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Dominique Legrand (AN2V) : « Des pistes de réflexion vers une tranquillité publique et privée généralisée »

A l’occasion du colloque baptisé « Nouveaux enjeux économiques et sociaux, évolution juridique, innovations technologiques : quels impacts sur la sécurité privée ? », qui aura lieu le 8 octobre, Dominique Legrand, président de l’AN2V présentera le livre blanc sur la télé-vidéosurveillance dont il a animé le groupe de travail.

Quel est votre rôle lors de cette rencontre ? 

J’interviens lors d’une table ronde qui aborde les liens entre innovations technologiques et évolutions juridiques. Les textes de lois adaptés à la délinquance et aux technologies d’hier ne conviennent plus aujourd’hui et nécessitent une évolution. Aujourd’hui, des cambrioleurs braquent des commerces à la Kalachnikov pour 10 malheureux euros. Nous attendons des révolutions juridiques majeures.

Lesquelles ? 

Nous souhaitons notamment revenir sur certains articles supprimés par Loppsi 2. Les utilisateurs privés n’ont pas le droit de poser des caméras sur la voie publique. Pour les législateurs, la force régalienne serait la seule garante de nos libertés individuelles. Je m’inscris en faux. Dans une petite bourgade, le policier municipal tutoie ses concitoyens. Lui seul a donc accès aux images de vidéo-surveillance impliquant des personnes qu’il connaît. Dans ce contexte, un télésurveilleur, dont le PC se situe à 400 km de là, n’est-il pas meilleure caution du respect de la vie privée ?

Quels sont vos autres combats ? 

Nous désirons que soit mieux appliquée la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014, autorisant l’installation de systèmes de vidéoprotection sur la voie publique pour protéger les commerces particulièrement exposés aux vols et aux agressions. Impossible pour une municipalité de surveiller tous les trottoirs devant les commerces de la ville ! Pour l’instant, le propriétaire a interdiction de visionner les images de voies publiques, seul un officier de police judiciaire y est habilité. C’est déjà une avancée pour l’élucidation des dossiers.

Quel est l’état des lieux du domaine de la sécurité privée ? 

L’inconscient collectif et la réglementation française ont peur de marier forces publiques et forces privées. C’est un tort. Avec ce livre blanc, remis à tous les membres du colloque, nous lançons des pistes de réflexion vers une tranquillité publique et privée généralisée. Par quoi passe-t-elle ? La profession doit se renouveler. Quel enfant rêve d’être « vigile », pour utiliser ce terme péjoratif ? Les agents de sécurité privée sont souvent au Smic, mal formés. L’objectif pour les entreprises est également de réussir à vendre un service plutôt que des agents. Cela implique bien sûr un effort d’investissement dans des technologies de pointe. Le temps de la télésurveillance avec sirènes hurlantes et capteurs de mouvements est révolu.

Vers quoi devrait tendre la télésurveillance à présent ? 

Il faut établir une distinction entre la vidéoprotection et la vidéo-élucidation. Protéger une personne signifie empêcher qu’un cambriolage ou qu’un braquage n’aient lieu, ou arrêter les délinquants en flagrant délit. Cela ne veut pas dire rechercher, a posteriori, les auteurs du crime. La télésurveillance doit devenir un dispositif à temps réel, hyper réactif, avec des logiciels perfectionnés, des opérateurs, de la géolocalisation, du partage de données, du comptage, du big data.

Propos recueillis par Caroline Albenois

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