Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Services publics : des besoins croissants

Transports, santé, services sociaux, la plupart des services dits « publics » doivent gérer la progression des incivilités, des actes de malveillance et des agressions à l’encontre du personnel, voire de leurs usagers. Quand la généralisation de dispositifs adaptés devient une nécessité...

A en croire plusieurs rapports publiés récemment, documents par ailleurs étayés par le constat dressé par les représentants syndicaux ou les témoignages d’agents et de responsables de services publics, les problématiques de sécurité n’ont jamais atteints un tel degré d’acuité. Confrontés à la montée en puissance des actes de violence et des incivilités liées à l’agressivité du public, les employés de ces services, qu’ils soient agents d’accueil de la Poste, des Impôts, de l’Urssaf, personnels hospitaliers, municipaux ou autres chauffeurs de bus sont en première ligne face à de telles dérives sociétales. Selon une étude réalisée par la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (DARES) rendue publique en 2007 par le Ministère du travail, 22% des agents des services publics évoluant au contact du public ont eu à subir des agressions verbales alors que 2% d’entre eux ont eu à subir des agressions physiques dans les 12 mois précédents cette enquête. Un chiffre en constante augmentation depuis 10 ans. Autre enseignement, ce sont les femmes qui déplorent le plus d’agressions. Une sur quatre se dit victime de tes agissements pour seulement deux hommes sur dix. Particulièrement vulnérables à ce type d’incidents, les employés affectés aux guichets, standards et postes d’accueil font partie des plus exposés avec un taux de réponses positives de 28% devant les agents affectés à des fonctions commerciales, 27% des déclarants. De fait, la plupart des services dont la vocation est d’accueillir un public important tels que les Pôles Emploi, les antennes CAF, les agences de la CPAM, les bureaux de poste ou les collectivités investissent désormais plus largement dans la mise en place d’outils et d’équipements de sécurité destinés à gérer au mieux ce type de risques. Autant de dangers potentiels variant des menaces verbales aux atteintes aux matériels ou aux bâtiments (vandalisme) en passant par les insultes et les agressions physiques. Impératif supplémentaire pour ces donneurs d’ordre, rassurer leurs usagers et leur garantir un niveau de protection optimal à l’intérieur des bâtiments ou des véhicules de transport « public ».

Vers de solutions dédiées

Contraints à davantage de pragmatisme avec l’obligation de revoir leurs dispositifs de contrôle, de surveillance et de protection, y compris au niveau du risque incendie, les services publics « piochent », au rythme de leurs besoins, dans l’éventail des solutions proposées par le marché. A l’image des collectivités locales, les services publics prennent désormais en compte l’ensemble de ces problématiques en accordant une part croissante de leurs budgets de fonctionnement et d’investissement aux équipements de mise en sécurité ou de lutte contre la malveillance. Les appels d’offres publics reflètent ces préoccupations avec la généralisation de lots portant sur l’installation de systèmes de vidéosurveillance ou de détection des intrusions. Des dépenses annuelles de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros qu’il est toutefois difficile à chiffrer compte tenu de la multitude des opérations réalisées chaque année dans des secteurs aussi divers que l’équipement des bus ou des hôpitaux. Dans ce domaine, la politique de « modernisation des services publics » engagée par l’Etat contribue à une hausse sensible des commandes publiques. Sensibles par tradition et par obligation au respect des règles de sécurité incendie, statut d’ERP oblige, et dans une moindre mesure à celles relatives au contrôle d’accès, il n’est pas étonnant que ces deux postes captent la plus grande partie des moyens affectés dans le cadre de ces procédures d’’appels d’offre. Les prestataires s’orientent de fait vers des solutions « globales » offrant la possibilité de gérer l’ensemble des dispositifs depuis un poste de sécurité centralisé (lire avis d’experts). La priorité consiste en effet à proposer à ce type de donneurs d’ordre des solutions adaptées aux contraintes principalement liées à l’accueil du public. Au sein des CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie) qui reçoivent quotidiennement plusieurs milliers de personnes, la réhabilitation et la création de nouveaux locaux s’accompagnent de la mise en place de nouvelles procédures de sécurité avec contrôle des accès et généralisation des boutons d’alerte dans chaque bureau. Face à la recrudescence des menaces physiques ou verbales entraînant, là comme ailleurs, une augmentation du stress chez le personnel, les directions n’hésitent plus à mobiliser des moyens accrus pour sécuriser leurs locaux. A Sélestat, dans le Bas-Rhin, la réhabilitation de l’agence de la CPAM a ainsi entraînée la mise en place de nouveaux dispositifs de contrôle d’accès avec lecteurs de badges au niveau de l’entrée principale (protocole TCP/IP) et alarmes anti-agression à chaque poste de travail : agents d’accueil, de pré-accueil, guichetiers, …

