Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Guillaume Charon (Genetec) : « Nous nous orientons vers le Cloud »

Interview du responsable France de Genetec, éditeur québécois de solutions de sécurité qui emploie 550 salariés, dont une soixante à Paris, siège de son activité européenne.

Quels sont les produits phare de votre société ?
Commençons par  »Security Center ». Il s’agit d’une plate-forme unifiée de fonctions de sécurité. En effet, celle-ci intègre des applications et des technologies sur le réseau IP (Internet Protocol) comme la vidéosurveillance avec notre logiciel  »Omnicast », l’interphonie avec  »Sipelia » ainsi que  »Autovu », un logiciel de reconnaissance de plaques minéralogiques. A côté de cela, nous avons aussi en portefeuille l’application  »Plan Manager » qui propose une puissante interface graphique dotée d’une cartographie numérique.
Qu’entendez-vous par là ?
Cette application provient du rachat, en 2011, de la société française Sipelia à Paris. C’est d’ailleurs ce qui a justifié notre implantation européenne à Paris où se trouve notre activité de R&D pour l’Europe.  »Plan Manager » sert à positionner sur le plan d’un stade de foot, d’une ville ou d’un établissement les différents équipements de sécurité qui s’y trouvent physiquement : caméras de vidéosurveillance, portes de contrôle d’accès, portes connectées… L’opérateur clique dans une rue ou sur une zone et tous les équipements de sécurité apparaissent dans l’état où ils se trouvent. On peut donc voir ce que voit la caméra ou lui donner des ordres, par exemple celui de zoomer ou de déplacer son focus. Cette interface graphique par cartographie numérique rend le métier d’agent de surveillance beaucoup plus intuitif. Sans cela, l’agent de sécurité est obligé de connaître le numéro de chaque caméra et l’appeler pour accéder à la scène. Par ailleurs, l’opérateur voit également dans quel état se trouvent les équipements de sécurité qu’il localise sur la cartographie : telle porte est fermée mais telle autre est ouverte.
Est-ce, en quelque sorte, une aide à la décision ?
Nous poussons l’information vers l’opérateur. Comme il y a de plus en plus d’informations à traiter, il faut l’amener d’une manière ergonomique, d’où les aspects graphiques et cartographiques. En ce qui concerne l’aide à la décision, il y a d’abord l’établissement de scénarios en fonction des alarmes. C’est à partir de cela que l’opérateur peut décider d’envoyer, par exemple, une équipe d’intervention sur site.

En général, les opérateurs connaissent bien leur réseau de caméras… Pourquoi auraient-ils besoin d’une cartographie numérique ?
On s’en sert pour la gestion des stade de foot car l’UEFA (Union of European Football Associations) ainsi que la Ligue de football ont imposé l’utilisation de telles cartographies numériques pour l’exploitation de systèmes de vidéosurveillance. En voici l’explication : chaque stade est occupé une fois par semaine. Les opérateurs n’ont pas le temps de s’approprier la connaissance du système de vidéo surveillance.
Pouvez-vous citer quelques clients ?
En Europe, 1 aéroport sur 4 est équipé de  »Plan Manager ». En France, nous avons vendu cette solution à une centaines de municipalités ainsi qu’à une dizaine de stades Dont le Stade de France !
Quelle est votre actualité ?

Il nous manquait l’interphonie. Cette lacune est désormais comblée avec  »Sipelia » notre solution d’interphonie développée avec le protocole SIP (Session Initiation Protocol). L’intérêt, c’est l’agent de sécurité puisse utiliser l’interphonie tout en restant dans le système d’information de sécurité qu’il connaît déjà. D’ailleurs, les plates-formes unifiées de sécurité commencent à atteindre leur pleine maturité dès lors qu’elles sont à même de gérer l’alarme intrusion (y compris s’il s’agit d’appuyer sur le bouton-poussoir d’un interphone), la levée de doute vidéo et l’interphonie audio ainsi que l’ouverte du système de contrôle d’accès. Cette évolution technologique a été rendue possible par l’adoption de plus en plus généralisée sur protocole réseau IP par les fabricants d’équipements de sécurité.
Les fabricants d’équipements, notamment Canon et son rachat tonitruant de Milestone, vont également sur le terrain des plates-formes unifiées. Y a-t-il encore de la place pour un éditeur ?

Oui. Nous restons un éditeur. En revanche, notre logiciel doit être compatible avec le maximum d’équipements qui sont sur le marché. Par exemple avec les solutions d’interphonie de Castel. Concernant Canon et Milestone, ce tandem n’en est pas encore à intégrer le contrôle d’accès et l’interphonie. La stratégie d’un fabricant reste lancer des produits. Nous, éditeurs, sommes plus réactifs.
Vers quelles évolutions vous dirigez-vous ?
Dans nos métiers, le réseau IP évolue vers les Data Centers et le Cloud.
Quel en est l’intérêt ?
Gérer les serveurs revient beaucoup plus cher en interne que lorsqu’ils sont mutualisés dans un Data Center. A cet égard, notre plate-forme Security Center s’installe aussi bien sur un serveur sur site que dans le Cloud qu’il soit public, privé ou hybride. Dans le Cloud, il récupère les données locales pour ensuite les stocker dans 1, 2 ou 3 Data Centers. Le tout en fonction des réglementations locales.
C’est-à-dire ?
En France, un ERP doit stocker ses données, notamment les données de vidéosurveillance, localement ou dans un Cloud privé ou dans un Cloud hybride : les données vidéo de la semaine en cours sont stockées localement tandis que les vidéos des 3 semaines précédentes peuvent être déportées – avec une qualité d’image moindre afin de réduire les coûts – dans un Cloud public mutualisé. Les réglementations changent selon les pays. Aux Pays-Bas, un ERP peut stocker ses données dans un Cloud public. En revanche, un site privé français peut stocker ses données de vidéosurveillance dans un Cloud public.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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