Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Bilan des catastrophes naturelles depuis 15 ans en France

Depuis 2001, Ubyrisk Consultants, un cabinet spécialisé dans l’étude des risques naturels, a référencé, dans sa base de données ''Catnat'', 1.391 catastrophes naturelles survenues en France métropolitaine et dans les DOM. En tête, les événements d'origine atmosphériques.

D’après une étude publiée à l’occasion de son 15ème anniversaire, le cabinet Ubyrisk Consultants, référence dans sa base de données  »Catnat », pas moins de 1.391 événements naturels dommageables qui se sont produits en France métropolitaine et dans les DOM. Des catastrophes qui ont causé la mort directe ou indirecte de 25.193 personnes et ont coûté plus de 27 milliards d’euros sur la période 2001-2015. Du point de vu des conséquences humaines, les canicules, et en particulier celle de l’été 2003, restent les événements les plus mortifères avec près de 23.000 victimes. Si l’on considère les événements les plus dommageables d’un point de vu matériel, les tempêtes Klaus de janvier 2009 et Xynthia en février 2010 arrivent en tête avec des coûts respectifs de 4,7 et 3,6 milliards d’euros. Surprise : par rapport à la période 1986-2000, les événements enregistrés ces 15 dernières années font apparaître une augmentation très modérée de leur fréquence et une baisse de celle des événements graves ainsi qu’une réduction de leur gravité globale moyenne (cumul des gravités humaines et matérielles). Mais également une hausse de leurs conséquences économiques.

Événement météorologiques en tête. Depuis 2001, on enregistre une moyenne de 92 catastrophes naturelles en France et dans les DOM. Avec 132 événements recensés, 2003 est l’année la plus sinistrée suivie par 2001 (113 événements). Tandis que l’année 2008 a été la plus épargnée (69 sinistres). 47% des événements naturels dommageables enregistrés entre 2001 et 2015 sont d’origine météorologique : tempêtes, cyclones, intempéries, tornades orages, grêle, neige… Et 30,6% sont d’origine climatique (incendies de forêt, sécheresse, canicule, vague de froid). Quant aux événements d’origine hydrologique (inondations), ils ne sont que de 15,5%. tandis que les événements d’origine géologique (séismes, éruptions ou mouvements de terrain) ne pèsent que 6,8%. Notre pays est donc sensiblement exposé aux risques d’origine atmosphérique. La part de ces types d’aléas y est presque deux fois plus importante qu’à l’échelle mondiale. En termes de fréquence de typologie d’aléa, les incendies de forêt constituent le risque naturel le plus fréquent (27% des événements), suivis par les inondations (16,4% des occurrences) et enfin les orages (14,5% des événements) et les avalanches (14% des événements).

Deux pics : l’été et l’hiver. Pour leur part, les statistiques mondiales montrent un net accroissement du nombre de catastrophes au cours des 15 dernières années. En revanche, cette tendance ne se retrouve pas en France où le nombre d’événements annuel reste assez stable avec une croissance modérée de l’ordre de 4% sur la période. Néanmoins, si l’on compare les 15 dernières années aux 15 précédentes (1986-2000), on constate au contraire une stagnation du nombre global d’événements et une baisse de l’ordre de 8% des événements notables (faisant des victimes et causant des dommages d’ampleur au moins régionale). On ne peut donc pas conclure à une augmentation franche du nombre de catastrophes naturelles dans notre pays au cours des 30 dernières années. Quant à la répartition mensuelle moyenne des événements, elle révèle deux pics d’événements, l’un centré sur été et l’autre au mois de janvier. Le pic hivernal s’explique par le fait que les événements les plus fréquents (inondations et avalanches) surviennent préférentiellement en hiver dans notre pays. Le pic estival s’explique par le fait que ces mois concentrent la majorité des incendies de forêt et des orages. Pour sa part, l’analyse de la répartition spatiale des événements montre une forte concentration dans le tiers sud du pays où se concentrent 50% des événements recensés entre 2001 et 2015.

