des ETI, des plateformes digitales qui délivrent des services avancés. Ce qui vaut à certaines d’entre elles de bénéficier de levées de fonds de plusieurs millions d’euros pour se développer en France et à l’étranger. C’est notamment le cas de Witco (Ex-Monbuilding), une Proptech (contraction des mots anglais Property, bien immobilier, et Technology, technologie). Cette startup créée en 2016 par Eliane Lugassy a levé l’an dernier 14 millions de dollars (12 millions d’euros) pour poursuivre en France et à l’étranger la commercialisation de son application de QVT. Laquelle centralise différents services afin de faciliter la vie des salariés sur leurs lieux de travail. Une idée prometteuse à l’heure du télétravail et du Flex Office. Avec l’appli Witco, les collaborateurs réservent leur poste de travail, une salle de réunion ou encore signalent un incident.

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« Notre application peut suggérer aux collaborateurs de rencontrer certaines personnes ou de bénéficier de services personnalisés », Samuel Meitas, fondateur de Comeet. © DR

L’IA pour améliorer la satisfaction des salariés

Parmi les autres Proptech prometteuses, citons Comeet, fondée par Samuel Metias, qui emploie une dizaine de personnes. Fondée en janvier 2017, la startup propose une application de mise en relation entre les salariés et d’accès aux services disponibles au sein de leur entreprise. Par exemple, la conciergerie, la réservation de salles de réunion, l’accès aux menus ou la déclaration de matériel défectueux. « Cette application gratuite se base sur une intelligence artificielle (IA) qui peut suggérer aux collaborateurs de rencontrer certaines personnes ou de bénéficier de services personnalisés », explique le dirigeant. Pour parvenir à ces suggestions, l’IA se base notamment sur l’historique d’utilisation des collaborateurs. Et ce, sachant qu’après chaque activité l’appli leur demande un feedback. De quoi fidéliser les employés. En outre, l’accès aux différents services et aux rencontres entre employés s’avère utile notamment pour structurer l’accueil des nouveaux arrivants. « Les nouveaux employés accèdent plus facilement aux services et rencontrent plus rapidement leurs collègues. « Par conséquent, ils s’intègrent plus vite au sein de l’entreprise. » conclut le dirigeant.

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Olivier Houyvet (Ouilive) organise un challenge en partenariat avec le Théléton.

Challenges connectés à impact environnemental ou social

A l’heure du travail hybride associant télétravail et présentiel, les entreprises se préoccupent de renforcer la cohésion des équipes et l’esprit collectif. Un besoin auquel répondent les startups avec des solutions qui aident à organiser des challenges connectés inter-entreprise ou intra-entreprise. A l’instar de Ouilive qui propose pour sa part des défis au bénéfice d’associations opérant dans le social ou l’environnement. « A titre d’exemple, nous organisons un challenge interentreprise en partenariat avec le Téléthon », précise Olivier Houyvet, le président et cofondateur de la startup Ouilive. Créée en 2020, cette startup d’une trentaine de collaborateurs délivre aux entreprises une plateforme digitale reliée à une application qui enregistre automatiquement les activités des participants au challenge. Par exemple, le nombre de pas effectués, de photos et vidéos réalisées ou encore de réponses aux quizz… Chaque fois que les participants atteignent un certain nombre de points, le score se transforme en euros abondés par l’employeur pour financer des opérations sociales ou environnementales.

Plus de 3 000 projets financés

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« Lorsque les projets sont porteurs de sens, cela améliore le climat social », estime Claire Vargel, directrice marketing de Teamstarter. © DR

Gageons que ce type d’initiative suscitera l’intérêt des collaborateurs. En effet, selon Audencia et jobs_that_makesense, la première plateforme d’offres d’emploi à impact, 92 % des salariés et étudiants ayant répondu à leur enquête s’interrogent sur le sens de leur activité. Pour 57 % des répondants, cette quête est liée à leur volonté de contribuer aux enjeux de la transition écologique et sociale. Et pour 53 % à leur besoin de se sentir utile. Voilà pourquoi, aider les collaborateurs à mener à bien un projet qui leur tient à cœur peut constituer un outil d’attractivité et de fidélisation des talents. « Lorsque les projets sont porteurs de sens, cela améliore le climat social », estime Claire Vargel, directrice marketing de Teamstarter. Née en 2019, la startup de 45 personnes fait partie des quelques 700 entreprises dites à impact social, environnemental et économique répertoriées par France Digitale et Bpifrance. Parmi lesquelles dix sont positionnées sur le « Mieux vivre en entreprise » à l’instar de Stopmarcel qui contribue à lutter contre le harcèlement, AUM Biosync qui fournit des applications en data-science dédiées aux équipes à horaires atypiques. Sans oublier Teamstarter qui s’apparente à un Kickstarter pour financer de manière participative des projets internes choisis par l’ensemble des salariés. « En trois ans d’existence, nous avons financé plus de 3 000 projets », rapporte Claire Vargel. Le principe est simple. Chaque mois, les collaborateurs disposent d’une cagnotte dans laquelle l’employeur met la somme de son choix, en général 10 euros, pour financer les projets qui ont remporté leur adhésion. « Pour les mettre en œuvre, nous accompagnons les porteurs de projet dans la création, la réalisation et la communication afin d’assurer le succès de l’opération. »

Lutte contre les RPS

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Holivia a été cofondée par Imad Wakidi (à gauche)et Jérome Crest(à droite.© DR

Autre axe de développement prometteur pour les startups, la lutte contre le désengagement des collaborateurs. Laquelle coûterait en moyenne 14 000 euros par an et par salarié. Comme le rappelle Anastasia Goldenberg, responsable marketing de Mindday. Cette startup d’une quinzaine de personnes cofondée par l’ancien fondateur de Sport Heroes a levé 2 millions d’euros pour sa solution qui vise à améliorer son application de bien-être au travail. L’entreprise s’est donnée pour objectif d’aider les salariés à améliorer leur bien-être mental. Différentes formules sont proposées dont l’accompagnement des salariés par des coachs et des psys ainsi qu’une application pour prévenir les risques psychosociaux (RPS). Cette problématique n’a jamais autant mobilisé les entreprises. Et pour cause ! « Les troubles liés à la santé mentale des salariés représentent la deuxième cause d’arrêts de travail longue durée en France » indique Jérôme Crest, cofondateur de Holivia, une startup créée en 2020 installée à Montpellier et Marseille. Victime d’un burn-out, ce dernier s’est engagé à déstigmatiser la santé mentale. Une idée qui séduit puisque la startup d’une quinzaine de personnes a levé cette année 2 millions d’euros. Ce qui lui permet d’accélérer le développement commercial de sa plateforme digitale qui aide les DRH à prendre soin de la santé mentale de leurs collaborateurs. Holivia agit sur différents axes. A commencer par l’accompagnement digital des collaborateurs par des experts psychologues, des programmes de soutien personnalisés pour gérer le stress par exemple, ainsi qu’un accompagnement collectif sous forme d’atelier pour ouvrir le dialogue au sein des organisations. Enfin, la startup fournit un outil de mesure qui collecte des informations pour personnaliser le parcours des collaborateurs. Il améliore également l’accompagnement des psychologues ou encore contribue à remonter des informations pour détecter des signaux faibles afin d’anticiper des situations à risque ou nourrir la réflexion sur le collectif.

Eliane Kan et Yenge Odjinkem

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