Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Nourrir le sentiment d'appartenance des salariés en télétravail

Les collaborateurs craignent que le télétravail les isole de leur collectif de travail. Il est important de prévenir cette perte du lien social. Il y va de leur santé et du maintien de leur sentiment d’appartenance à l’entreprise.

Le télétravail est fortement encouragé par le gouvernement qui entend ainsi limiter la propagation du Covid-19. Or, si cette forme de travail est appréciée par huit cadres sur dix*, elle ne fait pas l’unanimité chez les salariés. Et notamment lorsque le télétravail leur est imposé. En cause, les difficultés techniques pour accéder aux données mais aussi l’insuffisance des conditions de travail à domicile. Autres raisons invoquées, le poids de la solitude, la perte des repères, le manque de lien social et du sentiment d’appartenance à l’entreprise.

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70% des jeunes en télétravail souffrent de détresse psychologique. © Nik Shuliahin / Unsplash

Les jeunes en détresse psychologique

Des difficultés qu’éprouvent en particulier les Millennials de moins de 35 ans. A commencer par ceux qui viennent de se faire embaucher dans l’entreprise. Avec le télétravail, ils ont plus de difficulté pour intégrer les codes de l’entreprise et de se faire leur réseau. Autant de raisons qui font que 70% des télétravailleurs de moins de 29 ans souffrent de détresse psychologique. Un pourcentage deux fois plus élevé que chez les 50-59 ans. C’est du moins ce que rapporte un sondage d’OpinionWay réalisé du 2 au 9 décembre dernier auprès de quelques 2 000 salariés français.

Crainte de perdre le lien social

Les Millennials ne sont pas les seuls à redouter les effets du télétravail imposé. C’est aussi le cas des salariés qui craignent de perdre le lien avec leur collectif de travail. Un risque que les employeurs doivent prendre en compte comme le préconise l’accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail signé en novembre dernier. Ce texte rappelle que la prévention de l’isolement social participe à la fois à la santé du salarié mais aussi au maintien du sentiment d’appartenance à l’entreprise. Cette question doit être prise en compte dès lors que l’entreprise met en place le télétravail. « Cela participe de la responsabilité sociétale de l’entreprise », soulignent les auteurs de ce texte.

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Celicat Thellier : « Le télétravail implique une formation des managers. © ChooseMyCompany

17% de détracteurs au télétravail

Parmi les principales difficultés rencontrées par les salariés en télétravail, le sentiment d’isolement vient d’ailleurs en seconde place, selon l’étude menée en 2020 par ChooseMyCompany. Plus de 6 500 collaborateurs provenant de plus de 150 entreprises y ont participé. Une majorité soit 66,5 % se déclarent satisfaits tandis que 17 % s’y déclarent opposés. « Les détracteurs mettent en cause la qualité des outils de communication et le manque de soutien managerial », rapporte Celica Thellier, cofondatrice de la startup ChooseMyCompany. Cette dernière recommande aux entreprises d’investir dans la formation des managers. Ce qui leur permettra d’assurer un suivi de proximité des membres de leur équipe. Et d’interagir régulièrement et de manière très structurée avec eux.

Des pistes pour entretenir le sentiment d’appartenance

« Les managers doivent aussi encourager les échanges et l’entraide entre pairs », recommande de son côté Caroline del Torchio, co-auteure avec Thibaud Brière du livre 10 clés pour préparer mon entreprise au travail à distance. Dans cet ouvrage publié en janvier dernier aux Éditions Eyrolles, les deux auteurs proposent des pistes pour entretenir le sentiment d’appartenance.

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Caroline del Torchio : « Le manager doit encourager les échanges ». © DR

Des réunions plus fréquentes, plus courtes

Ils préconisent d’organiser des réunions plus fréquentes, plus courtes, animées de manière plus participative mais avec moins d’intervenants. Ils encouragent aussi les entreprises à trouver un bon équilibre entre le présentiel et le télétravail. « Il faut inciter les équipes à se retrouver régulièrement en présentiel », résume Caroline del Torchio. Avec Thibaud Brière, cette consultante en RH estime que ce n’est pas le télétravail qui altère les collectifs de travail. « Lorsque ces derniers sont dégradés, c’est pour des raisons antérieures. Notamment à cause du rythme de travail extrêmement élevé qui ne favorise pas la coopération et de l’individualisation des performances », souligne l’autrice en estimant que « la généralisation du télétravail ne fait que révéler une situation d’affaiblissement des collectifs. Il ne la crée pas. »

Enquête annuelle pour être au plus près des salariés

Une opinion que partageront sûrement les entreprises qui ont une longue culture du télétravail. À l’instar de NetApp, une entreprise d’origine américaine spécialisée dans le stockage des données dans le Cloud. En 1996, cette compagnie a créé sa filiale française qui rassemble 140 collaborateurs. Répartis sur tout le territoire, ses cadres travaillent à distance et en binômes. Ils gèrent de manière autonome leur organisation et leur temps de travail. Particularité de l’entreprise, elle a longtemps figuré à la première place des entreprises où il fait bon travailler. Ce qui l’a amenée à mener des enquêtes annuelles afin d’être au plus proche des besoins de ses salariés.

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Atika Salaf DRH de Netapp : « Nous avons mis en place une plateforme de prévention des risques RPS. © DR

Taux d’absentéisme inférieur à 2 %

« Grâce à cette proximité, nous avons un taux de satisfaction de 91 % », souligne Atika Salaf, DRH NetApp France. Le taux d’absentéisme est inférieur à 2 %. Ce score résulte des efforts menés par l’entreprise notamment pour entretenir le sentiment d’appartenance de ses salariés. En effet, chaque manager met en place des pauses café et des réunions virtuelles via Zoom. Ce qui lui permet d’organiser des moments conviviaux. Par exemple des apéros et des petits-déjeuners. L’occasion aussi de célébrer des anniversaires ou des succès remportés par l’entreprise. Atika Salaf ne cache pas pour autant les difficultés survenues lors du deuxième confinement. Certains de ses collaborateurs ont souffert d’isolement et d’ennui. Ce qui a conduit l’entreprise à multiplier les cafés virtuels. Mais aussi à mettre en place une plateforme de prévention des risques psychosociaux. Chaque collaborateur a ainsi droit à dix consultations auprès d’un psychologue ou de tout autre intervenant. De quoi apaiser les craintes et contribuer au bien-être de ses salariés.

Eliane Kan

* selon une enquête de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec)

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