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Vols de drones au-dessus des centrales nucléaires françaises : Greenpeace dénonce le manque de sécurité

Selon l'organisation écologiste, pas moins de 30 survols par des drones ont eu lieu depuis le 14 septembre au-dessus de 19 sites nucléaires français. Si ces vols violent les interdictions, les autorités ont été incapables de les anticiper, de les détecter, de les prévenir et d'en identifier les responsables.

Depuis le 14 septembre dernier, 19 sites nucléaires français, dont 14 centrales nucléaires exploitées par EDF, ont été survolés illégalement par des drones. Les motivations et objectifs de leurs auteurs restent encore inconnus à ce jour. En revanche, ces drones violent de façon flagrante l’interdiction d’accès à l’espace aérien au-dessus et à proximité des centrales nucléaires. À ce jour, EDF et les autorités nationales de sûreté et de sécurité nucléaires se sont avérées incapables d’anticiper, de détecter et d’empêcher ces survols ainsi que d’en identifier les responsables. Dans ce contexte, Greenpeace a sollicité John Large, expert britannique en matière de sécurité nucléaire, afin d’établir un rapport détaillé sur les risques que font peser les drones sur des centrales françaises vulnérables.
A l’occasion de son audition par les parlementaires de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), Greenpeace vient de remettre ce rapport aux autorités publiques (Direction de l’ASN, de l’IRSN, ministère du Développement Durable, Matignon, ministère de l’Intérieur et OPECST). Ce document n’est pas rendu public car Greenpeace « souhaite éviter que des informations sensibles puissent être facilement accessibles à des personnes mal intentionnées. »
Nombre des survols en question ont eu lieu pendant la nuit, manifestement pour échapper à la vigilance des équipes humaines de sécurité. Mais ils se sont aussi avérés extrêmement difficiles à détecter par les équipements de surveillance installés sur les sites nucléaires, puis par les systèmes militaires avancés mis en place sur certaines installations. De toute évidence, les drones se jouent très facilement des lignes de défense des centrales. C’est ce que montre ce rapport et nous espérons qu’en le remettant aux autorités, cela provoquera chez elles un changement d’attitude qui soit à la hauteur de cette nouvelle menace.
Cette situation est une préoccupation pour les Commissions locales d’information (CLI), pour les élus locaux, les associations et les citoyens… Elle n’a que trop duré et appelle une action rapide et responsable de la part des pouvoirs publics. En tout premier lieu, un renforcement des compétences de l’ASN doit être décidé, afin de lui confier la mission de veiller à la robustesse des installations nucléaires aux actes de malveillance. De plus, un effort prioritaire et urgent doit être fourni pour réduire la vulnérabilité des piscines de désactivation des centrales d’EDF : réduction du volume de combustibles entreposés dans ces piscines, qui doit être limité aux seuls combustibles déchargés pendant le temps nécessaire à leur refroidissement avant tout transfert. Et renforcement des dispositifs de sûreté concernant les piscines de désactivation avec notamment la “bunkerisation” de l’enceinte des bâtiments, aujourd’hui trop légère pour résister. Enfin, l’intégration par EDF des recommandations de l’ASN pour protéger les centrales contre l’ensemble des agressions externes, y compris malveillantes, doit intervenir dans les meilleurs délais.

Erick Haehnsen

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