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Risques industriels et environnementaux

Stratoz fait entrer les sols pollués dans l'économie circulaire

Cette entreprise de chimie verte propose de valoriser les résidus végétaux des terrains miniers en substances chimiques écosourcées. De quoi inciter les exploitants miniers à replanter les sols dégradés.

Que faire des anciennes mines de nickel, zinc, manganèse et autres terrains miniers désaffectés ? La question concerne des millions d’hectares dans le monde. En principe, les exploitants miniers ont l’obligation légale de replanter ces sols. Dans la réalité, cette revégétalisation est techniquement compliquée et économiquement coûteuse. Mais la situation pourrait changer grâce à Stratoz, une entreprise de chimie verte qui propose de valoriser les résidus végétaux de ces terrains miniers en substances chimiques écosourcées.

Le principe étant d’utiliser certaines plantes qui poussent naturellement sur les terrains riches en métal et qui accumulent les métaux dans leurs feuilles. Une fois saturées en métaux, les feuilles sont récoltées pour être transformées en écocatalyseurs (substance qui augmente la vitesse d’une réaction chimique NDLR). « Les catalyseurs métalliques que nous produisons ont de meilleurs rendements et peuvent se substituer favorablement, entre autres, à certains catalyseurs qui sont dans le viseur du règlement REACh », déclare Jacques Biton, le directeur général de Stratoz. Cette société a d’ailleurs signé deux contrats avec des industriels de l’industrie cosmétique chez lesquels ses procédés sont au stade du développement pilote. Quelques kilos d’écocatalyseur ont déjà été produits pour 2 applications spécifiques. Stratoz vise dans un premier temps la mise en place d’un procédé industriel de production de ses écocatalyseurs. La seconde étape en cours est la validation réglementaire des écocatalyseurs. « Les premiers composés produits grâce à nos écocatalyseurs devraient être sur le marché fin 2016 », prévoit le directeur général.

Pour financer ces développements et industrialiser le process de fabrication, Stratoz dispose de trois millions d’euros apportés par son actionnaire Truffle Capital. Son équipe de développement compte 7 personnes qui travaillent de concert avec les 7 chercheurs et doctorants du laboratoire Chimie bio-inspirée et innovations écologiques dirigé par Madame Claude Grison, à l’origine de la solution développée par Stratoz.

Professeur de chimie et d’écologie chimique à l’Université de Montpellier 2, cette chercheuse a déposé plusieurs brevets sur la chimie liée à la remédiation par les plantes des sols pollués. Primée à de multiples reprises, elle a d’ailleurs reçu l’an dernier la médaille de l’innovation du CNRS pour ses travaux qui l’ont amenée, entre autres, en Nouvelle Calédonie. Elle y a développé son procédé à partir de plantes comme le Geissois pruinosa capable de stocker du nickel. Ou encore avec la Grevillea exul, une espèce endémique qui pousse sous la forme de petits arbustes de 3 à 4 mètres de haut, pour traiter le manganèse. « Les feuilles sont déshydratées puis broyées pour être transformées en poudre métallique utilisées en chimie sous forme d’écocatalyseur », explique Jacques Biton. Ce procédé aval donne de la viabilité économique à la revégétalisation de sols miniers. Parallèlement à ces développements, l’entreprise et son partenaire scientifique ont développé de nouvelles techniques qui visent à récupérer d’autres métaux par des plantes mais, cette fois-ci, dans leurs racines afin de dépolluer les eaux.

Erick Haehnsen

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