Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Une protection adaptée comme un gant

Le confort est une qualité recherchée par l’utilisateur pour tout équipement de protection individuelle. En particulier lorsqu’il s’agit de protéger la main, le gant doit être conçu et choisi de façon adaptée au risque et à la tâche de travail de l’opérateur.

Le port d’un EPI fait souvent l’objet de réticences. Davantage en ce qui concerne le gant : il tient chaud, entrave la dextérité et peut créer un inconfort allant d’une sudation excessive jusqu’à des irritations cutanées. S’il n’est pas totalement adapté à la main de l’opérateur, il est perçu comme une gêne. « Le salarié n’est que rarement impliqué dans le choix du gant, explique Danielle Leroy, ingénieur assistance conseil à l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), spécialisée dans le risque chimique. De plus, il lui manque les informations de base. Comment utiliser le gant correctement ? Comment le retirer sans se contaminer ? »
Pour sélectionner l’EPI de la main parfaitement adapté au porteur, il faut analyser les risques et les contraintes au poste de travail. Le médecin du travail a également un rôle à jouer pour inciter le salarié à porter son équipement. « Il peut l’impliquer dans le choix en lui faisant essayer plusieurs gants et aborder l’aspect prévention en lui donnant toutes les informations dont il a besoin », ajoute Danielle Leroy. Pour aider dans le choix du gant, l’INRS met à disposition sur son site la brochure ED 112 « Des gants contre les risques chimiques », ainsi qu’un logiciel accessible en ligne : Protecpo.« Nous essayons d’encourager le port de ces EPI en proposant des produits de plus en plus adaptés aux besoins des utilisateurs, ajoute Marianne Rodot, présidente de la Commission Gants du Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection (Synamap) et responsable technique du fabricant Mapa Spontex. La customisation est une tendance assez forte. On a presque affaire à du sur-mesure. » Les gammes de base sont déclinées avec, par exemple, une enduction plus ou moins étendue sur la main, selon l’utilisation. Pour les métiers de la mécanique (automobile, maintenance, industrie du verre), le gant est uniquement revêtu de nitrile sur la paume et les doigts, le dos est aéré.

Le confort, la base. Selon un rapport de MSI, le marché des EPI était étale en 2015. Les prévisions pour 2016 sont faibles puisqu’il croîtrait de seulement 1%. Les emplois industriels qui nécessitent ce type de gants se réduisent d’année en année. En 2015, le Synamap dénombrait 55.000 porteurs de gants en moins. Les fabricants ont donc pour nécessité de se différencier. Pour se rapprocher des attentes de ses clients, l’entreprise Rostaing, basée à Villieu (01) expertise leurs besoins en amont. « Nous déterminons ainsi les risques et le positionnement des zones d’usure, dévoile Stéphane Rostaing, le PDG. Puis, en fonction de ces informations, nous développons avec notre centre Recherche et Développement les meilleures solutions pour améliorer la résistance du gant et sa durée de vie. Nous ne travaillons pas directement sur le prix mais sur le coût global pour le client. »


Le fabricant a mis en place la « Rostaing Protection Solution », avec l’idée de renforcer, selon les risques, certaines zones du gant. « Pour cela, nous développons des nouvelles technologies industrielles, probablement brevetées avant la fin de l’année, reprend Stéphane Rostaing. L’objectif est de proposer un gant unique au client. » Car celui-ci devient de plus en plus exigeant. « Le confort, c’est le leitmotiv, le critère de base. Plus aucune entreprise ne vend des gants inconfortables. Les produits d’aujourd’hui ont atteint un niveau de confort si élevé qu’il devient une seconde peau. Pour se démarquer, les fabricants doivent aller plus loin et trouver le meilleur compromis entre la sécurité et le budget. »

Dans cette optique, Rostaing tente de valoriser au maximum la matière première, en la positionnant aux endroits où elle est la plus utile. Pour remplacer le cuir, très cher, Rostaing a créé le SkinSoft, une matière très performante et proche des caractéristiques du cuir. Ainsi utilise-t-on uniquement ce dernier sur les zones nécessaires. « Cette procédure produit moins de déchets, souligne le PDG. Nous fabriquons moins de gants mais avec plus de valeur ajoutée et une meilleure longévité. »

Matières premières. Les procédés de tricotage évoluent également car les machines sont de plus en plus performantes. « Les paramètres de tricotage varient maintenant par zone : il est désormais possible d’insérer des fils à certains endroits du gant et pas à d’autres. Pour améliorer la dextérité, nous insérons au cours du tricotage des fils d’élasthanne, explique Florent Desmedt, le directeur commercial de l’entreprise Lebon, basée à Somain (59). Le but : faire en sorte que le gant épouse parfaitement la forme de la main. »


