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Sûreté et sécurité

Alexandre Fousse (CJCS) : « Le passage à l’acte des personnes lambda complexifie la gestion du risque »

Interview du vice-président du Club des jeunes cadres en sûreté (CJCS). Alexandre Fousse nous dresse le bilan de l’année 2020 et esquisse les projets pour 2021, sous la présidence de Laure Tourez, la présidente élue en novembre dernier.

Quel bilan dressez-vous de l’année 2020 pour le CJCS ?

Cette année 2020 a été bien singulière ! Certes, nous avons pu maintenir notre présence à quelques événements. Notamment au travers de notre stand durant les Universités de l’AN2V (1). Lesquelles se sont déroulées avant le premier confinement lié à la Covid-19. Cependant, nous n’avons pas été en mesure par la suite d’amener nombre d’entre eux à leur terme. En particulier, les ateliers qui devaient s’effectuer en présentiel. Cela nous a fortement impactés.

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Alexandre Fousse est vice-président du Club des jeunes cadres en sûreté (CJCS). © CJCS

De quelle manière ?

Comme lors des attentats de 2015, nos membres se sont concentrés sur leur entreprise et le management de la crise. Mécaniquement, le nombre de nos membres a été divisé par deux (50 membres en 2020 contre 100 en 2019). Pour autant, il s’agit d’une situation conjoncturelle. Nous allons y répondre part une nouvelle campagne de recrutement. Un bon signe : nous assistons depuis mars 2020 à un doublement des demandes pour rejoindre notre compte LinkedIn. À terme, nous devrions retrouver nos 100 membres.

Sur le fond, qu’est-ce que la pandémie a changé en matière de sécurité ?

Nous avons pris connaissance de pas mal d’études sur les répercussions psychologiques, sociales et économiques de la crise. Nous nous sommes ainsi rendus compte que les malveillances internes se développaient. Et pas seulement dans la grande distribution. En clair, ce phénomène est en train de se diffuser globalement. En effet, avec la crise induite par la pandémie, nous prévoyons la disparition silencieuse de 100 000 à 150 000 entreprises en 2021. Essentiellement des TPE et PME. Conséquence : la notion de la valeur travail perd de son sens. Ce qui entraîne un développement de la radicalité.

Qu’entendez-vous par ‘‘radicalité’’ ?

Dans notre contexte, la radicalité s’entend comme une pensée qui ne tolère plus aucune exception. Et qui se manifeste par un comportement séditieux vis-à-vis du gouvernement, des entreprises et aux autres organisations. Concrètement nous redoutons la recrudescence des passages à l’acte des « Monsieur et Madame tout le monde ». Lesquels peuvent devenir rapidement des activistes écologiques ou anti-nucléaire, des antispécistes, anticapitalistes, anti-frontières, pro-séparatistes. Leur passage à l’acte se matérialise par l’extraction des données sensibles d’un groupe pétrolier vers des groupes d’activistes. Ou par le détournement de fonds au profit de groupuscules anti-mondialisation. Autre exemple : le partage à distance des accès aux applications métiers d’un groupe pharmaceutique.

Ces comportements ne sont pas nouveaux…

Non mais le scénario impliquant des « Insiders » se banalise en raison de la liberté d’action que procure le télétravail. Ainsi que de la disparition de la surveillance et de la régulation naturelle du groupe. Autrefois le passage à l’acte était le fruit de profils spécifiques, particuliers. Dorénavant, le passage à l’acte peut surgir de n’importe qui. Même des personnes qui, jusqu’ici, étaient bien insérées dans leur milieu professionnel, bien notées et plutôt favorisées peuvent basculer. La gestion des risques va être particulièrement complexifiée.

La présidence du CJCS a été renouvelée récemment, n’est-ce pas ?

En effet, Laure Tourez, chargée de mission ‘‘prévention-citoyenneté’’ au sein de la ville de Villefranche-sur-Saône (Rhône), a été élue présidente du CJCS. Non pas parce que c’est une femme mais en raison de ses compétences. En effet, elle avait créé, animé et développé l’antenne lyonnaise. Nous avons tous adhéré à son projet.

Justement, quels sont les projets du club pour 2021 ?

Nous allons poursuivre la trajectoire imaginée par Jérôme Laurent et développée par Jonathan Schifano. Lequel a accepté d’être président d’honneur. Nous comptons développer un CJCS 3.0 qui s’appuiera sur deux piliers. D’un côté, le continuum intergénérationnel pour assurer la transmission du savoir-faire et du savoir-être. De l’autre, le désilotage et la convergence des métiers vers une approche globale de la sécurité. Le CJCS, c’est avant tout des responsables sûreté, directeurs sûreté, responsables achats, responsables de services généraux, consultant sûreté et cybersécurité. Sans oublier les fournisseurs de solutions, les entreprises de sécurité privée, les intégrateurs, les avocats. Ainsi que les assureurs spécialisés en sûreté et cybersécurité.

Quelles seront vos actions ?

Tout d’abord, nous allons enclencher une démarche pour renouveler notre identité. Dans cette perspective, nous y associerons nos membres et les futurs adhérents. Ainsi que des partenaires de la sécurité globale. Nous envisageons de changer le nom pour mieux coller à l’ADN du club et à la diversité de nos membres. Par ailleurs, la plateforme AssoConnect est en train de remplacer notre site internet. En effet, celle-ci permet d’organiser des événements et gérer les campagnes pour recruter des membres. Surtout, 2021 sera l’année des webinaires. Pour mars-avril-mai, nous en prévoyons déjà deux. Le premier sur la radicalité et le passage à l’acte avec des neurocogniticiens, profilers et DRH. Le second sur l’hypervision et IA au service de la sûreté dans les villes et les territoires.

Allez-vous renouveler votre offre de service ?

Nous allons l’enrichir. Pour des petits groupes de membres, nous organiserons des rencontres avec des experts métiers. Par exemple des neurocogniticiens ou des responsables de centres de supervision urbaine. Ou encore des responsables de services d’investigation dans la grande distribution. Voire le directeur d’une entreprise spécialisée dans la cyberassurance. Quand nous envisageons la sécurité globale, nous voyons la multitude de causes et autant de moyens de maîtriser les risques. Pour cette partie de notre offre de service, nous prenons modèle sur l’influent Cercle K2. Ainsi que sur ses rencontres privilégiées entre professionnels évoluant en apparence dans différents mondes finalement pas si éloignés.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

(1) Association nationale pour la vidéoprotection

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