Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Sécurité des parkings, un marché à plusieurs visages

Qu’ils s'occupent de parkings privés ou publics, en extérieur ou sous-terrain (voire aériens), les responsables de la sécurité jonglent avec les protections physiques et les contrôles d’accès. La tendance est à l’automatisation mais bien souvent le gardien reste incontournable.

Effractions, incendies, catastrophes naturelles ou simples intempéries… De nombreux dangers menacent les parkings. Le terme regroupe, d’un coté, les parcs de stationnement public, à l’instar de ceux opérés par la société Vinci Park, de l’autre, les parcs privés ou à accès restreint. Générant un chiffre d’affaires de 660 millions d’euros par an, le groupe Vinci détient 630 parcs de stationnement public en France, gardiennés et vidéosurveillés. Sur le terrain, Vinci Park est concurrencé par de plus petits acteurs comme Saesme (moins de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialisé sur la région Ile-de-France ou encore Urbis Park (32 millions), un opérateur déployé à Paris, Metz et Bordeaux, qui se focalise sur les besoins des collectivités locales. Du coté des parkings privés, les profils sont plus variés. Le spectre s’étend des parkings individuels aux installations collectives gérées par des copropriétés, des centres commerciaux et tous types d’établissements recevant du public (ERP). Citons encore les parkings d’entreprise ou encore les parkings des zones sensibles (centrales nucléaires, usines classifiées Seveso, bases militaires, ambassades…) ainsi que les aires de stationnement pour poids-lourds chez les transporteurs. Autre cas de figure : les parcs situés en sortie d’usine, qui stockent les automobiles neuves avant qu’elles soient livrées aux concessionnaires. Dans tous les cas, l’exploitant est l’unique responsable de la sécurité du parc de stationnement.

Effractions

Afin de se prémunir contre les effractions, les parkings élèvent des clôtures autour de leur périmètre. Attention : ces équipements sont rarement indestructibles et agissent davantage comme des « retardateurs » contre le vol et la dégradation des véhicules garés. Les fabricants renforcent donc l’épaisseur des matériaux utilisés afin d’allonger le temps d’effraction. « Le voleur ne doit pas pouvoir faire de trou assez grand pour passer », souligne Daniel Savarino, directeur d’agence chez Frontier Pitts France, un leader européen de la fabrication d’équipements pour la sécurité extérieure des sites et des personnes, qui vient de sécuriser le village Olympique à Londres. « Il faut y penser dès la phase de conception des clôtures. Aucune prise possible ne doit avoir été laissée aux pieds de biche. » 

En outre, afin de détecter l’intrus automatiquement, certains parkings disposent de détecteurs périmétriques. Par exemple, les détecteurs infrarouges ou des caméras dotées d’un système de détection de mouvements. Enfin, pour sécuriser l’entrée du parking, plusieurs types d’installations existent. Comme les obstacles escamotables (par exemple, des bornes rétractables qui s’enfoncent dans le sol afin de laisser passer les véhicules autorisés et qui se relèvent la nuit). Ou encore les barrières levantes (qui se relèvent pour céder le passage), automatiques ou contrôlées par un gardien, à l’aide d’une console.

Barrières et herses

A la place des barrières levantes utilisées dans les parkings publics, certains opérateurs de parking, particulièrement sur les sites sensibles comme les centrales nucléaires, les usines Seveso ou encore les bases militaires, s’équipent de barrières dites anti-intrusion. « Ce sont des dispositifs, actionnés manuellement ou automatiquement, qui se couchent et s’encastrent dans le sol, en moins de trois secondes. L’idée, c’est de neutraliser les véhicules hostiles », explique Gérard Mothe, gérant de la société Gets, qui fabrique ce type d’équipements. L’avantage, c’est que cette solution peut être couplée à un autre type d’obstacle : les herses. A savoir, un ensemble de petites lames disposées au raz du sol chargées de crever les pneus des véhicules indésirables. Il en existe de tous types : certaines sont intégrées dans le sol, d’autres sont transportables et se déploient provisoirement au niveau des accès à protéger. Celles qui intéressent les opérateurs de sites sensibles se présentent sous la forme de grosses plaques reliées à la barrière anti-intrusion. Lorsque cette dernière est forcée, la plaque se relève mécaniquement et s’oriente à 45 degrés. Pris par son propre élan, le véhicule intrus est embouti en profondeur au niveau du capot. « La gamme anti-terroriste résiste au passage d’un poids lourd de 15 tonnes lancé à 80 km/h », assure le gérant de Gets.

