Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Les objets connectés sont-ils efficaces pour prévenir les TMS ?

Véritable fléau, les troubles musculosquelettiques ne sont pas une fatalité. Des solutions connectées permettent de les prévenir. A condition toutefois d'avoir une approche globale orientée performance et santé des salariés.

Avec l’allongement de la durée de vie au travail et le vieillissement de la population, les objets connectés pour prévenir les troubles musculosquelettiques (TMS) promettent de se développer dans les environnements de travail de demain. À l’instar de ces montres qui surveillent la fréquence cardiovasculaire des opérateurs, de ces robots bardés de capteurs pour détecter des postures contraignantes ou encore de ces fauteuils capables d’alerter l’utilisateur d’une assise prolongée… autant d’exemples d’objets connectés susceptibles d’attirer l’attention des employeurs qui veulent investir dans des solutions susceptibles de prévenir l’apparition de TMS. Premières maladies professionnelles en France avec 88% des cas, ces affections touchent particulièrement les articulations, muscles, nerfs et tendons.

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Les fauteuils connectés préviennent leurs utilisateurs qu’ils sont restés trop longtemps assis. © BMA

De multiples facteurs de risques

Contrairement aux idées reçues, les efforts et les postures contraignantes ou prolongées ne sont pas les seuls responsables de ces affections. « D’autres facteurs de risques interviennent dans l’apparition des TMS », fait remarquer Nicolas Bourdonneau, ergonome au sein de la Carsat Aquitaine. Par exemple, à charge de travail équivalente, les opérateurs novices exécutent par manque de savoir-faire des gestes plus nombreux que leurs collègues expérimentés (4 à 5 fois par exemple pour des préparateurs de commande en logistique). À ces facteurs de risques s’ajoutent ceux de l’environnement (froid, bruit) et de l’organisation du travail qui peuvent être aussi générateurs de risques psychosociaux (RPS). Notamment quand le poste génère une charge mentale élevée, lorsque les professionnels sont constamment sous pression ou lorsque la satisfaction du  »travail bien fait » est absente. Cela peut générer des  »flambées de TMS » dans les bureaux. En effet, lorsqu’une personne est soumise à des situations stressantes, elle génère des hormones telles que l’adrénaline ou des glucocorticoïdes. Le stress peut alors se transformer en maladie chronique favorisant les lésions au niveau des organes comme le cœur et les reins mais aussi les œdèmes autour des articulations, les fragilisant un peu plus. Voilà pourquoi, d’une manière générale Nicolas Bourdonneau encourage les entreprises à investir dans la qualité du travail au sens large afin d’accroître performance de l’entreprise la santé des salariés.

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En circulant dans l’entrepôt, ce robot analyse en temps réel les mouvements effectués par les opérateurs. © Aio

Un robot connecté pour identifier les postures contraignantes

Dans cette perspective, il apparaît opportun de s’intéresser aux objets connectés dédiés à la prévention des TMS. À l’exemple du robot Numii de la startup Aio ou de l’application Moovency (voir encadré). Deux solutions d’analyse des mouvements conçues pour identifier les postures et mouvements susceptibles de générer des TMS. « Aussi efficaces soient-ils, ces dispositifs sont susceptibles de poser des problèmes juridiques en entreprise dès lors que des données personnelles de santé deviennent accessibles à l’employeur ou publiques », met en garde l’ergonome de la Carsat. Ce dernier soulève aussi le problème de l’interprétation des données. Ce sont les médecins du travail qui s’en chargent. Et, en principe, ils devraient être consultés. Encore faudrait-il que ces professionnels de santé soient intégrés dans les protocoles de mise en place de ces outils en entreprise. « Le Code du travail prévoit déjà, par exemple, que la charge physique d’un employé collectée par un cardio-fréquencemètre doit se faire sous la responsabilité du médecin du travail, poursuit Nicolas Bourdonneau qui recommande de débattre débat des résultats obtenus par ces objets connectés. L’objectif étant d’analyser collectivement le travail et le contexte dans lequel il est réalisé afin d’organiser et d’aménager de nouveaux postes en se basant sur un protocole validé par les toutes parties prenantes. »

Eliane Kan

 

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Cette appli permet d’identifier les bonnes et mauvaises postures. © Moovency

Moovency s’apprête à lancer une application sur smartphone

Une simple application pour détecter les mauvaises postures, c’est ce que s’apprête à proposer à la fin septembre le français Moovency. L’entreprise compte une quinzaine de personnes dont quatre ergonomes. En 2020, cette startup s’est fait connaître dans le secteur de la santé au travail en remportant un grand  prix du concours I-lab organisé par le ministère de l’Education supérieure, de la Recherche et de l’Innovation. Cette distinction récompense sa solution qui permet de quantifier objectivement le risques de troubles musculosquelettiques (TMS) en se basant sur des images vidéo prises à l’aide d’une caméra Kinect de Microsoft.

Qui plus est, Moovency lancera cette application en téléchargement gratuit. Il suffira ensuite de filmer avec son smartphone un opérateur en situation. Une fois la vidéo réalisée elle devra être téléversée dans le logiciel d’analyse biomécanique de Moovency. À charge pour ce dernier de prendre différentes mesures. « Par exemple, l’angle des articulations, la position des membres par rapport au tronc, la charge transportée, etc. », explique François Morin, directeur général de l’entreprise. Une fois les images traitées, elles seront renvoyées à l’expéditeur. Ce dernier pourra visualiser les postures correctes identifiées avec des points verts et en rouge celles qui posent problèmes. L’entreprise pourra alors les faire interpréter par un ergonome ou tout autre professionnel de santé. « En effet, pour prévenir efficacement les TMS, il est nécessaire d’effectuer une analyse globale du poste et de l’organisation », rappelle François Morin dont l’entreprise souhaite mettre en place un réseau d’ergonomes auprès desquels s’adresser.

E.K.

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