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Sûreté et sécurité

Survol de drone : de quels moyens disposent les aéroports pour s’en prémunir ?

Détection, repérage, neutralisation des drones…rien n’est de trop pour prévenir les risques de collision entre un UAV (Unmanned Aerial Vehicle) et un avion. Depuis les incidents survenus en décembre dernier à l'aéroport de Gatwick près de Londres (Royaume-Uni), les opérateurs aéroportuaires prennent conscience du danger.

C’est le branle-bas de combat dans les aéroports depuis que celui de Gatwick, près de Londres (Royaume-Uni), a fait l’objet d’un survol de drones en décembre. Cet incident avait provoqué la fermeture du hub londonien durant trois jours, bloquant près de 120 000 voyageurs. Le risque de collision entre ces engins et les avions étant extrêmement élevé, les deux principaux aéroports de la région de Londres, Gatwick et Heathrow, ont annoncé vendredi 4 janvier engager des démarches pour s’équiper de solutions contre les drones. Equipements militaires, systèmes de détection et de neutralisation des appareils…en tout, la commande devrait atteindre plusieurs millions de livres, selon le porte-parole de l’aéroport de Gatwick.

La France choisit le projet Hologarde

Même son de cloche outre-Atlantique, où la Federal Aviation Administration (FAA) a reçu l’ordre d’élaborer une stratégie pour permettre une plus grande utilisation des technologies anti-drone dans les aéroports. Côté français, l’aéroport de Roissy a choisi le projet Hologarde dont fait partie, entre autres, le système de sécurité du spécialiste des UAV, CerbAir. Depuis un an déjà, son équipement est en phase de test. Le but étant de le déployer dans les autres aéroports de l’Hexagone.

1 400 incidents en 2016

Il faut savoir que cette menace aérienne est en phase exponentielle. Selon le dernier rapport de l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA), 1 400 incidents de drones sont survenus en Europe en 2016, contre 606 entre 2011 et 2015. Du coup, pour éviter que ce type d’incident ne se reproduise, les aéroports doivent mettre en place un dispositif en trois temps : la détection, le repérage et la neutralisation de ces engins volants.

Des coûts pouvant grimper à plusieurs millions d’euros

Pour détecter un drone, la plupart des aéroports sont dotés de systèmes de détection par radio-fréquence. Il existe également des solutions de radar anti-drone, plus performantes mais bien plus onéreuses, certaines coûtant plusieurs millions d’euros contre une centaine de milliers pour une solution de radiofréquence de qualité. Presque trop sensible, la technologie de radiofréquence est, certes, plus fiable mais elle génère également de nombreuses fausses alertes.

Détection infrarouge

Quant aux système de détection infrarouge, ils pourraient bien faire l’affaire. Parmi eux figure la solution infrarouge Spynel et sa famille de capteurs thermiques mis au point par le spécialiste HGH Infrared Systems. Capable de détecter, repérer et classifier un UAV, elle se constitue d’une caméra panoramique infrarouge et d’un logiciel de détection intrusion baptisé Cyclope. Ce système a l’avantage d’être en mesure de détecter un nombre illimité de cibles. Et ce quels que soient la distance ou le périmètre. Ce qui convient particulièrement dans le cadre d’un essaimage de drones, par exemple. Le système repose sur une détection 3D à effet de triangulation entre les différents capteurs pouvant analyser la distance et l’altitude de cibles multiples, créant une sorte de « bulle protectrice » autour de l’aéroport.

Attention au brouillage

Entièrement passive, cette technologie a été conçue pour ne pas perturber l’environnement électromagnétique de l’aéroport, contrairement aux radars. De fait, l’une des phases les plus complexes des systèmes anti-drones réside dans la neutralisation de ces derniers. La technique la plus courante étant le brouillage des ondes. Ce qui inquiète particulièrement les organismes de réglementation de la sécurité aérienne qui craignent que le brouillage des communications radio n’interfère avec l’équipement légitime des aéroports, comme par exemple le signal GPS des pilotes.

Détecter le pilote plutôt que le drone

L’équipementier CerbAir a justement développé une nouvelle solution de radiofréquence adaptée aux besoins des aéroports français, où les techniques de brouillage sont interdites par la réglementation. Il s’agit de repérer simultanément le drone et la main qui le dirige. En d’autres termes, le système est capable de localiser le signal émis par la télécommande du drone, selon sa puissance, il est alors possible d’en évaluer la distance. Dès qu’un télépilote est repéré dans l’environnement d’un aéroport, il est d’ores et déjà possible d’agir avant que le drone ne décolle. C’est donc une technologie préventive.

Ségolène Kahn

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