Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Des formations diplômantes pour les préventeurs

L’école des Mines ParisTech et l’Afnor viennent de lancer deux formations diplômantes en direction des préventeurs. Objectif, les aider à améliorer la conformité réglementaire de l’entreprise et de mieux prévenir les risques.

Le manque de performance en matière d’environnement, hygiène et sécurité peut coûter cher aux entreprises. Son coût est estimé entre 3 % et 5 % du chiffre d’affaires des grandes organisations. Pis : en cas d’accident mortel ou de catastrophe environnementale, les dirigeants peuvent voir leurs responsabilités civile et pénale engagées s’ils ne peuvent démontrer qu’ils ont tous mis en œuvre pour prévenir de tels risques. Une mission qui revient aux préventeurs. Cette appellation recouvre différents métiers, à commencer par les animateurs sécurité, les responsables sécurité et santé au travail, et les directeurs hygiène, sécurité au travail.
Deux formations diplômantes
Ces professionnels sont chargés de veiller à la conformité réglementaire de l’entreprise, de mener l’analyse des risques, d’entreprendre des investigations en cas d’accident et de traiter des nouveaux dangers (entre autres, la pénibilité au travail et les facteurs psychosociaux).
« Ils ont, en plus, des missions transverses d’information, de sensibilisation et de formation des salariés de l’entreprise », rappelle Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les risques et les crises (CRC) des Mines ParisTech. La grande école vient tout juste de lancer avec le groupe Afnor deux formations en direction des préventeurs, qui aboutiront à la délivrance d’un  »Bilan d’aptitude délivré par les grandes écoles » (Badge). L’une concerne le management des conformités réglementaires et des risques EHS (environnement, hygiène et sécurité) et l’autre porte sur le management et l’audit des systèmes de gestion des risques EHS. « La première vise à aider le préventeur à mettre en place une politique EHS tandis que la seconde va l’aider à déployer et animer des systèmes de management EHS », résume Franck Guarnieri.

Evolution des outils métiers
Le contenu de ces formations répond aux besoins des préventeurs qui ont été détectés à l’occasion de deux études menées conjointement par Mines ParisTech avec deux partenaires. A savoir, le groupe Afnor et la société Preventeo, éditeur français de logiciels de management intégré des risques (santé et sécurité au travail, environnement, sécurité industrielle, contrôle interne…). La première enquête, publiée en novembre 2010, a été réalisée auprès de 803 préventeurs. L’étude révèle la difficulté pour ces professionnels de maîtriser la conformité réglementaire même en étant outillé d’un logiciel métier. Et ce, alors que ces produits ont beaucoup évolué ces cinq dernières années.
« Au départ, les préventeurs utilisaient des outils assez rustiques de type tableur bureautique avec lesquels ils réalisaient leur grille d’évaluation et le suivi de leur plan d’actions en collaboration, plus ou moins marquée, avec un bureau de contrôle et de conseil », rappelle le directeur du CRC. Depuis trois à cinq ans, avec l’évolution de l’informatique, notamment le Web 2.0 et le Cloud Computing, la profession de préventeur a bénéficié de l’apport des bases de données publiques (comme celles de l’INRS ou du Journal Officiel) mais aussi de nouveaux outils logiciels pour la maîtrise des conformités réglementaires ou d’analyse des risques. Sans oublier l’arrivée très récente d’applications pour gérer les enquêtes portant sur les accidents, etc. « L’intérêt pour les préventeurs est d’avoir une vision de leurs problématiques métier à 360°, le tout intégré et géré au sein d’un workflow [processus métier collaboratif informatisé, NDLR] performant. »

Cloud Computing
Historiquement, les grandes entreprises avaient développé leurs propres outils maison qu’elles abandonnent progressivement en faveur d’applications désormais disponibles sur le Cloud. Parmi les éditeurs spécialisés, citons Preventeo, Red on Line ou Enablon.
« Les logiciels du marché facilitent le processus de veille, d’audit , de reporting et de partage d’information mais ils invitent aussi le préventeur à mettre en relation l’activité de son entreprise avec la réglementation applicable aux activités à risques », souligne le directeur du CRC. En suivant ces formations, les préventeurs vont disposer de repères théoriques et méthodologiques pour apprendre à mieux faire leur veille, à utiliser les outils pour se mettre en conformité et à développer des outils de partage d’information aux fins d’améliorer la maîtrise de la conformité.

Savoir utiliser la jurisprudence
Toutes les entreprises sont concernées. Même celles qui sont déjà certifiées Iso 14000 ou OHSAS 18000. En témoigne la seconde enquête menée, là encore, par Preventeo, groupe Afnor et Mines ParisTech, l’an dernierg auprès de 830 préventeurs appartenant à des entreprises de la construction et de l’industrie ayant plus de 50 salariés. A la question peut-on être en non-conformité par rapport à la législation tout en étant certifié, 78 % ont répondu par l’affirmative. « Pas étonnant. Car il existe un malentendu sur les apports de la certification », soulève Franck Guarnieri. « Etre certifiée ne garantit pas que l’entreprise respecte la réglementation. » Autre constat de l’étude, qui sera rendue publique en fin d’année, les préventeurs connaissent la jurisprudence mais ne savent pas forcément comment bien l’utiliser. Un besoin auquel répondra la formation sur la conformité réglementaire qui amènera les préventeurs à être mieux à même de traiter les problèmes de maîtrise de conformité et à utiliser la jurisprudence.

250 heures
D’une durée chacune de 250 heures réparties sur 30 jours, ces deux formations en alternance sont accessibles aux titulaires d’un diplôme de niveau supérieur ou égal à bac+4 en rapport avec l’intitulé de la formation. Egalement éligibles, les candidats disposant d’un diplôme de niveau supérieur ou égal ou bac +2 et qui possèdent une expérience d’au moins trois ans en rapport direct avec l’intitulé de la formation. « La formation est aussi ouverte aux titulaires du baccalauréat qui justifient d’une expérience professionnelle significative d’au moins cinq années en rapport direct avec l’intitulé de la formation », indiquait Valérie Sanseverino-Godfrin, du CRC de Mines ParisTech lors de la présentation des formations Badge. Une initiative soutenue par plusieurs grandes entreprises. Parmi lesquelles Air France, Alcatel-Lucent, GRDF, L’Oréal, Eurocopter, Vinci…
Eliane Kan / Agence TCA-innov24

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