Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Enquête exclusive : les enjeux des Directeurs de Sécurité en 2010

Si les grandes tendances constatées en 2008 demeurent. D’autres préoccupations apparaissent…

Pour la seconde fois, le Club des Directeurs de Sécurité d’Entreprises (CDSE) a réalisé une enquête sur les enjeux des directeurs de sécurité d’entreprise pour l’année 2010. Comme dans la précédente enquête menée en 2008, tous les secteurs d’activité sont représentés. L’étude porte principalement sur des entreprises du SB 120 (les 120 sociétés qui constituent l’indice SB 120, soit les 120 premières valeurs de la Bourse de Paris). Quatre-vingts directeurs de sécurité ont répondu à ce sondage. Principaux enseignements…

Occurrences des enjeux soulignés  par les directeurs sécurité *

* Plusieurs réponses possibles.

– La sécurité des salariés à l’étranger : 63 % (78 % en 2008)

– La mise en place d’outils de protection de l’information : 56,80 % (30 %)

– La gestion de crise : 47,70 % (74 %)

– Les plans de continuité d’activité : 45,50 %

– L’évaluation des risques : 41 %

– La fraude interne : 34,1 % (15 %)

– La restructuration du service interne de sécurité : 34,1 %

– La normalisation de l’entreprise en matière de sécurité : 25 %

– La mise en place d’une politique d’intelligence économique : 25 %

– La redéfinition des contrats de sous-traitance : 22 %

– La mise en place de technologies de sécurisation de bâtiments : 18,2 %

– Les risques psychosociaux * : 4,5 %

– Les mouvements sociaux * : 2,3 %

– La lutte contre la contrefaçon * : 2,3 %

– La sécurisation des transports de marchandises * : 2,3 %

 

 > A noter que les occurrences suivies d’un * ont été citées spontanément par les directeurs ayant répondu à l’enquête et ne figuraient pas dans les onze réponses qui leur étaient proposées.

En 2008, les réponses spontanées étaient les suivantes : fraude pour 15 % des réponses et la SSI à raison de 30 %.

La sécurité des salariés à l’étranger, principale préoccupation des DSE dans les grands groupes

Les entreprises présentes sur l’ensemble des continents voient leurs salariés confrontés à un grand nombre de menaces. Terrorisme, guerres civiles, criminalité, etc. Autant de préoccupations pour les directeurs de sécurité dont l’une des missions principales reste d’assurer la sécurité des personnels hors de nos frontières.

La montée du terrorisme depuis les événements du 11 septembre 2001, l’instabilité politique grandissante de certaines régions du globe, les obligations juridiques découlant de la jurisprudence de 2004 dite « Karachi » sont autant d’explications qui font que pour 63 % des directeurs de sécurité interrogés dans l’enquête, la sécurité des salariés à l’étranger est la préoccupation principale. Il en était de même en 2008 : 78 % des directeurs de sécurité interrogés considéraient les risques relatifs à la mobilité comme l’enjeu principal.

Entre réduction des coûts et préoccupations émergentes

> La sécurisation des bâtiments n’est une préoccupation que pour 18,2 % des directeurs de sécurité interrogés en 2010. Dans un contexte de réduction des coûts, la mise en place de ces outils, souvent onéreux, ne semble donc pas  être considérée comme une priorité. Par ailleurs, une étude réalisée par le CDSE en 20081, relative à la généralisation supposée de l’utilisation d’outils biométriques dans les entreprises, tendait à démontrer que ces dispositifs « high-tech » ne semblaient pas encore pouvoir vraiment se conjuguer avec les besoins ressentis des directeurs de sécurité. En effet, l’efficacité de ces systèmes serait encore discutable, les contraintes juridiques excessives et les coûts de mise en place encore beaucoup trop élevés.

> Les risques à connotation sociale ont été mentionnés spontanément par moins de 10 % des directeurs de sécurité interrogés. Dans un contexte de crise, la dérive des mouvements sociaux, mais aussi les questions relatives aux risques psychosociaux, apparaissent comme des préoccupations émergentes.

