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La lumière bleue remet les pendules à l’heure

Des chercheurs de l’Inserm ont démontré que dans un environnement de faible luminosité, la lumière enrichie en bleu est capable d’assurer une bonne synchronisation du rythme biologique.

L’horloge biologique est le système grâce auquel notre organisme régule nombre de nos fonctions vitales sur une période d’environ 24h. Située au cœur du cerveau, celle-ci est composée de 20.000 neurones et contrôle le cycle éveil/sommeil, la température corporelle, le rythme cardiaque, la délivrance d’hormones, etc. Mais en fait, le cycle imposé par l’horloge interne dure spontanément entre 23h30 et 24h30, selon les individus. La lumière du soleil aide notre organisme à corriger cette durée et le synchronise aux 24h. Or, au cœur de l’hiver polaire, le soleil ne se lève pas pendant trois mois.

A ce sujet, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mené une étude sur des membres de la station scientifique polaire internationale Concordia. « Nous nous sommes intéressés aux symptômes de ces travailleurs, privés de toute lumière solaire en Antarctique : décalage de leur rythme de sommeil, troubles digestifs, problèmes cognitifs, altérations des fonctions cardio-vasculaires, parfois même dépression. Nous nous sommes aperçus que la lumière artificielle standard à laquelle ils étaient exposés était inefficace en terme de synchronisation du cycle circadien », explique Raymond Najjar, chercheur en neuro-sciences et premier auteur de l’étude.

Lumière bleue vs lumière blanche. Ils ont alors été exposés alternativement à une lumière blanche standard et à une lumière blanche enrichie en longueurs d’ondes bleues – pourtant perçue comme blanche à l’œil nu. « Nous avons ainsi observé une augmentation du temps de sommeil, une meilleure réactivité et une plus grande motivation pendant les semaines  »bleues » et aucune perturbation de rythme. En revanche, l’horloge biologique des membres avait tendance à se décaler les semaines  »blanches » », poursuit le chercheur. L’efficacité d’un tel éclairage repose sur l’activation des cellules ganglionnaires à mélanopsine, découvertes en 2002 dans la rétine. Ces cellules photoréceptrices transmettent l’information lumineuse vers de nombreux centres du cerveau et sont plus sensibles à la lumière bleue.

Dans des environnements de travail dans lesquels l’intensité lumineuse est insuffisante (stations scientifiques polaires, centrales thermiques et nucléaires, centre spatiaux, bureaux aveugles, sous-marins, etc.), ces résultats pourraient aider à développer le design de stratégies lumineuses destinées à maintenir la santé, la productivité, et la sécurité des personnels. « En pratique, il suffit de remplacer l’ampoule de notre bureau par une ampoule enrichie en bleu, disponible d’ores et déjà sur le marché », conclut Raymond Najjar.

Caroline Albenois

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