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Sûreté aéroportuaire : « La France se montrera prudente sur la généralisation des body scanners »

Éric Plaisant, sous-directeur Sûreté Défense à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et la Direction du transport aérien (DTA).

Info.expoprotection.com : À quelles nouvelles menaces les aéroports doivent-ils faire face ?

Éric Plaisant : « Les événements récents montrent que l’imagination des terroristes se déplacent vers de nouvelles techniques et de nouveaux dispositifs. À titre d’exemple, le recours à des imprimantes piégées transportées par des avions cargo montre qu’ils ont identifié une vulnérabilité dans la protection du fret aérien. Néanmoins, cette menace a été déjouée, cette fois, grâce aux services de renseignements, ce qui tend à démontrer l’efficacité de nos procédures de sûreté aériennes basées sur une approche multicouche, ou encore de « défense en profondeur ». Cela signifie que la sûreté aérienne n’est pas basée sur une seule ligne de défense, mais bien sur plusieurs niveaux, plusieurs couches, indépendantes les unes des autres, et qui font « système ». »

 

Info.expoprotection.com : Quelles nouvelles mesures l’Union européenne envisage-t-elle de prendre pour sécuriser davantage le fret aérien ?

Éric Plaisant : « Sous l’égide de la commission européenne, un plan européen de sécurisation du fret va être proposé afin d’améliorer la sécurité et le contrôle du fret. Cette procédure peut être effectuée au pied de l’appareil ou en amont, tout le long de la chaîne de confiance qui démarre chez les « chargeurs connus » et les agents habilités au transporteur. Par ailleurs, le contrôle de l’État sera renforcé. Néanmoins, la France sera moins impactée que d’autres pays par d’éventuelles dispositions nouvelles car notre réglementation nationale est, depuis plusieurs années, très en avance sur ce sujet. »

 

Info.expoprotection.com : Au niveau de la sécurité des passagers, comment les aéroports français se situent-ils par rapport à leurs voisins européens ?

Éric Plaisant : « Les niveaux de sûreté des grands aéroports européens sont, globalement, équivalents et sont soumis au contrôle très serré de la Commission européenne. Le constat de disparités importantes remettrait en cause le filtrage unique dont bénéficient aujourd’hui les passagers en transit dans des aéroports européens. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec les États-Unis afin de faire reconnaître ce concept et éviter ainsi aux passagers en transit des contrôles multiples et, finalement, injustifiés. »

 

Info.expoprotection.com : Les body scanners qui connaissent un fort développement aux États-Unis vont-ils se généraliser en France ? Et quels enseignements retirez-vous de l’expérimentation qui a eu lieu à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle ?

Éric Plaisant : « À la différences des Américains, nous avons décidé d’être prudents sur la généralisation des body scanners. Nous avons demandé à certains organismes comme l’IRSN, l’Apave et l’Afsset des études sur l’innocuité de ces appareils au plan de la santé. Nous avons par ailleurs fixé un ensemble de normes drastiques, en accord avec la Cnil, pour protéger l’intégrité corporelle des passagers avant d’installer un démonstrateur à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Il s’agissait d’un portail à ondes millimétriques prêté par L-3 Communication. Au terme de l’expérimentation, cette technologie nous paraît extrêmement prometteuse car elle n’a pas d’impact sur la santé des passagers ni sur la vie privée des passagers. En revanche, en mode tout automatique, le logiciel génère encore trop de fausses alarmes, ce qui entrave la fluidité aux PIF. »

 

Info.expoprotection.com : Comptez-vous renouveler l’expérience ?

Éric Plaisant : « La loi Lopsi 2 (loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure) va introduire des modifications au code de l’aviation civile. Elles vont nous permettre de faire de nouvelles expérimentations. Nous pourrions par exemple implanter au niveau d’un PIF un détecteur corporel en lieu et place d’un détecteur métallique ou de la fouille corporelle. »

 

Info.expoprotection.com : À quoi ressemblera le poste d’inspection filtrage de demain ?

Éric Plaisant : « Il existe un concept en cours d’examen qui vise à bâtir un PIF qui évitera d’incommoder le passager en le faisant juste passer dans un couloir dédié. Il s’agit encore de recherche fondamentale à ce stade. L’idée étant d’ennuyer le moins possible le passager. L’idéal serait de lui permettre d’embarquer ses produits liquides grâce à des machines capables de différencier les contenants entre eux. Je pense que nous allons y arriver assez rapidement. »

 

© Propos recueillis par Eliane Kan / Agence TCA

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