Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

La vidéosurveillance sans fil tisse sa toile

Les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses à déployer des réseaux de vidéoprotection sans fil, qui évitent de coûteux travaux de génie civil. Cette technologie concernerait environ 5 % des nouvelles installations.

Avec des installations plus rapides à déployer et moins coûteuses à réaliser, la vidéoprotection sans fil séduit les collectivités. « Pour décourager les actes de vandalisme, nous avons déployé l’an dernier huit caméras de surveillance sur notre commune », témoigne en effet Fernand Virling, le maire de Niedershaeffolsheim. Située à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, cette petite ville de 1 300 habitants a déboursé un peu plus de 45 000 euros pour la protection de ses bâtiments les plus sensibles : la mairie, son local technique, le complexe sportif et culturel ainsi que le club-house du football. Dans un second temps, le système sera étendu à la surveillance de la nouvelle station d’épuration. Voire à d’autres sites si nécessaire. Et cela, sans qu’il soit nécessaire de creuser de tranchées. « Comme nous n’avions pas de réseau câblé existant, nous avons misé sur un réseau de transmission radio pour des raisons de coût et de rapidité du déploiement. L’installation s’est d’ailleurs faite en moins de trois semaines. »

En pratique, chacune des huit caméras fixes est couplée à une antenne radio qui transmet les images vers le sommet de l’église où est installé un transmetteur radio. Ce qui permet de centraliser les vidéos et de les envoyer vers un récepteur situé dans la mairie. Les images reçues sont alors archivées sur un serveur vidéo dédié pour être consultées par le maire et son adjoint.

L’installation a été réalisée par le groupe Resadia, un intégrateur de solutions IP associé à Européenne de Communication et de Service (ECS). Cette PME alsacienne est spécialisée dans la vidéoprotection depuis une vingtaine d’années. « Mais cela fait trois ou quatre ans que l’on fait du sans-fil car cela évite aux communes d’accomplir des travaux de génie civil, qui peuvent représenter 30 % des coûts d’installation », explique Gérard Klein, le directeur du service technique et du service clients. « Deux jours suffisent pour installer une liaison radio de trois kilomètres. » Rapides à déployer, les installations radio sont aussi flexibles car il est très facile de déplacer un pont radio (liaison entre le transmetteur et le récepteur) dès lors que l’on veut changer de place la caméra.

2 500 euros maximum par antenne

Autre avantage avancé cette fois par des distributeurs d’antennes, le coût des équipements. Selon la performance demandée, il faut compter entre 500  euros et 2 500  euros pour une antenne (pose non comprise) et 3 000  euros pour un pont radio dans lequel peuvent d’ailleurs passer plusieurs caméras. Parmi les fournisseurs de ce type de produits, citons les Américains Aruba, Cisco, Fluidmesh, Motorola, Proxim et Solectek, sans oublier l’Israélien Alvarion, le Français Luceor et l’Allemand Hirschmann Car.

Toutes ces antennes radio sont évidemment compatibles avec les caméras IP du marché. Comme le confirme Xavier Sanchez, ingénieur chez Axis Communications. « Nous n’avons d’ailleurs pas d’offre spécifique pour le marché du sans-fil car nos caméras se raccordent à n’importe quelle infrastructure de transport, qu’elle soit filaire ou radio », explique l’ingénieur, qui évalue à environ 5 % le nombre d’installations de vidéoprotection concernées par le sans-fil.

Tendances fortes du marché

Comme pour les installations filaires, deux tendances fortes marquent ce marché. La première est d’embarquer un logiciel dans la caméra afin de détecter par exemple un mouvement inopiné de foule ou le franchissement d’une ligne interdite par un individu. Dans ce cas, seuls ces incidents seront acheminés vers le télésurveilleur. La seconde tendance porte sur le déploiement de caméras haute résolution (HDTV) capables de restituer, notamment, la colorimétrie des visages et des objets afin de faciliter leur identification. Sans pour autant alourdir la bande passante car la HDTV contribue à réduire le nombre de caméras nécessaires pour surveiller une scène.

