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Santé et qualité de vie au travail

Fumées de soudage : l’Anses recommande au gouvernement de les classer cancérogènes

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande, dans un avis, de classer les travaux exposant aux fumées de soudage et aux fumées métalliques parmi la liste des substances, mélanges et procédés cancérogènes au sens du Code du travail.

Plus d’un demi-million de travailleurs serait potentiellement exposé à des fumées de soudage ou métalliques en France. Pour protéger ces métallurgistes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de publier un avis dans lequel elle recommande de classer les travaux exposant à ces fumées parmi la liste des substances, mélanges et procédés cancérogènes au sens du Code du travail.

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L’Anses alerte sur l’émanation de fumées métalliques durant les opérations de soudure. © V. Nguyen / INRS

2,1% des salariés français concernés

Publié le 14 avril 2022, le communiqué de l’Anses rappelle la dangerosité de ces fumées contenant des particules métalliques : une fois inhalées, elles sont susceptibles de provoquer des cancers broncho-pulmonaires et du larynx. De fait, selon l’étude Sumer, un organe de statistique de référence pour évaluer l’exposition des travailleurs aux risques chimiques, 528 000 personnes, soit 2,1% des salariés français, seraient exposés à ces fumées, dont une partie dans le secteur de la construction.  

Cancérigènes ou cancérogènes ?

Il faut savoir que ces émanations sont classées cancérigènes avérés, depuis 2018, par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) pour ce qui concerne le cancer du poumon. À la différence de l’Anses qui réclame qu’elles soient classées comme cancérogènes, une nuance subtile sachant que les substances « cancérogènes » favorisent l’apparition de cancers, alors que les substances « cancérigènes » favorisent quant à elles le développement des cancers.

140 procédés identifiés

Pour expliquer le choix d’une classification moins élevée, l’organisme admet que l’exposition professionnelle aux fumées est difficile à évaluer pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les travailleurs emploient souvent plusieurs techniques de soudage. Par ailleurs, selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), il existerait 140 procédés susceptibles d’émettre des fumées métalliques différents parmi lesquels le brasage fort, le gougeage, l’oxycoupage, la projection thermique ou encore le rechargement.

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Port d’un appareil de protection respiratoire durant une opération de soudure. © G. Maisonneuve / Inrs

De nombreux paramètres

De plus, la composition et la quantité de fumées émises par les procédés de soudage dépendent de très nombreux paramètres : types de procédés et d’électrodes mis en œuvre, composition des pièces à souder et des produits d’apport, paramètres de soudage (intensité, tension, débit et composition des gaz protecteurs…).

Des températures de fusion

Enfin, l’INRS rappelle que les procédés de soudure atteignent des températures très hautes, et que de fait, au moment du point de fusion, toutes les fumées émises s’avèrent potentiellement nocives pour les personnes susceptibles de les inhaler.  Du fait de l’impossibilité d’attribuer un risque de cancer à un seul type de procédé de soudage, l’Anses recommande donc au gouvernement de lister l’ensemble des travaux exposant aux fumées de soudage, ou aux fumées métalliques sur la liste des substances, mélanges ou procédés cancérogènes au sens du Code du travail. 

Sensibiliser les entreprises

Par conséquent, l’agence en appelle à la formation et à la sensibilisation des entreprises ainsi que de leurs employés aux risques. Sans oublier l’utilisation des procédés les moins émissifs possible. Il s’agit également de déterminer en amont la source des fumées et d’en surveiller les expositions. Enfin, les experts de l’Anses recommandent de réaliser une évaluation du risque de cancérogénicité au moins chaque année, de mettre en place un suivi des expositions professionnelles ainsi que d’informer et de former le personnel à l’utilisation de protections collectives et individuelles (EPI) adaptées. 

Ségolène Kahn

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