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Le ''Made in France'' tisse sa toile

En mai dernier, la création d’un service dédié au Made in France relance l’intérêt de ce label qui constitue pour les acheteurs un gage de qualité. Une carte à jouer pour les fabricants d’EPI qui doivent faire face à la concurrence des produits à bas coût.

En dépit de l’explosion des coûts de l’énergie et de la hausse des prix des matières premières, le Made in France appliqué aux équipements de protection individuelle (EPI) a t-il un avenir dans l’Hexagone ? Gage de qualité pour les utilisateurs, cette mention non obligatoire est néanmoins soumise à des règles particulières.

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Ce logo déclinable en Made In France est téléchargeable gratuitement sur le site de France Industrie. DR

Création d’un service Made in France

Très impliqué dans le MadeIn France, l’État a d’ailleurs implanté à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le Service de l’origine et du Made in France (Somif) en mai dernier. Opéré par la Douane, il regroupe une demi-douzaine d’agents experts qui y délivrent depuis plusieurs années des informations sur le produire en France. En 2021, le service a connu une envolée des sollicitations avec 660 demandes contre 193 en 2017. Soit une croissance de 242 %, selon le ministère délégué chargé des Comptes publics. Le Somif délivre aussi des Renseignements contraignants en matière d’origine (RCO). Lesquels se rapportent à une décision écrite certifiant l’origine des marchandises. Les RCO aussi progressé passant de 221 à 359 pour la même période, soit une progression de 63 %.

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Les gants « Jean » de Rostaing sont estampillés Made In France. © Rostaing

EPI fabriqués en France

Gageons que les équipements de protection individuelle y font bonne figure sachant que plusieurs acteurs de renom disposent d’unités de production en France. À l’instar de Gaston Mille ou Parade (groupe Eram) pour les chaussures de sécurité, Armor Lux, Cepovett ou Mulliez-Flory pour les vêtements de travail, Rostaing pour les gants ou encore Petzl pour les harnais de sécurité. Autre point commun, ces fabricants comptent parmi la centaine d’adhérents du Synamap (Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection) spécialisés dans les EPI et les dispositifs médicaux.

Préférence européenne

Créée en 1961, cette organisation est présidée depuis le 19 septembre dernier par Nicolas Bialy (Infield Safety). Lequel succède à Renaud Derbin. Aujourd’hui administrateur et trésorier, ce dernier a présidé le Synamap pendant ces sept dernières années. « Le Made in France concerne également les produits Premium ou réalisés sur mesure comme les bouchons d’oreille ou les EPI de catégorie 3. Sans oublier bien sûr les masques de protection », rapporte Renaud Derbin. La filière des masques a connu, au plus haut de la crise du Covid une envolée des ventes qui s’est effondrée avec la fin de l’interdiction du port de masque et la concurrence des produits asiatiques à bas coûts. Résultat, la production hebdomadaire est passée de 100 millions de masques fabriqués en France à un volume de 5 à 10 millions (source F2M). La fabrication française de ces produits bénéficie notamment de la circulaire qui incite les agences régionales de santé à modifier leurs critères d’achat en appliquant notamment la préférence européenne. Toutefois, cette mesure ne suffit pas car les contrevenants ne sont pas sanctionnés, comme le remarque Renaud Derbin.

Renaud Derbin, administrateur du Synamap. © DR

Renaud Derbin, administrateur du Synamap. D.R.

Vers le Made in Europe ?

Ce dernier estime que, pour soutenir le Made in France, il faudrait que le gouvernement adopte des politiques durables. Notamment en matière d’aide à la relocalisation et à la production. L’administrateur du Synamap en appelle d’ailleurs au desserrement des contraintes environnementales qui pèsent sur la production des produits. « Notamment l’obligation d’intégrer un certain pourcentage de matériaux recyclés qui vont complexifier les modes de production », regrette Renaud Derbin qui fonde pour sa part des espoirs sur le Made in Europe. Un label qui offre l’avantage de créer des cercles vertueux et élargis et de contribuer à relocaliser sur le continent des industries aujourd’hui implantées en Chine.

Eliane Kan

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