Gérer les risques
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Risques industriels et environnementaux

Un inventeur autodidacte à l'assaut de la santé au travail

Pour Henri Vouters, il n'y a pas de mauvais réflexe qui tienne. Cet auto-entrepeneur vient de mettre au point un dispositif sonore qui alerte les manutentionnaires lorsqu’ils sont en train d’adopter une mauvaise posture.

Hernies discales, lumbagos, sciatiques sont autant de troubles musculo-squelettiques (TMS) que l’on recense chez les salariés qui adoptent de mauvaises postures. En ce qui concerne les manutentionnaires, le mauvais réflexe typique consiste à courber le dos pour ramasser des objets. Un problème que connaît bien Henri Vouters, autoentrepreneur et chef de quai principal chez Geodis pour le compte du CEA Phénix dont il dirige une équipe de manutention depuis sept ans : « A Marcoule (30), le site nucléaire sur lequel je travaille, j’ai toujours été soucieux de la sécurité et de la santé de mes collaborateurs. C’est indirectement ce qui m’a amené à mettre au point un dispositif pour prévenir le manutentionnaire dès qu’il effectue un geste préjudiciable à son dos. »

Protéger le dos par signal sonore. C’est ainsi que, dans son garage réaménagé en atelier, ce responsable d’équipes a mis au point, jour après jour et seul, son Alarme de posture inadaptée (API). Collé à l’aide de bandes velcro dans le dos d’une combinaison de travail ou intégré à un gilet, ce mécanisme prévient par un signal sonore son utilisateur dès qu’il penche son buste trop en avant. C’est-à-dire jusqu’à former un angle approchant 60° par rapport à ses jambes. Le but étant de rappeler qu’il vaut mieux fléchir les genoux afin de préserver son dos. Pour fabriquer son dispositif, Henri Vouters a commencé par « bricoler avec les moyens du bord ». Le chef de quai s’attachant à le tester d’abord sur lui même. Peu à peu, il perfectionne sa technologie et la miniaturise. « Mon procédé comporte un détecteur d’inclinaison qui fonctionne grâce à une bille. Si la personne se penche avec un degré trop élevé, la bille roule sur une lamelle. Et celle-ci actionne un buzzer. A savoir un petit haut-parleur qui émet un signal sonore. »

Étendre le marché. Déconcertante de pragmatisme, cette invention à fait l’objet d’un dépôt de brevet fin 2013 et bénéficie depuis quelques jours d’une boutique électronique hébergée chez l’éditeur Oxatis (www.api-attitude.oxatis.com). De quoi démarrer la vente à la commande. Car Henri Vouters ne souhaite pas se limiter au seul secteur de la manutention : « Je songe notamment aux personnes qui travaillent dans des bureaux. Je suis prêt à étudier toute demande particulière. »

Financement d’une pré-série. D’ores et déjà, le logisticien Geodis a participé aux essais grandeur nature pour tester l’API et l’utilisera sur un site pilote dès février 2014. « Geodis n’est pas la seule entreprise à figurer parmi mes futurs clients, des propositions me viennent aussi du site pétrochimique de Lavera dans les Bouches-du-Rhône (13), du groupe de logistique Onet, ou encore du leader des services énergétiques Balkia », se réjouit l’auto-entrepreneur. A l’avenir, Henri Vouters souhaiterait surfer sur la vague du ‘‘Quantified-self’’ et de la ‘‘santé connectée’’ qui font fureur ces temps-ci au Consumer Electronic Show de Las Vegas. En connectant chaque appareil à un système informatique, il serait ainsi possible de quantifier les données, comme par exemple, le nombre de déclenchements d’alertes, les progrès effectués… Des perspectives alléchantes, sachant qu’en 7 ans aucun membre de l’équipe d’Henri Vouters n’a eu à se plaindre de mal de dos. Quant aux prix de l’API, ils vont de 37 euros pour le dispositif seul à 45 euros en version gilet grande taille.

Ségolène Haehnsen

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