Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Gestion des catastrophes naturelles en France : le Cese nous livre ses pronostics

Alors que le monde a les yeux rivés sur la COP21 qui se déroule au Bourget, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) vient de publier son rapport sur la gestion des risques climatiques par les politiques publiques françaises. L’occasion de faire le point.

Depuis hier, la COP21 bat à plein régime dans notre capitale et au Bourget. Lieu de rassemblement des grands dirigeants du monde, mais aussi des filières multinationales, cet événement suivi de près par toute la communauté internationale, provoque des réactions déchaînées dans le monde entier. Accusations, sentiment d’injustice, espoir d’entrouvrir les portes d’un avenir plus vert, etc, des citoyens réagissent sur les réseaux sociaux mais aussi à l’occasion de marches qui ont été effectuées dans les capitales du monde entier. Dans ce contexte, la question des répercussions du réchauffement climatique induit par les activités humaines et industrielles sur l’environnement est plus que jamais d’actualité. Notamment parce qu’il semblerait que les catastrophes naturelles qui surviennent un peu partout dans le monde se font de plus en plus nombreuses et meurtrières.
Ce phénomène n’est pas sensé aller en s’améliorant dans le temps, si l’on ne se montre pas en mesure de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, qui sont à l’origine de l’aggravation du réchauffement climatique. Côté français, le Conseil économique social et environnemental (Cese) a choisi ce contexte pour publier au travers de la Délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques, un état des lieux sur notre gestion des risques. Il s’agit d’analyser les conséquences catastrophiques qui ont été engendrées par l’intensification des zones urbaines, la croissance économique et la croissance démographique. Mais aussi de prendre la température au niveau des politiques publiques de la gestion des risques.
Il faut savoir qu’en France, la conscience du risque existe peu, du fait que nous ne vivons pas sur une faille sismique, ni non plus près de la ligne de l’équateur, sujette à de nombreuses tempêtes dévastatrice. Cela dit, notre pays n’est pas non plus exempt de catastrophes naturelles. En témoignent les riverains de la côte d’Azur, qui ont subi, pas plus tard qu’en octobre dernier, des inondations ravageant leurs communes. Outre cette actualité, de nombreuses catastrophes naturelles qui menacent bel et bien notre pays : terrestres avec des mouvements de terrain, des séismes (plus rares), des avalanches et éruptions volcaniques. Climatiques avec des inondations, des phénomènes liés à l’atmosphère et au vent tels que les cyclones, la neige ou la foudre. Sans compter les menaces anthropiques comme la destruction du couvert végétal, l’imperméabilisation et l’artificialisation des sols dus à une urbanisation intensive.
Récemment, de nouveaux phénomènes liés aux changements climatiques ont fait leur apparition, à savoir les retraits et gonflements d’argile. Ce risque représente la menace qui sera la plus importante et la plus dévastatrice à l’avenir, au même titre que le réchauffement climatique. Il faut savoir que les terres sont maintenues depuis toujours par les racines de la végétation qui y siège, du coup, avec l’urbanisation en masse de certains territoires, ces terres ne sont plus retenues. Donc les sols peuvent gonfler, ou bien se retirer, et ils deviennent bien plus vulnérables aux inondations et glissements de terrain. Les fondations mêmes de nos infrastructures sont ainsi fragilisées : d’après le Cese, 60% de nos communes sont aujourd’hui menacées.
Pourtant parmi ces communes, seule la moitié d’entre elles aurait approuvé un Plan de prévention aux risques naturels (PPRN). Une lacune qui pourrait s’expliquer par le fait que les procédures d’approbation de ce plan s’avèrent extrêmement longues et complexes. « La culture du risque existe trop peu dans notre pays. A part chez les gens qui traversent des catastrophes de façon récurrente et qui l’ont donc intégrée », déplore Alain Feretti dans sa présentation du bilan du Cese, dont il est membre, et maire de Grambois (84). De plus, si nous possédons une des meilleures couvertures en termes d’assurance au monde, notamment en métropole où nous sommes couverts à 99%, seules 52% des personnes en bénéficieraient Outre-mer. Alors qu’il s’agit là de départements particulièrement exposés à des risques de grande ampleur.
Les politiques publiques ont du pain sur la planche avant de parvenir à prévenir ces catastrophes. Du coup, le Cese livre aussi ses recommandations afin d’enseigner aux communes non seulement à gérer mais aussi à prévenir les risques naturels. « Nous proposons quelques améliorations dans la politique agricole commune qui pourraient être de nature à préserver les écosystèmes. La déprise agricole ou la sur-urbanisation des sols qui avaient une vocation agricole sont aussi la source de catastrophes parfois meurtrières », évoque Alain Feretti. Ce qui pourrait passer par des interdictions de permis de construire dans les zones d’expansion des crues.
Il s’agirait notamment de pérenniser les financements de la gestion des catastrophes avec des fonds spécifiques ou abondements supplémentaires. Ou encore de mutualiser les capitaux au niveau européen. Quant à la prévention des risques, il faudrait sensibiliser les assurés au risque d’exposition en modulant les cotisations. Mais aussi faire approuver un PPRN prescrit dans un délai raisonnable et interdire, à titre conservatoire, la délivrance d’un permis de construire pendant ce délai. Autrement dit, mieux vaut prévenir que guérir…

Ségolène Kahn

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