Le travail sur la matière est omniprésent et essentiel. « En R&D, nous cherchons à améliorer les résines. Les enductions évoluent aussi pour améliorer les performances mécaniques : formulations, additifs, mélanges de résines. C’est aussi l’avènement de nouvelles fibres comme le filament inox, qui offre une bien meilleure résistance à la coupure. » En outre, selon Florent Desmedt, la refonte de la norme EN 388 sur les risques mécaniques qui aura lieu en cours d’année va assainir le marché. « De nombreux produits présentaient des performances mécaniques tronquées, notamment à la coupure par tranchage. C’est le cas pour des gants fabriqués à partir de composants d’origine minérale (fibre ou poudre de verre par exemple). Lors des tests, ils usent la lame et donnent de faux résultats. La nouvelle version de la norme EN 388 prend en compte ces dérives. »

Des fibres uniques. Showa, une entreprise japonaise dont le siège européen est basé à Amsterdam (Pays-Bas), fabrique ses propres fibres pour assurer le confort et la performance mécanique, grâce la technologie Hagane Coil (acier inoxydable et polyester). « Showa est un fabricant totalement intégré, indique Damien Augendre, vice-président marketing de Showa Europe. Développer nos propres matériaux, nos enductions et nos moules nous permet de proposer des produits uniques, polyvalents et d’une excellente qualité. Nos gants sont ergonomiques, ils respectent la forme de la main, légèrement incurvée. »

Honeywell a également lancé en début d’année une nouvelle gamme de gants Vertigo Check & Go qui fusionne deux de ses technologies : la fibre Honeywell Spectra et le concept de reconnaissance visuelle du niveau de protection à la coupure, grâce à un chiffre visible sur le dos de la main. « Les gants industriels résistant à la coupure sont désormais renforcés avec cette fibre, principalement utilisée pour les protections pare-balles des forces armées et policières américaines et européennes ainsi que pour les lignes et cordages de pêche », précise Stéphanie Quilliet, responsable marketing Sécurité chez Honeywell Industrial Safety pour la zone EMEA.

La polyvalence, un atout. Le gant doit s’adapter aux nouveaux modes de travail. « Dans le BTP par exemple, la façon de construire évolue, explique Damien Augendre. Sur un chantier, les travailleurs sont multitâches. Un homme peut être tantôt maçon, charpentier ou carreleur, etc. »

Le gant 381 de Showa présente une forme
ergonomique unique qui épouse la courbe
naturelle de la main. © Showa
Le gant 381 de Showa présente une forme
ergonomique unique qui épouse la courbe
naturelle de la main. © Showa

Au-delà de la polyvalence des tâches dans un même secteur d’activité, les demandes affluent pour des produits qui couvrent plusieurs risques en même temps. « Un même gant peut être désormais utilisé dans de nombreux secteurs : pétrochimie, construction, ferroviaire, transports, fabrication ou encore maintenance, avance Stéphanie Quilliet. Et cette polyvalence ne sacrifie pas la sécurité. De nouveaux niveaux de protection sont sans cesse atteints, grâce à des revêtements renforcés pour une plus grande résistance aux chocs, des nouvelles matières et des techniques de tissage qui offrent une excellente protection contre l’abrasion et les coupures. Notre centre de R&D développe des solutions multifonctionnelles, pouvant répondre à des utilisations faisant face à plusieurs risques en même temps. Développer ces solutions tout en maintenant un niveau élevé de confort, dextérité et design est parfois un challenge. »

Des entreprises mieux informées. Depuis la loi du 31 décembre 1991, issue elle-même de directives européennes, les acheteurs sont de plus en plus au fait de l’information en terme de risques encourus et font davantage attention à la santé de leurs employés. « Ils comprennent la nécessité de s’équiper et de se protéger en cherchant de la différentiation dans l’offre EPI, affirme Stéphanie Quilliet. Ils ne recherchent pas seulement un produit mais une solution adaptée à leurs besoins spécifiques. C’est pour cela que nous cherchons à fournir des EPI toujours plus connectés, compatibles entre eux et avec les autres outils de travail. »

Mieux formés au marché des EPI, les clients connaissent les produits qu’ils achètent et sont conscients de l’investissement nécessaire pour la sécurité. Ils souhaitent aussi optimiser leurs dépenses. « Dans le cadre de notre programme de rationalisation, nous mettons en place des audits dans les entreprises qui le souhaitent pendant deux semaines, explique Damien Augendre de Showa. Nous testons les postes de travail, nous établissons des comparatifs. Et nous prouvons que réorganiser ses équipements permet de réduire les coûts. » Ergonomie, fibres uniques, simplicité d’utilisation, compatibilité des EPI, achats rationalisés, les fabricants proposent à présent de véritables solutions sur-mesure.

Caroline Albenois

Le gant Green-Dex de Showa est le premier
gant totalement biodégradable. Les problématiques
éco-responsables concernent de plus en plus les clients.
© Showa
Le gant Green-Dex de Showa est le premier
gant totalement biodégradable. Les problématiques
éco-responsables concernent de plus en plus les clients.
© Showa

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