Les canicules sont les plus mortifères. Autre tendance, les événements sont majoritairement moins graves, moins coûteux mais affichent un bilan humain élevé. En effet, 92% des événements recensés appartiennent aux deux échelons inférieurs (sur 6) de la grille de caractérisation d’Ubyrisk Consultants (faisant moins de 5 victimes ou blessés et ayant des conséquences matérielles au maximum régionales). A l’échelle mondiale, cette part atteint 69%. Les événements survenant en France sont donc généralement moins graves que ceux survenant à l’échelle globale. Puis, la gravité moyenne annuelle des événements connaît une importante variation interannuelle. Cependant, sur la période étudiée, le niveau de gravité moyen des événements ne s’est pas accru. Bien au contraire, il est en diminution depuis 2008. Rappelons que les catastrophes naturelles ont fait 25.193 victimes en France et dans les DOM. Particulièrement élevé, ce chiffre s’explique principalement par la canicule de l’été 2003 (voir plus haut). Hors canicules, le nombre moyen de victimes des catastrophes naturelles s’établit à 59 par an avec un pic de mortalité se concentrant sur les mois d’hiver (janvier et février notamment). Même en excluant la canicule de 2003, qui représente à elle seule plus de 96% des victimes de la période, les canicules restent les événements les plus mortifères (4.822 morts soit 84,5% des victimes) puis viennent les avalanches avec 288 morts, soit 5,1% des victimes. Les inondations arrivent en 3ème position avec 201 morts (3,5% du total) suivies par les tempêtes qui ont causé la mort de 119 personnes (2,1% du total).

1,81 milliard d’euros par an. Entre 2001 et 2015, le coût total des dommages liés aux catastrophes naturelles est estimé à 27,2 milliards d’euros. Le coût annuel moyen des dommages liés aux catastrophes naturelles s’élève donc au minimum à 1,81 milliard d’euros. Ce chiffre élevé cache cependant de fortes disparités interannuelles puisqu’il existe un facteur 6 entre l’année la moins coûteuse (2012) et la plus coûteuse (2003). La quasi-totalité des préjudices économiques liés aux catastrophes naturelles sont le fait d’événements d’origine atmosphérique (hydrologiques, climatique ou météorologiques). En effet, les tempêtes tempérées représentent le risque naturel le plus onéreux avec plus de 39% des coûts de la période considérée, suivies de près par les inondations (35% des coûts) et les canicules (16% des coûts).

Coûts en hausse. Enfin, si l’on ne considère que les dommages assurés, la période étudiée montre une augmentation sensible (14%) des coûts par rapport aux 15 années précédentes. Entre 1986 et 2000, le coût des dommages assurés liés aux aléas naturels s’est élevé à 18,3 milliards d’euros contre 21,3 milliards d’euros pour la période 2001-2015. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation du coût unitaire moyen des sinistres liés à des événements naturels liée à l’augmentation de la valeur des biens impactés.

Réchauffement global ? Depuis un siècle, la France connaît un réchauffement de sa température moyenne (de l’ordre de 1,2°C en moyenne sur les 100 dernières années). Depuis plusieurs années déjà il est d’usage, à chaque catastrophe naturelle d’origine atmosphérique, d’incriminer le réchauffement climatique global. Et ce, tant pour des événements survenant dans notre pays que dans le reste du monde. Le changement climatique est également désigné comme responsable direct de l’augmentation apparente de la fréquence des événements. Mais qu’en est-il vraiment au regard de la réalité des chiffres ? En réalité, on constate une augmentation modérée des catastrophes naturelles de l’ordre de 4% sur la période. Celle-ci est surtout le fait de la multiplication des événements de petite intensité. En effet, si l’on ne considère que les événements de niveau 2, on constate une baisse de la fréquence des événements (de l’ordre de 3% sur la période). Il y a donc un peu plus d’événement mais cette augmentation est davantage à rechercher dans la démultiplication des petits événements plus que dans un nombre accru de catastrophes naturelles de forte intensité.

Erick Haehnsen

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