Autant d’arguments qui jouent en faveur de la vidéosurveillance urbaine sans fil. « L’usage de la radio explose », constate Jean-Marc Coutellier, président du conseil d’administration et directeur général de Magsys, une société d’études et d’ingénierie. Parmi ses réalisations significatives, citons la mise en place de 80 caméras aux Mureaux, dans les Yvelines, et d’une centaine de caméras dans le quartier des Minguettes à Vénissieux. « Les nouveaux projets ne sont pas aussi importants qu’autrefois mais ils sont plus nombreux et la concurrence s’est multipliée avec l’arrivée de petites entreprises régionales », observe le dirigeant de l’entreprise installée à Paris et à Biarritz, où elle a été créée en 1995.

Parmi les acteurs historiques du marché, Magsys est le distributeur de Solectek, fabricant d’antennes radio point à multipoint ayant un débit de 150  mégabits par seconde (Mbps). Comme chez ses concurrents, ses antennes sont compatibles avec n’importe quelles caméras IP haute définition. En outre, ces solutions radios sont conçues pour réaliser des réseaux allant de quelques dizaines de mètres à quelques dizaines de kilomètres. Le fabricant d’antenne américain vient d’ailleurs d’annoncer des solutions radio allant jusqu’à 250  Mbps. « L’augmentation des débits répond d’ailleurs à la venue de caméras dont la résolution atteint les 6  à 8  mégapixels. » Le temps de latence dans la transmission est d’ailleurs de plus en plus court, de l’ordre de quelques millièmes de seconde pour ne pas gêner le téléopérateur distant. Autre amélioration constatée, la portée des liaisons atteinte qui peut aller jusqu’à 40 km et plus.

Bien choisir son transmetteur

« En vidéoprotection sans fil, le choix d’un transmetteur est tout aussi important que le choix d’une caméra », avertit Patrice Ferrant, directeur commercial et développement de Mobotix, fabricant de caméra haute résolution. L’équipement sans fil doit être choisi en fonction des contraintes du bâtiment sachant par exemple qu’un mur en plâtre n’aura pas le même facteur de transmission de données qu’une surface en béton ou en bois. Surtout, le choix de l’équipement doit tenir compte de la distance de transmission entre l’émetteur et le récepteur. Pour les longues distances (de quelques centaines de mètres à une dizaine de kilomètres), mieux vaut privilégier des équipements radio de type Wimax proposés d’ailleurs par des acteurs issus du monde des télécoms, en l’occurence l’Israélien Alvarion et l’Américain Motorola. Ce dernier se positionne aussi sur des moyennes distances (de l’ordre de 100 mètres) avec les technologies Wi-Mesh proposées aussi par Aruba, Cisco, HP ou encore Luceor. « Nous avons d’ailleurs équipé le parc d’activité Technolac d’Annecy avec des caméras couplées avec des transmetteurs Mesh fournis par Motorola », indique le directeur de Mobotix qui vient de proposer une nouvelle caméra de 6 mégapixels, la D14, qui permet de faire de l’identification et de l’observation mais sans pour autant surcharger les réseaux grâce à une technique de transfert de fichier qui nécessite peu de débit (de 2 à 5 contre 5 à 20 Mbps pour ses concurrents). Ce qui permet de relier sur un transmetteur trois à cinq caméras HD.

Performances de 500 Mbps

Dans la course aux Mbps, Alvarion le leader historique du marché des infrastructures et du matériel sans fil tient bon sa place avec un point d’accès sans fil baptisé Alvarion BreezeULTRA qui affiche des performances allant jusqu’à 500 Mbps (voir encadré utilisateur) sur une distance de 50 km/h en point à point. L’entreprise née en 1992 totalise quinze ans d’expérience en IP et sept ans en Wimax. En France, plus de 150 villes ont été équipées.

Parmi les poids lourds du marché mondial avec une trentaine d’années sur le secteur de la vidéosurveillance, l’américain Proxim Wireless tisse également sa toile sur l’Hexagone. Il affiche à ce jour plus d’une cinquantaine de collectivités locales équipées en tout ou partie de ses solutions radio. Tout récemment, le fabricant basé en France depuis une dizaine d’années a équipé Villefontaine située près de Lyon, de liaisons sans fil sécurisées et de haute capacité. Ce réseau transporte aussi bien le flux vidéo des caméras de surveillance que les données et les services de VoIP.