La mise en place nécessaire d’outils de protection de l’information

En 2008 la question de la protection de l’information  n’était pas un enjeu majeur pour bon nombre des directeurs sécurité interrogés. Seuls les secteurs de la finance et des assurances semblaient  considérer cette question comme essentielle. En 2010, 56,8 % des directeurs de sécurité interrogés considèrent cet enjeu comme important.

Les nouveaux outils de communication sont désormais indispensables aux  entreprises. Les données sont de plus en plus virtuelles et circulent sur internet via « smart phones » et ordinateurs portables. La formation des salariés à l’utilisation sécurisée de ces outils et le recours à des dispositifs techniques de protection adéquats sont désormais indispensables aux entreprises. En effet, entre 2008 et 2009, 39 % des entreprises ont pu constater une intrusion dans leurs systèmes d’information2 et ce chiffre ne cesse d’augmenter…

Gérer les crises et les évaluer

Dans un environnement mondial incertain sur les plans économique, social et politique, les entreprises ont pris conscience qu’il était indispensable de développer de bons outils de gestion de crise (veille, alerte, dispositif de crise, etc.). Ainsi, la gestion de crise préoccupe 47,7 % des directeurs de sécurité interrogés en 2010, tandis que 45,5 % et 41 % d’entre eux accordent un intérêt particulier à la question des PCA (plan de continuité) et de l’évaluation des risques.

En 2009, la menace de la pandémie grippale a permis d’actualiser les outils de gestion de crise des entreprises, voire de les tester. Aussi, pour l’année 2010, cette question s’inscrit dans un processus d’amélioration continue et de mise à jour des instruments.

A noter

> La restructuration des services internes de sécurité

Les conséquences de la crise financière sont importantes pour les services de sécurité des entreprises : les budgets ont été revus à la baisse (dans certaines entreprises, cette réduction peut atteindre 20 %). Ainsi, la restructuration et la redéfinition des services de sécurité sont nécessaires dans de nombreuses entreprises. 34,1 % des directeurs de sécurité interrogés dans cette étude
considèrent cette question comme essentielle pour l’année 2010.

> La normalisation de l’entreprise en matière de sécurité est considérée  comme un enjeu pour 25 % des directeurs de sécurité en 2010. Peu à peu, les  entreprises cherchent à mettre en conformité leurs activités avec un certain  nombre de normes et de standards (ISO 27001, etc.).

> La mise en place d’une politique d’intelligence économique constitue une  préoccupation pour seulement 25 % des directeurs de sécurité interrogés. Ce faible score s’explique peut-être par le fait que peu de directeurs sécurité ont en charge cette question. Une précédente enquête réalisée par le CDSE tendait à démontrer que seuls 48 % des directeurs de  sécurité étaient en charge de cette question *.

> La redéfinition des contrats de sous-traitance concerne 22,7 % des directeurs de sécurité interrogés en 2010. Dans certains secteurs, comme celui de la grande distribution, la mise en place du CQP (Certificat de Qualification Professionnelle, décret du 6 août 2007) et les mutations du marché de la sécurité humaine sont une préoccupation majeure.

* Etude CDSE : « La fonction sécurité en entreprise et son évolution », janvier  2010.

La fraude interne : une question de plus en plus cruciale

En 2008, la question des fraudes internes n’était un enjeu que pour 16 % des directeurs de sécurité interrogés. En 2010, ils sont 34,1 % à considérer cette question comme cruciale. Les risques déjà élevés de fraudes internes ont augmenté avec la crise financière (40 % des entreprises seraient touchées selon une étude parue en novembre 20093). Cette fraude, avant tout comptable, représente un coût très important pour les entreprises : dans un quart des fraudes constatées, le préjudice dépasse le million d’euros.

Notes :

1. Etude CDSE : « Biométrie : enquête sur la généralisation supposée d’une technologie de sécurité », novembre 2008.

2. P.Very, B.Monnet & O. Hassid; Enquête Edhec-CDSE : Panorama 2008-2009 des crimes commis contre les entreprises, Revue Sécurité & Stratégie n°3, mars 2010.

3. « Etude 2009 sur la fraude dans les entreprises en temps de crise », PricewaterhouseCopper, novembre 2009.

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