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Spécial Salon APS : Philippe Benard (Axis Communications) : « Nos caméras savent reconnaître une personne et la flouter afin de l’anonymiser dans les flux »

Membre du groupe japonais Canon depuis 2015, Axis Communications réalise un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros (chiffres de 2021) et emploie 4 000 salariés dans une cinquantaine de pays. Créée en 1984, cette société suédoise a lancé en 1996 la première caméra réseau au monde pour la vidéosurveillance. Depuis lors, elle n’a cessé d’innover. Interview de Philippe Benard, prescripteur pour les consultants et architectes.

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Philippe Benard, prescripteur pour les consultants & architectes chez Axis Communications. © Jules Depretz / Axis Communications

Quelles sont les origines d’Axis Communications ?

Créée en 1984 par Mikael Karlsson, Martin Gren et Keith Bloodworth, Axis Comunications a d’emblée lancé ThinServer, une technologie qui connecte des périphériques (serveurs d’impression, de stockage et de numérisation réseau) pour les rendre intelligents grâce au réseau. Basée à Lund (Suède), Axis a très tôt voulu ne recourir qu’à des normes ouvertes et éviter les protocoles propriétaires afin d’augmenter l’évolutivité et de réaliser d’énormes économies sur les coûts des équipements et la consommation d’énergie. Dans cette logique, Axis a conçu, développé et fabriqué en 1993 son premier microprocesseur, l’Etrax, exploité sur plus de 3 millions de serveurs de serveurs d’impression multi-protocoles. Par la suite, la société s’est intéressée aux serveurs de CD-Rom et au partage de scanners en réseau.

A quelle époque la société en est-elle venue à la vidéosurveillance ?

En 1996. Axis a lancé la toute première caméra réseau au monde, l’Axis Neteye 200. À partir de ce moment, les personnes qui disposaient d’une connexion Internet pouvaient regarder ce qui se passait – où qu’elles fussent dans le monde. Et, pour celles qui disposaient déjà d’une grande installation de systèmes CCTV, Axis a créé des encodeurs réseau afin d’accéder aux dernières technologies sur IP. Cependant, à cette époque, il n’existait pas de microprocesseurs de traitement d’image. Axis a alors décidé de concevoir l’Artpec, son propre encodeur en temps réel, capable de prendre en charge le traitement d’images, la compression, l’analyse vidéo et les fonctionnalités de mise en réseau de manière optimisée. En 2006, l’Artpec (compression vidéo) et l’Etrax (réseau) ont fusionné dans le même Chipset. Puis la résolution des caméras est parvenue à 720 P. Ce qui a déclenché l’adhésion des utilisateurs en faveur de la vidéosurveillance sur IP. Précisons aussi que la caméra Axis 2100, la première à intégrer l’Artpec 1, a été dotée de la version embarquée du système d’exploitation libre Linux (μClinux), en remplacement de notre système temps réel propriétaire RTOS.

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La caméra Q1656-DLE comporte la double technologie de détection avec un radar à effet Doppler et l’IA de la caméra, fusionnés dans un seul produit. © Axis Communications

Axis a aussi participé à la création du protocole Onvif…

En effet. En 2008, Axis, Bosch et Sony ont mis au point le protocole Open Network Video Interface Forum (Onvif) pour rendre interopérables les produits de vidéosurveillance provenant de différents fabricants. Aujourd’hui, nos solutions s’étendent de la vidéosurveillance, y compris les caméras piétons, jusqu’au contrôle d’accès et à l’interphonie en réseau. Nous avons également lancé Entry Manager, un superviseur vidéo doté du contrôle d’accès, de l’interphonie et de l’audio sur IP ainsi que des outils d’analyse à base d’IA.

Qu’a changé le rachat d’Axis Communications par Canon en 2015 ?

Canon a racheté nos actions qui étaient cotées à la Bourse de Stockholm. Canon n’est pas du tout intrusif. En revanche, nous partageons des technologies et en premier lieu les capteurs et blocs optiques de Canon, en l’occurrence pour la caméra Q1798-LE. Aujourd’hui, Axis compte 4 000 salariés dans plus de 50 pays pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliards d’euros.

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Installation Axis intégrant la caméra PTZ Q6318-LE , le radar D2110-VE et la sirène D4100-E. © Axis Communications

Comment résister à la concurrence asiatique ?

En termes de souveraineté technologique, nous proposons notre propre microprocesseur. Cela signifie que nous n’avons pas la volonté de créer des portes dérobées. Ensuite, nous sommes dans un processus créativité et d’innovation permanentes. C’est pour cette raison que nous existons toujours. Pour preuve, notre microprocesseur Artpec en est à la version 8 et nous allons bientôt lancer la version 9 qui sera dotée des fonctionnalités de Deep Learning avancées. Par ailleurs, nous développons nos produits dans le respect de l’environnement. Par exemple en éliminant le PVC ainsi que des retardateurs de flammes difficiles à recycler comme le chrome et le Brome. Certains de nos produits intègrent presque 80 % de plastiques recyclés. Par ailleurs, nous avons une charte interne anti-corruption que tout le monde signe ainsi qu’une charte avec nos sous-traitants sur le respect des travailleurs.

Quelle est la principale tendance technologique que vous percevez sur le marché ?

L’intelligence artificielle (IA), sans aucun doute. Avec l’Artpec 8, nos caméras savent reconnaître une personne et elles la floutent afin de l’anonymiser dans les flux. Par conséquent, nous nous conformons au Règlement européen sur la protection des données à caractère personnel (RGPD), tout comme les derniers ’avis de position de la Commission Informatique et Libertés (CNIL).

Quelles sont vos dernières innovations ?

Tout d’abord la caméra Q1656-DLE qui, forte de son processeur Artpec 8, combine un capteur optique, un projecteur en lumière blanche et un radar à effet Doppler afin de détecter dans toutes les circonstances des intrus sur une profondeur de 60 m et un angle de 90°. Le tout en limitant le nombre d’alarmes intempestives. Cette combinaison contribue aussi à abaisser considérablement le prix par rapport à une caméra thermique pour la même zone de couverture.

Quelle est l’autre caméra ?

La caméra P1468-XLE a été développée spécialement pour les atmosphères explosives (Atex). Contrairement à la majorité des équipements de ce genre, qui sont conformes à la zone 1 et 2, cette caméra est certifiée uniquement zone 2. Ce qui permet de diviser le prix par trois.

 Propos recueillis par Erick Haehnsen

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