Limiter le risque « agression »

Un marché, celui des systèmes anti-agression, occupé par la société francilienne Duplitech qui vient d’équiper plusieurs hôpitaux ainsi que les agences de l’ancienne Assedic en Rhône – Alpes. Constitué par un « bus à générateur d’adresse » (128 informations différentes sur réseau jusqu’à 8 km), le système permet d’intégrer différents modules dont les détecteurs de fumée, détecteurs infra – rouge, sondes de température ou alarmes. Exemple d’applications à l’hôpital psychiatrique Barthélémy Durand d’Etampes où le bus est utilisé pour sécuriser 11 bâtiments répartis sur 85 ha. Les alarmes SSI, intrusions et techniques sont centralisés vers le poste de sécurité. Lors d’un appel « vital » (appel de détresse des personnels soignants en cas d’agression), l’ensemble du personnel est informé à l’aide d’un bip de recherche de personnes et d’une commande radio. En cas d’incident, ces derniers sont informés de la localisation de l’agression afin d’intervenir le plus rapidement possible. Pour des besoins temporaires ou lorsqu’une mise en œuvre plus rapide est souhaitée par le client (Assedic Rhône – Alpes), le dispositif devient autonome. A la demande de ce client qui souhaitait protéger l’ensemble de son réseau d’agences locales, le procédé s’appuie sur un système de transmission HF sécurisé avec une ou plusieurs télécommandes HF et un ou plusieurs boîtiers récepteurs. Ce dernier est équipé d’un bouton poussoir d’alerte permettant d’activer l’alarme sonore et d’une LED. « Les sollicitations émanant des gestionnaires de sites « publics » sont en progression régulière, précise Pierre Allias gérant de la société en évoquant des appels d’offre intégrant de plus en plus ce type de procédé anti-agression. Autre illustration de cette évolution « sécuritaire » au sein des services publics avec l’aménagement de la nouvelle agence de la CAF (Caisse d’allocations familiales) dans le quinzième arrondissement parisien. Les locaux sont désormais équipés d’un système de vidéosurveillance avec présence continue d’agents de sécurité. De fait, à l’image des systèmes de sécurité physique, la surveillance humaine se renforce dans la plupart des services publics : hôpitaux, transports, établissements scolaires, antennes sociales ouvertes au public (CAF, Pôle Emploi ou CPAM,…). Quant aux prestations proposées par les leaders du secteur, elles intègrent désormais la protection du travailleur isolé et des missions plus conventionnelles telles que le contrôle d’accès, la sécurisation des visiteurs ou les rondes de surveillance.

Surveillance humaine et protection péri métrique

Largement répandus, ces deux segments de marché représentent aujourd’hui le socle de la logique sécuritaire développée par les responsables de services publics. Dans certaines villes, l’entrée des certains services publics est aujourd’hui confiée à des agents de surveillance présents à la fois pour gérer les entrées et sorties mais également pour dissuader les fauteurs de troubles potentiels et assurer la protection physique des agents en cas d’agression. Depuis 2007, la société Securitas gère par exemple le site de la gare du Nord pour le compte de la SNCF (première gare d’Europe et troisième gare mondiale) avec des missions étendues incluant la surveillance générale, le contrôle des accès personnels, fournisseurs et livraisons, la gestion des flux de voyageurs, la protection périmétrique du site, la sécurisation du personnel de la gare, la gestion et le contrôle radioscopique des consignes, la gestion des objets trouvés, la gestion des ouvertures et des fermetures portes, la gestion des colis suspects, le contrôle des scellés wagonnets (presse, boissons), la surveillance vidéo des quais ou la vérification des rames avant embarquement. Même croissance soutenue de l’activité chez les spécialistes des équipements de protection périmétrqiues (barrières, clôtures) qui trouvent ici de nouveaux débouchés sur ce marché émergent. Pour les gestionnaires de services publics, l’installation de caméras aux entrées et sorties des bâtiments publics permet de consigner 24 heures sur 24 la trace de toute personne ayant franchi ou quitté les lieux. Cette forme de surveillance joue un rôle dissuasif à l’égard des fauteurs de troubles potentiels et sert bien évidemment de preuve en cas de délit grave. Des observations qui peuvent également servir à dresser des relevés statistiques relatifs au nombre de personnes visitant certains sites publics, tels que musées, salles de sports, bibliothèques ou guichets pour l’emploi. Dans les transports, la vidéo sur IP vise d’abord à améliorer la sécurité et la sûreté des réseaux avec la possibilité pour l’exploitant public de consulter et de partager en temps réel des informations relatives à l’état du trafic et des voies de circulation. L’objectif est d’offrir un environnement plus sécurisé aux passagers et aux personnels, de réduire les actes de vandalisme, les agressions ou de déclaration de sinistre frauduleuse émise auprès des compagnies d’assurances an privilégiant des solutions souples et fiables dans le temps. Des opérateurs tels qu’Axis, Delta Sécurité ou Genetec pour ne citer qu’eux développent une offre de solutions dédiées à ces donneurs d’ordre. Dans les trains, Sagem Sécurité fournit par exemple des dispositifs de vidéo surveillance semi-embarqués (une partie au sol et une partie embarquée) avec plus de 300 gares de la région parisienne équipée et plus de 2000 cabines de conduite. Utilisés dans les rames du métro parisien, elles assurent la surveillance de la sécurité des ouvertures de portes.

