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Sûreté et sécurité

Stéphanie Tucoulet (SVDI) : « La sécurisation des installations de vidéosurveillance nous préoccupe »

Interview de la secrétaire générale du syndicat Sûreté, vidéoprotection et détection incendie (SVDI) qui représente près de 600 entreprises (industriels, installateurs, consultants, etc) et 40.000 salariés. L'occasion d'évoquer des sujets qui animent actuellement cet organisme, comme les aspects juridiques de la biométrie, la nécessaire sensibilisation des installateurs à la sécurité de la vidéosurveillance en vue du futur règlement général sur les données personnelles. Et enfin, la place des femmes dans les métiers de la sécurité.

Vos adhérents délivrent des solutions technologiques en sûreté, vidéoprotection, détection d’incendie, infrastructures numériques et hypervision. S’intéressent-ils également à la biométrie ?
Bien sûr ! De plus en plus d’entreprises s’intéressent aux systèmes d’identification biométriques pour contrôler les accès au lieu de travail. Cette technologie évolue d’ailleurs en prenant en compte le comportement des utilisateurs. Par exemple, la manière de taper un code d’accès sur le clavier ou de prononcer une phrase. Nous sommes au fait de ces évolutions. Mais différentes questions juridiques se posaient à nous. Entre autres, quid de la délivrance des autorisations par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et quelle est la position de cet organisme vis à vis du Règlement général sur la protection des données (RGPD) qui entrera en vigueur en 2018.
Vous avez rencontré le mois dernier un juriste de la Cnil. A-t-il apporté des réponses satisfaisantes à vos interrogations ?
Effectivement. Ce représentant nous a indiqué que son organisme avait d’ailleurs anticipé le futur règlement avec la mise en place l’an dernier de deux autorisations uniques* qui se sont substituées au précédent dispositif. Ce qui nous a rassurés. Par ailleurs, nous avons été agréablement surpris de voir l’intervenant de la Cnil se placer comme une autorité ayant aussi un rôle de conseil et d’accompagnement d’entreprises. Il nous a toutefois indiqué que la Cnil entendait néanmoins rester dans son rôle de vérificateur du fait que la biométrie recueille des données strictement personnelles et donc sensibles. Mais elle n’est pas hostile à cette technologie en tant que telle.
Quels sont les autres sujets qui animent le SVDI ?
Parmi nos préoccupations, figure la sécurisation des installations de vidéosurveillance. Nous nous rendons compte que beaucoup de systèmes ont été installés sans sécurisation des réseaux. Or les caméras peuvent être piratées. Sachant que la vidéosurveillance est un système à part entière, il faut que les règles évoluent. Un arrêté technique est d’ailleurs en cours de modification. Il existe aussi des problématiques de méthodologie et de sensibilisation des entreprises sur la nécessaire formation de leur personnel. Il est urgent de s’y mettre sachant que les images peuvent être reliées à des données personnelles et que, à ce titre, les entreprises pourront être condamnées à payer une amende en vertu du RGPD.
Il y a quelques années, le SVDI a créé le Club des femmes dans la sécurité dont vous faites partie. Pourquoi avoir pris cette initiative ?
Notre club compte aujourd’hui une soixantaine de femmes appartenant à des entreprises du monde de la sécurité au sens large (donneur d’ordres, gardiennage, sécurité électronique…) et de sécurité civile, à des ministères et à d’autres organismes. A l’origine, nous sommes parties du constat qu’il y a très peu de femmes dans notre secteur. Selon un sondage que nous avons mené auprès de nos adhérents, nous représentons un peu plus de 7% des effectifs. D’où notre volonté d’attirer les jeunes femmes dans notre secteur. Nous menons à cet effet des actions d’accompagnement et de sensibilisation et nous réalisons des portraits de femmes pour mieux faire connaître nos métiers. Nous venons d’ailleurs de signer une convention avec Capital Filles. Certaines femmes de notre Club vont devenir marraines de jeunes filles de quartiers sensibles afin de les accompagner dans la définition de leur projet professionnelle. Une belle action de solidarité citoyenne.
Vous venez d’ailleurs de publier une enquête menée auprès d’une centaine d’entreprises de la sécurité en les interrogeant notamment sur la place de la femme dans leur métier. Quels enseignements en retirez-vous ?
L’enquête montre que les femmes ont plus d’écoute, d’empathie et d’esprit de groupe. Elles savent mieux s’organiser que les hommes, ont une certaine pugnacité, une capacité à ne pas lâcher leur objectif. Par ailleurs, les femmes sont complémentaires du point de vue du management. De plus, les entreprises estiment que les femmes apportent une complémentarité de point de vue. Enfin, au niveau du management, les employeurs gagnent davantage à être dans la diversité plutôt que l’uniformisation.

Propos recueillis par Eliane Kan
* Le 30 juin 2016, la CNIL a adopté deux autorisations uniques qui encadrent désormais l’ensemble des dispositifs de contrôle d’accès biométrique sur les lieux de travail, quels que soient les types de biométries utilisées. Elles abrogent les autorisations uniques AU-007, AU-008, AU-019, AU-027 et distinguent les dispositifs biométriques permettant aux personnes de garder la maîtrise de leur gabarit biométrique (AU-052) des dispositifs biométriques ne garantissant pas cette maîtrise (AU-053).

A noter dans votre agenda :
Dans le cadre du salon APS, le rendez vous des professionnels de la sûreté et sécurité qui se tiendra du 26 au 28 septembre 2017 à Paris Porte de Versailles, le SVDI organisera une conférence sur la sécurisation des réseaux de vidéoprotection. L’occasion de s’informer sur l’évolution des règles et des contraintes techniques et juridiques. Mais aussi des méthodologies applicatives à mettre en œuvre. Ainsi que les actions de formation initiées par le syndicat. Cette conférence sera animée par Lilian Caule qui est spécialisé dans les questions techniques liées à la sûreté, vidéosurveillance, et détection incendie.

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