Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Des réseaux sociaux pour se prémunir contre les cambriolages et donner l'alerte

Contre les cambriolages, l'union fait la force. C'est en tout cas le crédo d'eyesHelp et Agiopa, deux réseaux sociaux opérés en France. Le premier vise les particuliers et les entreprises tandis que le second concerne uniquement les professionnels. Ces initiatives sont encouragées par les villes qui y voient un moyen supplémentaire de réduire les risques de délinquance.

En cas de cambriolage, prévenir le voisinage peut limiter les risques que de nouveaux vols ne surviennent dans la foulée. C’est du moins l’argument invoqué par ces nouveaux réseaux sociaux dédiés à la sécurité des biens et des personnes. A l’instar d’eyesHelp, une application mobile lancée en septembre dernier et Argiopa, un site Web créé en 2013 par Frédéric Becel, commandant de police et chef d’état major du département du Tarn. « Notre site s’adresse aux commerçants et à tous les professionnels qui exercent des activités sensibles à la malveillance sous toutes ses formes, telles que le vol de métaux sur les sites de récupération et de valorisation des déchets ou le vol d’engins sur les chantiers », indique ce dernier qui est aussi président de l’association Argiopa.

Cet organisme sans but lucratif a été créé en septembre dernier afin donner un coup d’accélérateur au réseau social éponyme qui compte, pour l’heure moins, d’une centaine de membres. Chaque Argionaute paie une dizaine d’euros par mois pour accéder au site auquel sont reliés gratuitement les maires et les Forces de l’ordre. Opérant sur toute la France, Argiopa a pour originalité de raisonner par code APE et par géolocalisation. Ce qui présente l’avantage de cibler les messages d’alerte et les conseils de prévention en tenant compte de l’activité professionnelle des Argionautes. Quant à ces derniers, ils peuvent signaler les circonstances d’un vol dont ils sont victimes en décrivant de manière très précise les malfaiteurs ainsi que les biens concernés par le préjudice, grâce à une fonctionnalité dédiée.

Aide au portrait-robot. Il suffit de cocher des cases ou des menus déroulants, par exemple sexe, tranche d’âge, taille, couleurs des yeux, etc., afin de bâtir le descriptif des individus. Un champ libre permet de peaufiner la description en y ajoutant par exemple certains détails comme la présence de tatouage, piercing, etc. Idem pour les véhicules utilisés pour commettre le cambriolage. L’Argionaute pourra en communiquer les caractéristiques comme le numéro d’immatriculation, même partiel. En revanche, il ne pourra pas fournir des images de vidéosurveillance (c’est interdit par la Cnil) mais il pourra indiquer dans sa déclaration qu’il les tient à la disposition des Forces de l’ordre.

Dans sa toute prochaine version, les argionautes pourront rédiger directement depuis le réseau des « Lettres plaintes » à destination du parquet afin de dénoncer notamment de plus petits délits. Comme des vols à l’étalage dans les magasins. Autre avantage du réseau, une fois l’alerte saisie, l’Argionaute peut décider de diffuser son signalement aux seuls professionnels de son secteur et de sa ville ou l’étendre au niveau régional. Dans certains cas, l’alerte sera aussi étendue au niveau national.

Outil statistique en 2016.« Avec notre réseau social, nous contribuons à raccourcir le temps de réaction des professionnels qui peuvent ainsi anticiper les actes de malveillance », estime le président d’Argiopa qui est par ailleurs formateur et consultant en prévention de la malveillance, intelligence économique et cybercriminalité. Dans les versions ultérieures du site, il est prévu d’ajouter un outil statistique qui permettra d’identifier les produits les plus ciblés par les malfaiteurs et les nouveau modes opératoires.

« Le réseau social a été financé jusqu’à présent sur fonds propres mais nous prévoyons de solliciter les fonds interministériels de la prévention de la délinquance », indique Frédéric Becel dont le site a été développé par Interopsys, un éditeur de logiciels d’interopérabilité créé par deux ingénieurs de l’Ecole des Mines d’Albi, docteurs en informatique. C’est d’ailleurs cette entreprise qui maintient et héberge le réseau social.

Autre initiative phare dans le domaine des réseaux sociaux dédiés à la sécurité des personnes et des biens, EyesHelp est opéré pour sa part par l’entreprise Gamox. A la différence d’Argiopa, il s’agit d’une application anonyme et téléchargeable gratuitement sur l’App Store et Google Play. « Notre idée est partie du constat qu’après un cambriolage, il n’est pas aisé pour les victimes d’avertir le voisinage », explique Marc Nguyen, un des cofondateurs de Gamox créée à Carcassonne en décembre 2014 avec quatre autres particuliers. Ce pool d’actionnaires a levé auprès d’investisseurs 295,000 euros afin de développer l’application. Laquelle a été réalisée par une entreprise de services informatiques.

3 villes pilotes. « Cette application s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises de télésurveillance qui pourront en temps réel alimenter leurs systèmes d’information et aussi aux autres entreprises qui souhaitent responsabiliser leurs employés à la sécurité de leur lieu de travail», poursuit le porte parole de Gamox qui a lancé l’application sur trois villes pilotes (Carcassonne, Montpellier et Nantes). Gratuite pour les particuliers, le service est facturé 3 euros par mois pour les entreprises.

En septembre dernier, le réseau qui a pour ambition d’apporter une protection mutuelle, participative et solidaire comptait déjà quelques centaines de membres. Ces derniers s’inscrivent uniquement à l’aide de pseudonymes, pour plus de sécurité. Avec l’appli mobile eyesHelp, ils peuvent lancer des SOS auprès de la communauté d’Helpers ou signaler un cambriolage ou une activité suspecte comme la présence inhabituelle d’individus ou de véhicules avec la possibilité de poster des photos. Enfin, ils disposent aussi d’une alerte pour signaler la disparition de personnes, d’animaux ou d’objets à un endroit précis. « Cette fonction permet également de signaler les animaux et les objets trouvés », indique le co-fondateur de Gamox qui prévoit de s’étendre à l’international en 2016.

Eliane Kan

eyesHelp s'adresse aux particuliers
et aux entreprises. (c) Gamox
eyesHelp s’adresse aux particuliers
et aux entreprises. (c) Gamox

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