Contrôle d’accès

Afin de surveiller les accès sur les parkings extérieurs, les responsables de la sécurité privilégient la vidéosurveillance. A savoir un système de caméras dôme (vision à 360°) ou fixes relié à un centre de supervision local ou distant. « Tous nos véhicules sont surveillés par des opérateurs 24h/24 dans un centre de supervision unique situé en France », explique Jean-Jacques Richard, directeur des affaires générales en charge de la sûreté chez le transporteur TNT Express. Dans les parkings intérieurs, la tendance est à l’automatisation. Par exemple via des systèmes de bornes et de tickets couplés à une barrière. En outre, pour filtrer les usagers, les parkings tendent à s’équiper de tourniquets pour piétons qui tournent dans un sens mais pas dans l’autre. En ce qui concerne les parkings privés, le contrôle d’accès est souvent plus personnel. L’usager bénéficie d’un badge d’authentification, d’une télécommande, d’un code ou encore d’un système de reconnaissance automatique et à distance du véhicule qui utilise, par exemple, la technologie RFID. Reste à se méfier : Internet fourmille de documentations détaillant la fabrication de dispositifs de lecture à distance des codes d’accès stockés dans la mémoire des équipements électroniques. En pratique, il suffit donc de passer à proximité d’un chef d’entreprise qui conserve sur lui son badge pour lire le code et obtenir l’accès à son emplacement de parking. Du coup, le contrôle par gardien reste indispensable sur les sites les plus sensibles.

Des parcs haute sécurité pour les transporteurs

Bonne nouvelle : grâce à l’apparition de réservoirs sécurisés dans les camions, les transporteurs craignent de moins en moins pour leur gazole. En revanche, la protection des poids lourds de type semi-remorques de 38 tonnes et des véhicules légers à l’instar des camionnettes de 20 m3 est prise très au sérieux par les responsables sécurité de ces entreprises. La raison ? Ces véhicules, garés sur des parcs attenants aux bâtiments, suscitent la convoitise des voleurs qui cherchent à les revendre en pièces détachées sur le marché français ou le véhicule entier à l’étranger. Une des techniques courante consiste à repérer la boîte à clé, profiter d’un moment d’inattention des responsables, puis subtiliser le sésame afin de repartir au volant du véhicule. La première mesure à prendre contre ce type d’action vise à mettre les clés en sécurité. Une autre mesure de bon sens consiste à laisser ouvertes les portes du camion afin de montrer qu’il n’y a rien à voler. Côté équipement, mieux vaut également prévoir une clôture solide, par exemple en double-maille, dite en « treillis soudé ». Sans être infranchissable, cette solution procure une bonne résistance contre les découpes à la pince. En outre, il est conseillé de s’équiper d’un dispositif de vidéosurveillance. « Depuis 2005, nous avons internalisé la sécurité de nos infrastructures. Les parcs sont clôturés et surveillés par 700 caméras réparties sur 120 sites en France », explique Jean-Jacques Richard, directeur des affaires générales en charge de la sûreté chez le transporteur TNT Express. Certains malfaiteurs cherchent à forcer le démarrage du véhicule. Mais l’activation permanente des trackers GPS dans les camions peut déjouer leurs plans. Récemment, un poids lourd a été dérobé à TNT Express en région parisienne. Il n’a fallu que deux heures pour le retrouver !