 Les services publics en chiffre
> 175 000 : le nombre d’ERP directement gérés par des les collectivités publiques
> 5 000 000 : le nombre d’agents salariés des différents services publics (20% pour la fonction publique hospitalière, 49 % pour la fonction publique de l’Etat, 31% pour la fonction publique territoriale)

S’adapter aux « lourdeurs » du secteur public et satisfaire les besoins de la clientèle

Si le potentiel de ce marché est bien réel en termes de développement, le nombre d’appels d’offre incluant des prestations de mise en sûreté et de sécurité est en progression constante depuis quelques années, les fournisseurs évoquent la nécessaire prise en compte d’un certain nombre de pesanteurs. Les procédures d’appels d’offre sont souvent très longues et nécessitent une information précise du donneur d’ordre qui ne maîtrise pas forcément le fonctionnement et la gestion d’un système de surveillance vidéo par exemple. Par ailleurs, dans un contexte de tension sur les dépenses publiques, les prestataires doivent proposer le meilleur compromis entre qualité des équipements et prix. Un impératif pas toujours facile à respecter. Enfin, certaines organisations syndicales se montrent réticentes voire hostiles à la généralisation des équipements de sécurité au sein de leurs lieux de travail. Un constat particulièrement sensible dans le secteur de l’éducation.

Patrick Senac – Directeur général Groupe Dirickx

« Spécialisé dans la conception de systèmes de protection physique périmètriques, notre groupe propose aujourd’hui des solutions à valeur ajoutée en rendant ces clôtures « intelligentes ». Nos solutions sont désormais couplées à des installations de vidéosurveillance et de contrôle d’accès avec des applications concrètes au sein d’établissements scolaires ou de santé. Plus largement, nous sommes en mesure d’adapter nos solutions à tout type de problématiques ou de configurations. Les demandes des donneurs d’ordre publics sont en nette progression avec des préoccupations liées à la gestion des accès (gestion des flux et comptage), à la lutte contre l’effraction et la malveillance. La possibilité d’offrir à nos clients des systèmes ouverts pouvant intégrer de nouveaux composants répond parfaitement aux contraintes de cette catégorie de gestionnaires » Dirickx s’appuie sur un important réseau d’agences de proximité (27 unités au total) lui permettant de se positionner en leader français sur le marché de la protection périmètrique avec près de 6500 réalisations/an (EDF, GDF, sociétés d’autoroutes, SNCF, Hôpitaux, écoles,…).

Christophe Larcher – Responsable commercial Paris et Nord de la France, responsable développement grands comptes Til Technologies
« Notre statut de constructeur de produits et de systèmes de sécurité et de gestion technique du bâtiment nous permet d’intervenir auprès de nombreux clients tels que les administrations, les collectivités et les services publics. Le principe développé par Til Technologies est de leur proposer des solutions « fédérées » intégrant des produits tiers tels que la vidéosurveillance, le contrôle d’accès avec alarmes ou les systèmes de mise en sûreté/sécurité. A titre d’exemple, la commune de Dijon qui souhaitait se doter d’un système de gestion des accès à ses équipements publics (gymnases, terrains de sports) nous a confié un marché incluant l’ensemble des problématiques de sécurité (contrôle accès, sécurité incendie,…) et de gestion technique (chauffage, climatisation). Le contrôle s’effectue désormais à partir d’un seul PCS ce qui a permis de simplifier et de rationaliser la totalité de ces opérations.
Plus largement, il est indéniable que ce marché connaît actuellement un très fort développement notamment grâce à la convergence des réseaux IP et les opportunités que cette technologie autorise. Nous venons par exemple d’équiper le nouveau siège de la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie) avec un panel de solutions englobant le contrôle des accès, la détection intrusion et la gestion de l’accueil des visiteurs. Même logique fondée sur la compatibilité ascendante de ces équipements au Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg que nous venons d’équiper avec près de 800 lecteurs de badges installés pour la gestion des accès aux locaux sensibles (pharmacies, urgences,…). Dernier exemple d’application sur ce marché des services publics avec la SNCF. Le contrat cadre passé avec la société nous permet de gérer sur un seul PC sécurité l’ensemble des systèmes de vidéosurveillance implantés sur 17 sites dont la Gare du Nord ».

