Créée en 2020, LBPS (Link Business Private Security) basée à Lille veut aider les entreprises privées de sécurité à accroître leurs effectifs pour des missions ponctuelles. Avec d’importants efforts de vérification, la start-up propose des entreprises de sécurité privée fiables à des clients solvables. De quoi multiplier les opportunités de missions pour les agents de sécurité privée. Interview de Joël Tian, président et fondateur de LBPS.
Joël Tian, président et fondateur de LBPS. © LBPS
Quelle a été l’idée fondatrice de votre startup ?
Au départ, je suis coordinateur de sécurité pour de grands événements, comme le tournoi international de tennis à Roland Garros. Et j’ai constaté que le milieu de la sécurité privée n’avait pas encore opéré sa transformation digitale. Recrutement, récupération et vérification de la carte professionnelle d’agent privé de sécurité délivrée par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS)… tout cela se fait à la main. L’idée que nous proposons, c’est d’aider entreprises de sécurité privée à accroître leurs effectifs pour des missions ponctuelles en puisant dans un vivier d’agents de sécurité certifiés et qualifiés, rapidement disponibles. Il s’agit soit de professionnels qui exercent leur activité de sécurité privée à côté de leur emploi principal ; soit d’agents de sécurité privée en emploi fixe qui cherchent à arrondir leurs fins de mois.
Comment quantifiez-vous ce besoin ?
Chaque week-end, un match foot pro en Ligue 1 réclame en moyenne près de 1 000 agents de sécurité privée : pour la gestion de la sécurité périmétrique extérieure sur la voie publique, pour l’accueil et l’orientation pour la gestion de flux, le contrôle de la validité des billets, la palpation (notamment par des femmes) pour la fouille, l’accueil et l’orientation pour indiquer la place dans les gradins ainsi que les contrôles en coursives pour l’anti-terrorisme. Ensuite, il y a les stadiers pour la gestion des ultras et des agents pour le public et les familles. Pour les événements musicaux, un agent suffit pour 200 à 300 personnes lors d’un concert de pop-rock. Mais pour, le concert d’une star du Rap, il faut un agent pour 50 personnes ! Par ailleurs, le secteur de la sécurité privée manque de près de 40 000 agents de sécurité. Quant aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, ils nécessiteront 40 000 agents supplémentaires. Nous n’apporterons peut-être pas ces 80 000 agents de sécurité au secteur mais nous proposons d’optimiser le vivier actuel et futur grâce à la digitalisation.
De quoi se constitue votre offre ?
Premier volet, nous centralisons, région par région, les appels d’offres de quatorze sites publics et privés qui répertorient les besoins en matière de sécurité. Nous permettons aussi à des clients de déposer leurs appels d’offre en direct. A charge pour nous de vérifier le Kbis du client et, le cas échéant, sa solvabilité. Second volet, les entreprises de sécurité privée, qui veulent se positionner sur ces appels d’offre, déposent leur candidature. L’entreprise qui remporte un appel d’offre poste sur notre site ses besoins en vacataires complémentaires afin de couvrir le besoin. Ils peuvent également déposer des offres qui répondent à leurs besoins qutidiens. Ici encore, nous vérifions au préalable la conformité des sociétés de sécurité privée suivant les règles du CNAPS et de la préfecture ainsi que leur solvabilité – notamment si les cotisations sociales sont à jour de paiement. L’idée, c’est de proposer des agents de sécurité privée fiables à des entreprises solvables.
Qu’en est-il des agents de sécurité ?
Soit ils consultent les propositions des entreprises de sécurité privée à la recherche de collaborateurs complémentaires pour des missions ponctuelles, soit ils sont notifiés sur smartphone via notre appli en fonction de leurs intérêts qu’ils auront paramétrés. Si une mission les intéresse, ils accéderont aux détails : tarif, lieu, horaires, tenue, contenu de la mission… Il peut s’agir d’un chantier à surveiller, d’un événement ou de missions classiques… Et ce, pour tous les métiers de la sécurité privée. Même les agents d’accompagnement de stars avec habilitation port d’armes.
L’application de LBPS est accessible sur smartphone. © LBPS
L’application de LBPS est accessible sur smartphone. © LBPS
Quels sont les avantages pour l’agent de sécurité ?
Il peut travailler en extra pour d’autres sociétés que son employeur habituel. Il peut alors accroître ses gains. Son smartphone en poche, il sera directement notifié d’une mission potentielle dans sa région. Il aura aussi le loisir de consulter de lui-même les missions publiées et de répondre à des annonces. En ce cas, c’est la société de sécurité privée qui sera notifiée. Ensuite, à elle d’accepter la candidature ou pas.
Où en êtes-vous dans votre développement ?
Nous avons démarré en avril 2022. Jusqu’ici, 85 sociétés de sécurité privée ont testé notre service. 2 500 agents sont inscrits à ce jour. Cela augmente tous les jours. Les agents apprécient la simplicité et la validité des opportunités de missions. Sur tout le territoire, ils peuvent accepter autant de missions qu’ils le souhaitent. Chaque jour, nous déposons 10 à 20 appels d’offre en métropole et dans les DOM-TOM. Il y a également eu une vingtaine d’appels d’offre déposés.
Quel est votre modèle économique ?
Nous commercialisons des abonnements auprès des sociétés de sécurité privée à raison d’un package pour 5 agents proposés par mois, un autre pour 20 agents par mois et un dernier pour 50 agents par mois. Nous proposons aussi une formule sans abonnement avec des packages de 5, 20 et 50 que le client utilise quand il le veut. Quant à l’agent, il s’inscrit et répond gratuitement aux sollicitations des entreprises. En revanche, s’il veut être acteur de ses compétences, il peut contracter un abonnement payant pour déposer sa candidature sur un événement (abonnement Agent Premium) de son choix, et même être mis en avant (Agent Premium Plus) dans la liste des candidats qui se proposent au recruteur.
Quels sont vos objectifs ?
En France, on compte près de 12 000 sociétés de sécurité privée pour un chiffre d’affaires global de 8 milliards d’euros et 185 000 salariés. Nous souhaitons convaincre 10 % de ces entreprises d’ici quinze mois et 20 % de ces agents.
Comment comptez-vous y parvenir ?
Nous avons déjà levé 700 000 euros et nous nous préparons à un tour de table de 500 000 euros afin de poursuivre nos développements technologiques et accroître les forces de vente.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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