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Santé et qualité de vie au travail

Travail de nuit : l'agence Santé publique France tire la sonnette d'alarme

Ils sont 4,3 millions à travailler entre minuit et cinq heures du matin, soit 1 million de plus par rapport à 1990. Surmenage, fatigue, déficit immunitaire... l'agence Santé publique France vient de publier une étude qui alerte sur les dangers de ce rythme de travail.

De plus en plus répandu, le travail de nuit concerne aujourd’hui 4,3 millions de salariés, soit 16,3% de la population active, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France paru le 12 mars. Or, pour les auteurs de cette étude, au vu des répercussions dévastatrices sur le corps et la santé mentale, la recrudescence du travail de nuit – de minuit à 5h – devient un problème majeur de santé au travail.

1 million de plus entre 1990 et 2013
Les six auteurs issus de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de Santé publique France et de l’université Claude-Bernard-Lyon-I, notent que le nombre des employés travaillant de nuit a augmenté de 1 million entre 1990 et 2013. Si le Code du travail considère le travail de nuit comme un dispositif à utiliser en dernier recours, dans les faits, cette pratique semble se banaliser. Sur les 4,3 millions de personnes concernées, le nombre des personnes travaillant régulièrement de nuit a doublé, passant de 800 000 à 1,9 million durant cette même période.

Muscler les suivis
Un fait alarmant pour l’institut en charge de l’étude, qui considère que l’accroissement du travail de nuit pourrait être « responsable des troubles du sommeil d’une très large partie de la population active ». Il en appelle à « la mise en place d’une veille sanitaire dans les groupes professionnels les plus exposés ». Les chercheurs estimant que le suivi médical individuel des travailleurs de nuit, qui est déjà prévu dans la loi, n’est pas suffisant.

Risque accru d’AVC
Il faut savoir que le travail de nuit modifie gravement l’équilibre de l’horloge interne des personnes exposées. C’est ce qu’on appelle la désynchronisation des rythmes biologiques normaux, en charge d’orchestrer l’alternance du jour et de la nuit. Or, les troubles du sommeil occasionnés peuvent avoir des conséquences très importantes sur la santé, avec notamment un déficit immunitaire mais aussi « des risques d’accidents routiers, de troubles métaboliques, de maladies cardiovasculaires ou encore de cancers », selon Santé publique France. En outre, le Centre International de Recherche sur le Cancer considère le travail de nuit comme un cancérogène probable. Et c’est sans compter l’atteinte aux performances cognitives et les troubles de la santé psychique.

Les professionnels de la santé en mauvaise santé
En première ligne, les employés du tertiaire sont les plus soumis aux horaires nocturnes habituels. Et pour cause, leur nombre a triplé entre 1990 et 2013, atteignant 1,5 million de travailleurs. Sans surprise, les professions les plus touchées sont celles de la santé : infirmiers, sages-femmes, aides-soignants sont 274 500 à travailler la nuit. Viennent ensuite les transporteurs et livreurs (140 000), les agents de ­sécurité, le personnel de l’armée, les policiers et les pompiers (212 762).

Ségolène Kahn

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