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Risque incendie

L’incendie de Bolloré Logistics ravive le souvenir de Lubrizol

A peine trois ans après la catastrophe de Lubrizol, 12 250 batteries au lithium ont brûlé dans le bâtiment loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne près de Rouen (76). Puis le feu s’est étendu à deux autres cellules connexes où 70 000 pneus et des tonnes de textiles sont partis en fumée.

Aux alentours de 16h30, lundi 16 janvier, un important incendie s’est déclaré dans un bâtiment industriel loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime). Pas moins de 12 250 batteries LMP (Lithium Métal, polymère) à électrolyte solide ont pris feu dans une cellule de l’entrepôt d’environ 6 000 m², soumis à autorisation mais non pas classé Seveso, rapporte France Bleu Normandie. « L’incendie est parti de la cellule Bolloré Logistics, puisque l’alerte a été donnée par un des employés », a précisé mardi matin sur franceinfo Pierre-André Durand, préfet de Seine-Maritime qui expliquait que, pour l’heure, les causes de l’incendie restaient inconnues.

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12 250 batteries au lithium ont brûlé lundi soir dans l’entrepôt loué par Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen. © Bolloré-Blue Solutions

Propagation du feu à deux autres entrepôts

L’incendie a ensuite gagné un entrepôt du groupe Distri Cash où étaient stockés près de 70 000 pneumatiques. Selon la municipalité de Grand-Couronne, les flammes ont provoqué de nombreuses explosions en début de soirée. Puis, en milieu de soirée, un épais panache de fumée se dégageait encore des deux bâtiments qui ont brûlé. Vers 22 heures, 137 sapeurs-pompiers étaient à pied d’œuvre, appuyés par 60 véhicules. Les deux cellules logistiques touchées par les flammes se sont ensuite « effondrées, diminuant l’intensité de l’incendie », a poursuivi Pierre-André Durand lors d’un point-presse lundi en fin de soirée. A 23h30, l’incendie était circonscrit. Selon la préfecture, le feu a atteint une troisième cellule du bâtiment dans la nuit de lundi à mardi, qui contenait des tonnes de palettes et des textiles. A son tour, ce troisième incendie a été circonscrit en début de matinée, selon la préfecture.

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Selon la préfecture, aucune pollution n’est à déplorer ni dans l’air ni dans la Seine. © Google Maps

Ni victime ni pollution à déplorer

« Aucune victime n’est à déplorer, les employés ont été évacués », constatait le préfet de la Seine-Maritime. « Il n’y a pas de danger particulier » pour les riverains, affirmait-il ce matin tandis que 110 pompiers étaient encore à pied d’œuvre pour éteindre les dernières flammes. « Sous le panache de fumée il n’y a pas de danger, et pas [non plus] d’inquiétude sur une pollution de la Seine », ajoutait Pierre-André Durand, précisant que « le seul risque chimique provient de la combustion du lithium qui peut dégager de l’acide fluorhydrique, uniquement dans le cœur du foyer » et que cette substance n’est pas présente « à l’extérieur du site ».

Quant aux riverains, les premiers d’entre eux se trouvent à près de 500 mètres du site sinistré. Toujours selon le préfet, les mesures de la qualité de l’air réalisées par les sapeurs-pompiers « se sont révélées toutes nulles, donc il n’y a pas d’inquiétude à avoir ». « Les fumées sont parties très haut dans le ciel. Il y a une bonne dispersion et les relevés à proximité du site et un peu à l’extérieur n’ont pas permis de trouver de monoxyde de carbone, d’acide chlorhydrique ou cyanhydrique, les taux sont à zéro », a souligné le colonel Rémy Weclawiak, directeur adjoint du Service départemental d’incendie et de secours de Seine-Maritime (SDIS 76).

Surveillance épidémiologique mise en place

Le SDIS 76 a déployé 28 points de mesure, aussi bien sur une zone proche du sinistre que dans un périmètre plus lointain. Toujours lundi soir vers 20 heures, le panache de fumée le plus important ayant été observé s’est étalé sur une longueur de sept kilomètres jusqu’à une altitude de 2 400 mètres. Par la suite la tempête Gérard a empêché d’en établir le parcours. En revanche, les fumées ont dispersées en altitude. Par ailleurs, les échanges de la préfecture avec les Samu de la Seine-Maritime et de l’Eure ne signalent aucune activité particulière en relation avec l’incendie. Cependant, ces services ont instauré une surveillance épidémiologique afin de suivre l’état de santé des personnes susceptibles d’être prise en charge en raison de ce sinistre.

Cellule de crise

Reste que la gigantesque colonne de flammes qui s’est élevée lundi a ravivé chez les Rouennais le souvenir de l’incendie du site Seveso de Lubrizol en septembre 2019. Incendie durant lequel 10 000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée. Contacté par l’AFP, le groupe Bolloré annonce avoir mis sur pied une cellule de crise en relation avec la préfecture, précisant qu’il n’avait, à ce stade, pas d’information sur les causes de l’incendie, ni sur l’ampleur des dégâts. Sous l’autorité du procureur de la République, une enquête judiciaire a été ouverte. En outre, le ministère de la Transition écologique a saisi le bureau d’enquêtes et d’analyse sur les risques industriels. En parallèle, plusieurs enquêtes, aussi bien judicaires qu’administratives, ont été lancées afin de déterminer les causes et responsabilités de l’incendie. « Tous les habitants n’ont pas reçu le SMS d’alerte », déplorait lundi sur Twitter Alma Dufour, députée LFI-NUPES de la 4ème circonscription de Seine-Maritime et activiste pour le climat qui conseillait : « En attendant plus d’information, restez chez vous, fermez vos fenêtres et suivez les réseaux sociaux de l’État. » Une question demeure : la leçon de Lubrizol aurait-t-elle déjà été oubliée ?

Erick Haehnsen

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