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Risques industriels et environnementaux

Earthcube veut démocratiser la télésurveillance environnementale des sites industriels et des zones protégées grâce à l'envoi de 10 nanosatellites

D'ici un à deux ans, cette startup embarquera à bord de 10 nanosatellites des caméras de haute précision dont la taille et le poids sont adaptés à ces nouveaux engins. Les images récupérées seront analysées par un logiciel qu'elle a développé elle-même et qui est capable de détecter des anomalies telles que des fuites de pétrole ou encore des mouvements de terrain.

Chaque année, les fuites de pétrole provenant des trois millions de kilomètres de pipe-line installés dans le monde coûteraient plusieurs milliard d’euros aux compagnies pétrolières. Sans compter les dégâts dans l’environnement. D’où l’intérêt de la solution Earthcube développée par une startup toulousaine. L’entreprise éponyme a été créée en 2016 par Arnaud Guérin président et CEO, ancien cadre d’Areva, et par Renaud Allioux, le directeur technique auparavant en charge de technologies d’imagerie pour l’observation de la terre chez Airbus Defence and Space. « Nous développons des services de surveillance satellitaire qui délivreront des images et des informations aisément compréhensibles afin d’identifier des anomalies sur des sites industriels difficilement accessibles ou très étendus ou sur des zones environnementales à risques », explique Renaud Allioux.

Un logiciel d’analyse qui recourt à des technologies de Big Data
Pour lancer cette offre prévue sur la période 2018-2019, Earthcube compte s’appuyer sur un réseau de 10 nanosatellites, à savoir des satellites de petites dimensions qui ne pèsent que quelques kilos, moins coûteux à produire et à lancer que les satellites conventionnels. Grâce à cette constellation, la startup pourra délivrer chaque jour une image de la terre. A bord de ses nanosatellites, l’entreprise prévoit d’embarquer ses propres caméras conçues en partenariat avec l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera). Plus petites et moins chères que celles qui sont jusqu’ici montées à bord des gros satellites, ces caméras embarqueront des capteurs infrarouges capables, en théorie, de mesurer la variation de la température avec une précision de l’ordre de moins d’une dizaine de degré. « Ce type de capteur issu du monde de l’électronique industrielle n’a encore jamais été utilisé pour des applications spatiales commerciales », fait valoir Renaud Allioux dont l’équipe de cinq personnes compte notamment deux ingénieurs en traitement d’images, sachant que l’entreprise a développé son propre logiciel de traitement et d’analyses d’images qui recourt à des technologies de Big Data. « Nous avons par exemple un algorithme qui détecte des mouvements de terrain, indique le directeur technique. Par ailleurs, notre logiciel est capable d’analyser tous types d’images provenant de caméras embarquées à bord de satellites ou sur des drones, etc. »
Jusqu’à présent, l’entreprise a financé ces développements sur fonds propres. Lauréate de plusieurs prix, elle a notamment reçu une subvention d’un million d’euros au titre d’un appel à projets thématique  »Projets industriels d’avenir » (Piave). De quoi poursuivre ses recherches avant de réaliser sa première levée de fonds. D’ici là, l’entreprise s’apprête à lancer un premier service de traitement d’images issues des satellites Sentinelles dédiés à l’observation de la Terre. De quoi permettre aux industriels et aux institutions de se familiariser avec sa technologie.

Eliane Kan

Avis d’un expert spécialisé dans le secteur pétrolier
« L’industrie pétrolière utilise déjà des satellites dans le cadre de la télédétection, par exemple pour repérer des suintements d’hydrocarbures en fond de mer dans le cadre de campagnes d’exploration. Pour la télésurveillance, le satellite est utilisé afin de repérer, entre autres,des fuites de pétrole en mer et des dérives de nappe. Mais le coût de réorientation de plusieurs satellites vers une zone donnée (c’est à dire des sites de plusieurs dizaines de kilomètres) est élevé. Par ailleurs, si l’imagerie satellitaire fonctionne bien pour l’huile, c’est plus difficile pour le gaz. De ce fait, on se tourne plutôt vers des capteurs plus classiques (pression, fibre optique) qui donneront une réponse dans l’instant pour moins cher »

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