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Sûreté et sécurité

Patrick Haas (En Toute Sécurité) : « Une baisse d’activité historique mais limitée »

Interview du directeur des publications d’En Toute Sécurité à l’occasion de la sortie de l’Atlas 2021 d’En Toute Sécurité qui rassemble les statistiques collectées auprès de 1 600 sociétés de sécurité.

Avec la pandémie dues à la Covid-19, on imagine que la conjoncture 2020 n’a pas été brillante pour les entreprises de sécurité. Qu’en est-il réellement ?

En effet, on pouvait redouter une catastrophe pour la filière de la sécurité mais cela n’a pas été le cas : la profession, prise au sens large (incluant la sécurité électronique, la sécurité physique, humaine, anti-incendie, etc.) n’a enregistré une baisse que de 3,1 % en 2020. Le chiffre d’affaires global de la filière s’élève à 29,7 milliards d’euros, selon les statistiques que nous publions ce mois-ci. Je rappelle que, chaque année, ces données sont collectées par l’équipe d’En Toute Sécurité auprès de 1 600 sociétés de sécurité. Certes, il s’agit d’une baisse historique mais ce n’est pas la première : la profession avait déjà subi un recul (de 1 %) en 2009, conséquence de la crise économique de l’époque.

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Patrick Haas, directeur des publications d’En Toute Sécurité. © En Toute Sécurité

Quels sont les secteurs qui souffrent le plus ?

Logiquement, les secteurs qui affichent les plus mauvais résultats sont tout d’abord la sûreté aéroportuaire (-39,7 %) en raison de l’arrêt du trafic aérien durant plusieurs mois et ensuite la protection rapprochée (-30,6 %) à cause de l’annulation de nombreux événements sportifs et culturels,. Citons aussi la formation en sécurité (-12,7 %) en raison de la fermeture des centres durant les confinements. De son côté, la serrurerie (-12,3 %) a été affectée par la crise du bâtiment. Quant au transport de fonds (-10,3 %), il a été concurrencé par les paiements sans contact. Pour sa part, l’activité de gardiennage, profession sujette à de nombreux à-coups, s’est plutôt bien comportée avec une baisse limitée de 1,3 %. C’est bien moins que le recul de 2009 qui avait été de 4,2 % !

Quels sont les secteurs qui s’en sont le mieux sortis ?

Incontestablement, le créneau des EPI qui a progressé de 6,6 %. Il faut dire qu’il a été boosté par la demande exponentielle en faveur des masques de protection respiratoire. De son côté, la cybersécurité (+4,8 %) a été stimulée par la multiplication des attaques numériques, suite au développement du télétravail. Le segment de l’intervention sur alarme a enregistré une hausse de 9,2 % en raison des nombreux contrôles de sites durant leur fermeture. Au total, sur 22 segments de marché analysés dans l’Atlas, quatorze sont en décroissance et huit parviennent à afficher une croissance. Ce qui reste finalement assez honorable.

Malgré les mesures gouvernementales d’aide financière aux entreprises (PGE, France Relance…), quel a été l’impact de la crise sur la rentabilité des entreprises de sécurité ?

Assez peu défavorable. Environ 66 % des entreprises de sécurité ont dégagé des bénéfices contre 69 % en 2019. Rappelons que ce pourcentage était tombé à 58 % en pleine crise financière et économique du Subprime.

Quel est le sentiment des dirigeants pour 2021 ?

Ils se montent modérément optimistes : 45 % d’entre eux estiment que leur rentabilité sera en amélioration en 2021, selon un sondage effectué durant l’été directement auprès d’eux. Cependant 82 % affirment que les donneurs d’ordre ont relancé la guerre des prix durant la crise sanitaire. Pour leur part, les directeurs sûreté-sécurité sont une majorité (52 %) à annoncer que leur budget 2021 est en hausse par rapport à celui de l’année précédente. Cette situation devrait se traduire par des commandes supplémentaires auprès des entreprises de sécurité.

Quelle forme prendra ce rebond attendu pour 2021 ?

Hétérogène. Cinq activités seront encore en baisse : l’alarme anti-intrusion, les enquêtes privées, la serrurerie, la télésurveillance pour les professionnels et le transport de fonds. A contrario, on peut anticiper une belle performance pour la cybersécurité (+9,7 %), la télésurveillance pour les particuliers (+9 %), tandis que la sûreté aéroportuaire devrait grimper de 24,3 %. En revanche, ce rebond fait suite à l’effondrement de l’année précédente si bien que le volume d’affaires ne reviendra pas à son niveau d’avant-Covid. Au total, l’ensemble de la filière de la sécurité devrait afficher des ventes en hausse de plus de 5 %.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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