« Nous avons été les premiers à proposer au marché une solution radio haute capacité baptisée “ Tsunami QuickBridge 8150 ” pour le transport d’images de vidéoprotection haute définition », revendique Simon Snowdon, directeur commercial de Proxim en France. Sa solution pour la vidéo peut monter jusqu’à 100  Mbps (même 195 Mbps en canal de 40 Mhz) en débit utile mais doit être adaptée aux conditions terrain et spécifications projets. « Une distance de 3 à 4 km en point à point ou en point à multipoint est tout à fait faisable mais une étude radio est primordiale pour une bonne installation », poursuit le représentant de Proxim, qui estime que les solutions radio sont 20 à 70 % moins cher que les options câblées.

Progression de 15 % par trimestre

 

Un constat que partage sûrement Laurent Bellini, le responsable des ventes en France de Fluidmesh Networks, une entreprise créée en 2005 par une équipe de chercheurs et d’ingénieurs et présente dans une trentaine de pays. « Sur l’Hexagone, nous recensons une cinquantaine d’installations et nous enregistrons une progression de 15 % chaque trimestre », se félicite François Bellini, responsable des ventes en France de Fluidmesh, qui propose des solutions sans fil sécurisées pour réseaux point à point, multipoint et maillés (Mesh). Intérêt, si un point d’accès tombe en panne, l’image transitera par un autre point. Principale force de ses produits fonctionnant sur des fréquences libres de 5,4 à 5,8 gigahertz, tels que les 1 100 Mito et 3 100 Mito, c’est d’intégrer dans leur boîtier une antenne, ce qui permet de les installer simplement et rapidement sur les toits, les mats ou les candélabres. Ces transmetteurs délivrent un débit allant jusqu’à 100 mégabits (Mbps) pour une distance inférieure à 10 km. La vitesse tombe après à 30 Mbps au-delà de 30 km et à 15 Mbps pour 50 km. Particularité, l’entreprise ne paie que ce qu’elle consomme. Par exemple, pour un débit d’1 Mbps, elle paiera 370 euros. « Si elle veut rajouter des caméras, elle devra payer les droits afférents pour avoir des débits supérieurs ».

Veiller à la qualité et à la performance des matériels de transmission ne garantira pas forcément une bonne installation. « Les professionnels ne sont pas toujours bien formés, ce qui nous amène à réaliser nous-même les pré-études radios afin de sélectionner les points hauts », indique Jean Marc Coutellier de Magsys qui propose aux intégrateurs de prendre en charge la mise en service des équipements pour garantir le bon fonctionnement du réseau.

 

Un boîtier de protection 

tout-en-un

Confrontée à la concurrence des antennes radio, la transmission 3G intégrée n’a bien sûr pas dit son dernier mot. En témoigne le Britannique Wireless CCTV avec ses dômes tout-en-un intégrant une caméra PTZ pilotable à distance, un enregistreur local et le système de transmission. Citons également ses tours et ses boîtiers de protection qui se connectent à une à quatre caméras. Cette année, le fabricant lance d’ailleurs un nouveau boîtier baptisé « Drop Box » qui permet de faire de la vidéosurveillance sans fil, dans les villes et sur les chantiers notamment. Installé de préférence en hauteur, le boîtier comporte un enregistreur ainsi qu’une caméra cachée et orientable à distance qui enregistre les vidéos. Lesquelles sont visualisables et téléchargeables à distance grâce aux réseaux de téléphonie mobile, et ce, depuis n’importe quel endroit et sur n’importe quel support (PC, Iphone, Ipad, etc.). Comme un ordinateur, la Drop Box dispose d’une adresse IP fixe qui supporte jusqu’à six connexions simultanées. Autre point fort, le système peut fonctionner sur secteur ou sur batterie.

© Eliane Kan/Agence TCA.

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