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Alerte et levée de doute sur mobile : la vidéosurveillance de poche et d’appoint

Désormais matures, les applications mobiles investissent le territoire de la vidéosurveillance avec succès. Pour assister la prise de décision en cas d’événement, les solutions conjuguent simplicité et souplesse d’utilisation.

Aujourd’hui, les flux d’informations voyagent sans effort, avec une efficacité croissante en qualité comme en rapidité de transmission. Il suffit désormais d’effleurer la surface d’un écran mobile pour voir s’ouvrir un monde de possibilités. Chaque jour, tous les utilisateurs de téléphones portables découvrent de nouveaux moyens d’accéder à l’information, d’agir à distance sur leur quotidien, mais aussi sur la sécurité de leur entreprise ou de leur domicile. Le mobile a donc largement acquis sont autonomie de fonctionnement et permet maintenant d’accueillir des applications réellement en phase avec les évolutions des technologies et des comportements. Car tout incite en effet à « penser mobilité ».

 

« L’informatique mobile a tendance à se généraliser à toutes les strates d’utilisateurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers, confirme Philippe Giraud (Avideon). Les produits de vidéosurveillance sur téléphone portable arrivent en toute logique sur le marché ».

 

Pour les solutions de vidéosurveillance sur mobile, le terrain semble donc mature. Comme le rappelle Patrick Haddad, président de la société Neion Graphics, « au moment du lancement de notre première gamme d’applicatifs, en 2004, les capacités du réseau GPRS étaient de 20 à 40kb/s. Au début, le téléphone mobile était utilisé comme un modem, il devait être relié à un PDA par une liaison bluetooth. Les choses ont beaucoup évolué, si bien qu’aujourd’hui, on trouve des smartphones performants, dotés de grands écrans et associés à des débits mobiles bien supérieurs, de 300 à 800 kb/s. »

Le mobile : réel outil de vidéosurveillance…

 

À la fois support de réception d’informations et organe de commande, le mobile est un outil permettant de recevoir des alertes comme d’en vérifier le bienfondé à travers les images fournies par une caméra via une connexion wifi ou un réseau GPRS, 3G, 3G +, UMTS. En tant que support de réception d’informations, un terminal mobile permet de recevoir des alertes sous forme de SMS, de MMS ou d’e-mail. Lorsqu’un événement est identifié (par le système d’alarme ou une simple caméra équipée d’un détecteur de mouvement), l’utilisateur reçoit une séquence d’images fixes ou une séquence vidéo et procède à la levée de doute. Le mobile intervient alors en tant qu’organe de commande dans la vérification de l’événement. Comme le résume Sylvain Lemanski (Domus Technologie), à propos de l’application Domus Home Security, « l’interface mobile permet aujourd’hui de prendre en charges les fonctions élémentaires du pilotage de caméra : mouvement, zoom, présélections PTZ, activation/désactivation de détection. Ensuite, il est possible d’agir sur des fonctions plus spécifiques, comme le déclenchement d’un éclairage dissuasif ou d’une piste audio pour l’interpellation. Ces capacités de gestion sont dépendantes des spécificités des caméras employées. Certaines d’entre elles intègrent des capteurs de température ou des détecteurs de coupure de courant et envoient des alertes sur mobile lorsqu’une anomalie survient. »

Appliqué à la vidéosurveillance, le mobile est donc un outil aux atouts incontestables. Multi-caméras, multi-sites, possibilités de diffusion en temps réel… les solutions présentes sur le marché favorisent en effet la prise de décision et comblent pour partie les besoins de vigilance ou de réassurance de l’utilisateur.

« La vidéosurveillance mobile n’est pas taillée, à l’heure actuelle, pour effectuer de la surveillance permanente »

 

 

Un marché appelé à se développer

Le marché des applications de levée de doute vidéo sur mobile est donc appelé à croître, poussé par la rapidité de développement des applications pour le marché professionnel, comme pour celui du particulier. Si l’échelle des besoins diffère entre les deux types d’utilisateurs, la réponse technologique reste la même : la conservation d’un lien permanent avec le site surveillé, la possibilité d’être alerté et de pouvoir procéder à une levée de doute. L’éventail des fonctionnalités associées à ces performances varie d’une solution à l’autre et un nombre croissant d’acteurs propose son interprétation sur ce marché extrêmement réactif qu’est celui des applications pour mobile. Dynamique, en évolution constante, le marché de la vidéosurveillance mobile est constitué de 3 types d’intervenants : les fournisseurs de solutions globales de vidéosurveillance qui ont intégré une application complémentaire de levée de doute à distance. Les développeurs spécialistes, sociétés informatiques dont l’offre, packagée ou non, est compatible avec plusieurs marques de caméras (Axis, Sony, Mobotix, Panasonic). Enfin, les opérateurs de téléphonie mobile (SFR, Orange), dont les services numériques s’enrichissent d’une offre de vidéosurveillance à destination des abonnés.

… ou solution complémentaire de visualisation ?

