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Santé et qualité de vie au travail

L'agence EU-Osha au chevet européen des TMS

À quelques mois du lancement de sa prochaine campagne en faveur des lieux de travail sains qui sera dédiée aux TMS, l'agence spécialisée dans la santé au travail a analysé différentes études afin d'aider les États et les entreprises à accroître leur efficacité dans la prévention de ces pathologies.

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Les TMS sont aussi liés à des facteurs socio-démographiques. © ThisisEngineering RAEng

L’EU-Osha (European Agency for Safety and Health At Work)* lancera en octobre prochain sa prochaine campagne en faveur des lieux de travail sains pour la période 2020-2022. Elle aura pour thème la prévention des troubles musculosquelettiques. Ces maux sont un véritable fléau. 3 Européens sur 5 se plaindraient de maux de dos et de douleurs musculaires dans les membres supérieurs selon un rapport publié en novembre dernier par cette agence européenne.

Analyse statistique des TMS

L’étude de 215 pages s’intitule Work-related musculoskeletal disorders : prevalence, costs and demographics in the EU. Soit en français Désordres musculo-squelettiques relatifs au travail : prévalence, coûts et démographie dans l’UE. Les auteurs ont réalisé une analyse statistique à partir d’enquêtes et de données administratives relatives aux TMS. Lesquelles ont été collectées au niveau de 10 pays de l’Union européenne. À savoir, Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas et Suède.

17,2 milliards de pertes de production pour l’Allemagne

Dans certains pays, les TMS arrivent en tête des maladies professionnelles reconnues. C’est le cas de la France, de l’Italie et de l’Espagne. Par ailleurs, l’enquête montre qu’au plan économique l’impact peut être conséquent en termes de perte de productivité et de coûts sociaux. En témoigne l’Allemagne. En 2016, les troubles musculo-squelettiques et du tissu conjonctif ont représenté 17,2 milliards d’euros de perte de production (estimation basée sur les coûts de la main-d’œuvre) et 30,4 milliards d’euros de perte de productivité. Cela représente respectivement 0,5 % et 1,0 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne.

Le poids des facteurs socio-démographiques

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Les TMS touchent 3 européens sur 5. © Aurelien Romain / Unsplash

Pour expliquer la prévalence des TMS, l’EU-Osha a entrepris d’analyser différentes études. Notamment celles d’Eurostat et de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Cette analyse montre que la prévalence des TMS est liée notamment à quatre facteurs socio-démographiques. À savoir le sexe, l’âge, le niveau d’éducation et les pays de naissance. Sans surprise, la prévalence des TMS augmente chez les travailleurs âgés de 55 ans et plus. Qu’on en juge. Le mal de dos touche 32 % des moins de 25 ans contre 51 % des plus de 55 ans. Idem pour les salariés souffrant d’un ou plusieurs désordres musculaires. Soit 45 % pour les plus jeunes contre 67 % pour les plus âgés. En revanche, la question de savoir si ces pathologies ont pour cause la durée d’exposition ou la diminution de la capacité du salarié n’est pas encore tranchée.

L’impact de la digitalisation

Par ailleurs, la même étude  montre que les TMS affectent davantage les femmes que les hommes. Ainsi 44 % de femmes contre 39 % d’hommes ont déclaré des douleurs situées aux épaules, au cou ou aux membres supérieurs. Parmi les autres hypothèses émises pour expliquer la prévalence des TMS on relève l’écart entre l’évaluation des risques et les mesures de prévention. Mais aussi l’impact des nouvelles organisations du travail, de la digitalisation et des activités sédentaires. Facteur aggravant, de plus en plus de professionnels travaillant pour les plate-formes digitales ne sont plus couverts par les réglementations en vigueur.

Le lien entre TMS et RPS pointé du doigt

Parmi les mesures préconisées par l’EU-Osha, les auteurs recommandent notamment d’adapter les outils d’évaluation des risques à ces nouvelles situations. Et ce, en tenant compte à la fois des risques physiques et psycho-sociaux. Traditionnellement, la prévention des TMS se concentre sur la prévention des facteurs de risques physiques et biomécaniques. Cette approche mérite d’être revue. En effet, les recherches montrent que les facteurs de risques organisationnels et psychosociaux doivent aussi être prise en compte dans la prévention des TMS. Le défi consiste aussi à transférer ces connaissances sur les lieux de travail, grâce à des campagnes d’information, des conseils et des outils.

Eliane Kan 

* En français : agence européenne pour la sécurité et la santé au travail

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