Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

La formation prévention des risques sacrifiée au profit des formations métier

Le contenu des formations en sécurité pour les métiers du BTP est jugé positif mais leur organisation n'est pas satisfaisante, selon une enquête menée par plusieurs organismes professionnels du BTP. En outre, les résultats montrent plusieurs obstacles qui expliquent que la formation des salariés du BTP en prévention des risques demeure à la traîne.

Pour les entreprises artisanales du BTP, le poids des contraintes réglementaires et les obligations de compétitivité constituent des freins qui leur font privilégier les formations métier plutôt que celles qui sont dédiées à la sécurité. C’est du moins le résultat de l’enquête menée auprès de 1.453 chefs d’entreprises artisanales du BTP de 0 à 20 salariés. Parmi lesquels 261 patrons ayant suivi des formations en sécurité, sur la France entière, d’avril à juin 2015. « Cette nouvelle enquête permet d’identifier très clairement les enjeux et les contraintes des chefs d’entreprise en matière de formations en sécurité. », commente Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et de l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST). Lequel estime que la compétitivité des entreprises artisanales du bâtiment ne doit pas se faire au péril de la sécurité des artisans et de leurs salariés. « Nous devons créer les conditions favorables pour ne plus avoir à arbitrer entre compétences et sécurité ou entre activité et sécurité ! », recommande le dirigeant de la Capeb qui regroupe près de 351.000 entreprises employant moins de 20 salariés (soit 98% des entreprises du bâtiment).

L’enquête rendue publique le 24 février dernier a été réalisée à la demande de la Capeb, l’Iris-ST, l’OPPBTP et d’autres organismes*. Les résultats montrent que 68% des artisans participent à des formations pour répondre à des obligations réglementaires. 58% déclarent ne pas connaître l’ensemble des formations en sécurité qui sont obligatoires pour leur métier. Enfin, 69% des artisans considèrent que la charge de travail comme le principal obstacle aux formations sécurité. Dans ce contexte, la place réservée à ce type de formations est à la traîne. Elles bénéficient surtout aux salariés. Sur les deux dernières années, 60% des salariés ont participé au moins à une action de formation dont la moitié était consacrée à la sécurité.

Les obstacles à la formation.Ces stages ont bénéficié d’ailleurs d’un avis favorable. 93% des sondés estiment que le niveau était adéquat avec leur niveau et 87% avec leur activité. Les répondants désignent de nombreux obstacles à l’organisation et au suivi de formations sécurité. En outre, 49% mettent en cause le coût des formations, 30% l’incompatibilité des dates de formation avec l’activité de l’entreprise, 25% la durée des formations sécurité. Enfin, 22% pointent du doigt la localisation géographique du lieu de centre de formation, 16% le nombre de formations sécurité, 12% le nombre de formations appropriées et 2% le manque de visibilité sur les dispositifs de financement.

 A la lumière de ces résultats, cette enquête ouvre des pistes de réflexions sur l’optimisation de la prévention et de la sécurité. Il s’agit de mieux accompagner les entreprises artisanales dans leur stratégie de formation et de promouvoir la prévention comme un levier de performance pour l’entreprise. Cette enquête recommande d’inscrire les formations dans une stratégie globale de l’entreprise en intégrant systématiquement la prévention comme une compétence métier, en améliorant la connaissance des artisans en matière de formations obligatoires à la sécurité. Et en adaptant le contenu des formations prévention aux besoins et contraintes des entreprises artisanales du BTP. Pour gagner en efficacité et en sécurité, il est également essentiel de renforcer la présence de la prévention dans la formation des plus jeunes dans le cadre des formations initiales.

Eliane Kan 

* L’enquête a été réalisée à la demande de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), la Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST) et l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).

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