 

Fort de ses capacités, le mobile est-il pour autant un outil de vidéosurveillance à part entière ? Dans la mesure où le mobile permet de conserver un lien visuel et permanent avec un site surveillé, il constitue un équipement dont on imagine mal devoir se passer à l’avenir. Mais si l’on considère que cette consultation à distance reste tributaire de contraintes comme la qualité du réseau, il paraît légitime de nuancer ses performances.

 

> Matthieu Thaller (TEB) : « L’éventail de capacités d’un mobile reste subordonné à l’efficacité de la connexion. Les fonctions de relecture ou de télémétrie seront difficilement exploitables si le temps de latence est important, par exemple. En matière de visualisation, les résultats sont donc variables. C’est pour cette raison que notre système PrynPocket permet d’agir manuellement ou automatiquement sur le taux de rafraîchissement des images. En effet, si le réseau est suffisant, l’image va se rafraîchir convenablement. Si la bande passante est faible, la lecture sera perturbée par un rafraîchissement constant de l’image. Avec pour conséquence l’impression que l’image ne change pas alors qu’il y a du mouvement. Dans ce cas, il est préférable d’opter pour un rafraîchissement manuel, quitte à rebasculer en rafraîchissement automatique lorsque les conditions sont meilleures. »

 

> Philippe Giraud : « Il faut bien reconnaître qu’il existe des différences dans la transmission des données, suivant qu’on utilise un réseau GPRS ou un réseau Edge, 3G, 3G+, UMTS… L’utilisateur se retrouve parfois avec une cadence de 3ips, au mieux de 6 ips… Il est encore impossible de rivaliser avec un système de vidéosurveillence doté d’un réseau IP digne de ce nom. Il reste bien sûr à faire évoluer les réseaux, comme à optimiser les technologies de compression. Le H.264 fait évoluer les performances, mais peut-être faudrait-il davantage parier, à l’avenir, sur le développement du protocole RTSP (Real Time Streaming Protocol). Cette technologie de transmission de flux de données permet de véhiculer de la vidéo non encapsulée, c’est-à-dire dans son état natif. On fait ainsi l’économie du temps de latence lié aux opérations de compression/décompression. C’est un protocole de diffusion en temps réel qui a l’avantage d’optimiser le transfert d’images, certes de plus petite taille, mais avec une rapidité très satisfaisante. L’intérêt réside aussi dans la facilité de connexion : il suffit de rentrer l’URL d’une caméra pour y accéder. La version 6.5 de Windows Mobile comporte un lecteur RTSP, appelé « lecteur de média en continu ». Bien sûr, il faut pouvoir disposer de caméras compatibles, c’est-à-dire équipées d’un serveur web intégré leur permettant d’exploiter ce protocole de diffusion. Megavision, Sony, Mobotix sont des fabricants qui proposent des solutions de diffusion RTSP. »

 

Mais, pour le moment et dans le cadre de besoins professionnels de sécurité, la vidéo mobile ne peut pas encore mener à bien des missions de surveillance permanente (cf. encadré ci-dessous : Impossible de se substituer à PC permanent).

PrynPocket de TEB permet d’agir manuellement ou automatiquement sur le taux de rafraîchissement des images.
PrynPocket de TEB permet d’agir manuellement ou automatiquement sur le taux de rafraîchissement des images.

Impossible de se substituer à un PC permanent

« La vidéosurveillance mobile n’est pas taillée, à l’heure actuelle, pour effectuer de la surveillance permanente, confirme Matthieu Thaller. Pour le responsable d’un site, il s’agit de disposer d’une solution complémentaire de visualisation. Dans ce cadre précis, le mobile se révèle un outil de gestion particulièrement efficace. Notre solution de gestion à distance PrynPocket se révèle par exemple très utile pour les professionnels de la sécurité qui souhaitent faciliter la levée de doute lorsqu’ils sont d’astreinte. Mais de manière générale, en tant que fournisseur de solutions globales pour les professionnels, nous appuyons la préconisation sur des solutions de gestion distante plus puissantes, via PC, avec un réseau plus performant et des possibilités réelles d’exploitation. »

 

Comme le remarque Philippe Giraud, « l’utilisation d’un terminal mobile permet d’optimiser le traitement de l’information à tout moment. Par exemple, un mobile peut-être utilisé efficacement par un gardien lors de ses rondes. Avec l’application AviPDA, il dispose d’un moyen de visualisation très pratique pour ne pas avoir à effectuer systématiquement une levée de doute physique quand, par exemple, un individu se présente à un accès. Il peut également autoriser l’accès à un point d’entrée une fois que l’individu est identifié. Selon nous, pour des besoins professionnels, il s’agit davantage d’une solution de confort. En définitive, lorsque nous équipons nos clients, nous restons clairs quant aux enjeux d’une application de vidéosurveillance sur mobile : une solution d’appoint pour la levée de doute à distance, qui ne doit pas se substituer à une gestion via un PC connecté à un réseau Adsl plus performant. »

De la vidéosurveillance à la « vidéosérénité »

 

Employée dans le cadre de besoins étendus et permanents, la vidéosurveillance sur mobile reste donc à considérer comme une solution ponctuelle d’alerte et de levée de doute. Mais quelles sont ses applications dans un cadre moins exigeant, lorsqu’un particulier, un commerçant, un restaurateur souhaite s’équiper d’une solution de gestion vidéo distante ?