Agnès Richter – Responsable marketing marché non-résidentiels Assa Abloy
« Très présente sur le marché de l’équipement des bureaux et des établissements de soins, Assa Abloy développe une approche du marché segmentée en fonction de la typologie des besoins clients et des structures (ERP) à équiper. Nous proposons des solutions qui participent à la mise en sécurité incendie et à l’accessibilité dans le respect des contraintes réglementaires et en gérant, s’il le faut, la réhabilitation d’immeubles et leur mise aux normes. Principale caractéristique de ce type de bâtiments « publics », le fait de gérer des problématiques contradictoires : sécurité d’un côté et accueil du public de l’autre. Une fluidité des accès qui doit cependant garantir les notions de sécurité avec, par exemple, la nécessité de simplifier les procédures d’évacuation de façon à limiter les risques de panique. Les solutions préconisées s’articulent donc autour de solutions d’ouverture soit mécaniques soit électromécaniques (cylindres sans câblage électriques pour la gestion des entrées/sorties…). Autre particularité, l’obligation de composer avec des contraintes budgétaires qui sont souvent très lourdes. La sécurité physique reste un élément primordial avec l’obligation de concevoir des systèmes simples et de bon sens. Les solutions proposées sont toujours en parfaite cohérence avec les besoins des utilisateurs et des gestionnaires : que ce soient des solutions de verrouillage autonomes ou connectées à un contrôle d’accès général via lecteurs, clés ou badges. »

 Un système complet pour le siège de la CNAMTS
IGH de type ERP 1, le bâtiment de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) situé Porte de Montreuil à Paris XX emploie 1 400 salariés répartis sur près de 70 000 m². Réalisée par Chubb Sécurité, l’installation des systèmes de sécurité a mobilisé un investissement de 350 000 euros avec la mise en œuvre de solutions spécifiques. La sécurité électronique avec contrôle d’accès à l’immeuble de six étages est gérée par l’édition et la lecture de badges et l’installation de systèmes de supervision en charge de la gestion de près de 6000 badges salariés et visiteurs modèle CH 400 de Chubb). Le système permet de restituer un large éventail d’informations allant des temps de transit au sein des zones à accès restreint, au contrôle du temps passé dans une zone précise, au comptage des passages et à la gestion des parkings ou de la flotte automobile. Les équipes de surveillance humaine ont, de fait, la possibilité d’agir directement sur les installations en cas d’alarme (levée de doute par surveillance vidéo). Le système est complété par l’installation de 200 points de détection intrusion et de 40 caméras. La sécurité incendie s’articule quant à elle autour de 550 détecteurs, 160 sirènes et 190 boîtiers à déclenchement manuel. L’opérateur a mis en place sa gamme de tableaux de commandement UTC.Com, UTI.Com et CMSI.Com permettant la supervision de plusieurs dizaines de points de détection. L’UTC.Com est capable de gérer 8, 16 ou 24 zones de détection et jusqu’à 5 zones de diffusion d’alarme pour l’évacuation. Il prend également en charge la mise en sécurité des personnes avec la commande des issues de secours par verrouillage et déverrouillage. Plus puissant, l’UTI.Com prend en charge jusqu’à 240 zones de détection et jusqu’à 17 zones d’alarmes. Il assure aussi la mise en sécurité des personnes au travers de l’activation des portes coupe-feu et de l’ouverture des issues de secours. Tous paramétrables selon leur situation et les zones à couvrir, ils communiquent en permanence avec le Centralisateur de Mise en Sécurité Incendie (CMSI.Com). Ce dernier est capable de gérer les informations de 720 zones de détection et intègre jusqu’à 256 fonctions différentes : évacuation, compartimentage, désenfumage, techniques. L’utilisateur visualise l’état du système sur un afficheur et sur un tableau de boutons lumineux et peut agir sur le système selon ses droits d’accès. Enfin, la salle informatique du bâtiment (300 m²) a été équipée en gaz d’extinction (FM200). En parallèle, le système gère également 120 portes coupe – feu et 155 volets de désenfumage avec commande des issues de secours par verrouillage et déverrouillage.

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Cet article est extrait du Magazine APS.
Pour plus d’information sur nos publications, contactez Juliette Bonk .

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