Interview de Pulchérie Matsodoum Nguemté, Business Developer chez Spartha Medical, une startup strasbourgeoise. Spécialisée dans les revêtements multifonctionnels antimicrobiens et anti-inflammatoires, l'entreprise a développé un spray qui confère aux blouses et autres vêtements professionnels des propriétés bactéricides et virucides.
Pulchérie Matsodoum Nguemté, Business Developer chez Spartha Medical. ® Spartha Medical
Vous développez des revêtements qui rendent les surfaces anti-bactériennes et anti-virales. De quoi s’agit-il ?
Notre solution repose sur des biopolymères naturels et non toxiques pour l’environnement. Ils sont biocompatibles et applicables sur des dispositifs médicaux, par exemple des implants, mais aussi sur tous types de surfaces – dont les textiles.
L’image de gauche montre l’état d’une surface traitée par Spartha Medical au bout de 48 heures. A droite, une surface non traitée et recouverte d’un biofilm bactérien qui s’est constitué dans le même temps. © Spartha Medical
Dans quelle mesure vos recherches intéressent-elles le personnel des hôpitaux ?
Nous participons, avec 13 autres partenaires, au projet européen Nova (Next Generation BiOactiVe Nanocoatings) qui vise à développer un revêtement dédié aux vêtements de travail des professionnels de santé. Ce qui va contribuer à lutter contre les maladies nosocomiales. Une fois appliqué à la surface des blouses ou tout autre textile, ce revêtement va y adhérer pour former pendant 8 heures une barrière physique antibactérienne et antivirale. Il assurera ainsi une protection des porteurs. Pour l’application médicale de notre technologie, nous préparons des essais cliniques qui démarreront fin 2023 avec pour objectif d’obtenir un marquage CE. Nous espérons démarrer une commercialisation en Europe d’ici 2025 sous la forme d’un spray que les professionnels de santé appliqueront in situ.
D’où provient votre technologie ?
Ce spray protège toutes les surfaces dont les textiles. © Spartha Medicale
Spartha Medical a été cofondée par plusieurs chercheurs dont Philippe Lavalle, directeur de recherche à l’Unité 1 121 de l’Inserm spécialisée dans les biomatériaux et la bioingénierie. Leurs recherches ont maturé au sein de la société d’accélération du transfert de technologies (Satt) Conectus et ont bénéficié d’un financement de la Commission européenne (Horizon 2020 PanBioRa). Ces travaux s’intéressaient aux hydrogels antimicrobiens pour des applications biomédicales. L’objectif visait à réaliser un revêtement aux propriétés antimicrobiennes et anti-inflammatoires applicable en couche fine sur tous types de surfaces. Ces travaux ont fait l’objet de brevets et ont donné lieu à la création en octobre 2019 de Spartha Medical qui est spécialisée dans la mise au point de revêtements antiviraux, anti-inflammatoires et antimicrobiens. Notre entreprise fait aujourd’hui une vingtaine de personnes dont des stagiaires et des alternants.
Comment avez vous financé vos développements ?
En 2021, nous avons levé 1,4 million d’euros auprès de plusieurs investisseurs dont Alsace Business Angels et Bpifrance. Plus récemment, nous avons reçu 2,4 millions d’euros du Conseil européen de l’innovation (EIC) pour mener une évaluation clinique de ces revêtements multifonctionnels. Nous visons le marché du revêtement antimicrobien qui s’élève à 800 millions d’euros par an.
Propos recueillis par Eliane Kan
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