 

« L’objectif est davantage la réassurance qu’une réponse à un besoin de sécurité. La vidéosurveillance est perçue ici comme de la « vidéosérénité », confie Véronique Letellier à propos de la solution HomeScope, lancée par SFR en novembre dernier. Il s’agit là encore de répondre à un besoin ponctuel : « Les utilisateurs particuliers apprécient de pouvoir garder l’œil sur leur habitation quand ils sont en week-end ou quand leurs enfants rentrent de l’école ». 

 

De façon générale, il existe un besoin croissant de conserver un lien avec son domicile. Comme le rappelle Véronique Letellier : « Nous avons par ailleurs constaté une véritable émergence des usagers professionnels comme les petits commerces, les bars, les professionnels de la santé. Ces utilisateurs apprécient de pouvoir vérifier de temps à autre si tout se déroule bien dans leur local professionnel. »

 

Dans ce cadre, les problématiques d’installation et de configuration diffèrent des contraintes d’une installation professionnelle de sécurité. Sur le marché du grand public, ergonomie et convivialité sont des notions essentielles, une solution de vidéosurveillance mobile devant être aussi Plug & Play que possible.

« Il existe un besoin croissant de conserver un lien avec son domicile »

Au-delà de la sécurité

Le mobile ouvre des possibilités telles que son utilisation dépasse, comme on peut s’y attendre, la simple notion de sécurité. Le champ d’applications possibles ouvre des débouchés presque illimités en matière d’exploitation de l’image et, de façon plus générale, en matière de gestion à distance.

 

« On dépasse les applications de pure sécurité pour aboutir, finalement, à du management, résume Patrick Zekri (Mobi-Vision). Ainsi d’un propriétaire de restaurant qui, de temps en temps, jette un œil sur son mobile pour vérifier la fréquentation d’une salle. Ainsi d’un dirigeant de grande surface qui cherche à faire du comptage de flux. » Selon Patrick Haddad, les besoins exprimés vont croissant : « nous constatons que nos clients souhaitent de plus en plus contrôler les accès, l’éclairage, le démarrage d’un four un d’un frigo industriel, à l’aide d’un terminal mobile. » à travers le mobile, se concrétisent de manière simple et ergonomique les potentiels de l’application logicielle, qu’Apple a largement contribué à définir avec l’iPhone.

 

Dans le domaine des applications de sécurité, la tendance semble donc davantage dictée par les développeurs que par les fabricants. Patrick Haddad : « Il n’est pas si trivial d’envoyer des vidéos sur des réseaux mobiles ! C’est la raison pour laquelle les fabricants de caméras, aussi gros soient-ils, préfèrent bénéficier de l’expertise de développeurs comme nous.»

 

Comme le résume Patrick Zerki, « les fabricants de caméras de vidéosurveillance sont très intéressés par nos compétences. Ils commencent à comprendre que des partenariats avec des développeurs d’applications peuvent leur fournir des débouchés très intéressants. Parce que c’est un marché extrêmement réactif : lorsqu’un développeur conçoit une application, elle se retrouve pour ainsi dire aussitôt sur l’App store d’Apple. » Partant, les possibilités sont nombreuses et les applications au rendez-vous. Domotique, Babycare, surveillance de boxes et de chenils ou encore, équipement automobile : « Nous souhaitons faire évoluer Mobi-Vision sur le terrain de l’anti-carjacking, ajoute-t-il. En cas de vol de voiture, une caméra installée dans le pare-soleil permet d’identifier le voleur et, le cas échéant, de l’interpeller via l’utilisation du mobile. C’est une solution qui nous a été suggérée par une compagnie d’assurances. »

Applications mobiles : les raisons d’un essor

 

> Sylvain Lemanski, président de la société Domus Technologie, revient sur les facteurs qui ont favorisé le développement des solutions de vidéosurveillance sur mobile :

« Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce développement, à commencer par le passage de l’analogique à l’IP qui libère l’usage des caméras de surveillance. Ensuite, l’équipement des foyers en connexion ADSL a considérablement étendu les possibilités d’applications. Bien sûr, le bond technologique initié par la sortie de l’iPhone a ouvert la voie à de nouvelles exploitations du mobile. Ce produit a démocratisé l’utilisation du portable en tant que support d’accès à Internet, avec une navigation fluide et permettant une utilisation dans le cadre d’une gestion vidéo distante. Ajoutons à cela que les caméras de vidéosurveillance ont considérablement baissé en prix, si bien que, pour un particulier, s’équiper avec une caméra d’entrée de gamme est devenu une solution très abordable et qualitative. Enfin, le contexte actuel est ainsi défini que la communication et le discours sur la vidéosécurité se sont intensifiés. C’est un sujet pour le moins d’actualité… »

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