Intempéries

Outre les dégradations occasionnées en cas d’intrusion, les véhicules peuvent subir d’autres types d’agression. Surtout s’ils sont garés sur des parkings extérieurs, à l’instar d’un parking de sortie d’usine. Une première source de dégâts provient des rayons ultraviolets (UV) qui détériorent les tableaux de bord, abîment les systèmes de fermeture des coffres de voiture et déforment les plastiques. « L’idéal, c’est de protéger les véhicules avec une toile multiperforée qui conserve la fraîcheur de l’habitacle », explique François Leroux, directeur commercial de Carapax France, fabricant d’abris pour véhicules en forme de dôme. « Cette forme facilite le déblayage de la neige et réduit la prise au vent. Nous garantissons notre matériel contres des bourrasques de 130 km/h, le seuil des catastrophes naturelles. » En tout, jusqu’à quatre véhicules peuvent être ainsi protégés dans un abri, lequel peut être allongé en hauteur afin d’accueillir de plus gros gabarits. Par ailleurs, les abris peuvent être rassemblés en une seule structure modulaire. Dans cette optique, le constructeur Renault cherche actuellement à recouvrir 6 000 voitures d’un coup. « Reste que, sur ce marché, l’activité pourrait bien disparaître », regrette François Leroux. « Les deux causes principales sont l’effondrement de l’industrie automobile et la concurrence des parkings souterrains. »

Mouvements de panique

Dans les parkings souterrains, bien que les problématiques de vent et de rayons UV disparaissent, certaines menaces sont renforcées. Notamment les incendies et les mouvements de panique. Afin d’éviter le stress des usagers, mieux vaut soigner la visibilité des lieux, souvent trop sombres. Outre la signalisation obligatoire qui indique les directions à emprunter pour rejoindre l’extérieur du bâtiment, les grands opérateurs de parking, à l’instar de Vinci, travaillent sur la couleur des peintures afin d’améliorer les contrastes. Autre piste : le recours à des pans de mur vitrés vise à faire entrer la lumière. En pratique, certaines portes intérieures peuvent être remplacées par des grilles en fer. Celles-ci présentent le double avantage d’interdire les accès non autorisés sans masquer la luminosité. En outre, elles sont utiles pour évacuer les fumées plus rapidement en cas d’incendie. Dernier impératif : penser à remplacer les éclairages. « Un néon dure en moyenne 3 000 à 4 000 heures maximum. Nous les changeons tous les trois ans », explique Jean-Luc Dupont, exploitant de Pallas-Car, service de parking privé, labellisé Qualicert (qualité de service) pour les utilisateurs de l’aéroport Roissy à Paris. « Tous les deux ans, il faut renouveler les lumières de secours qui, pour leur part, restent toujours allumées. »

Incendies

Concernant les incendies, l’arrêté « parking » du 9 mai 2006 détaille le dispositif à mettre en place. Il faut notamment compartimenter l’intérieur des étages et installer des détecteurs de fumées. En cas d’incendie, les détecteurs envoient l’information au poste de contrôle (PC), lequel actionne la fermeture des portes anti-feu et le dispositif de désenfumage dans les compartiments atteints afin de préserver la qualité de l’air et d’améliorer la visibilité. En outre, des extincteurs de 6 litres doivent être installés tous les 200 m2. Par ailleurs, des gicleurs ou sprinklers peuvent être utiles. Principe : lorsqu’un incendie survient, la chaleur monte, atteint l’une des têtes de gicleur et détruit l’ampoule ou le fusible qui maintient la tête fermée. Du coup, la pression d’eau permanente dans la canalisation se libère et arrose la zone enflammée. Reste, pour les usagers, à évacuer les lieux en utilisant les issues de secours indiquées par des éclairages d’urgence et une signalisation spécifique. Il faut notamment repérer la boîte rouge située près de la porte, puis détruire la partie vitré afin d’actionner un bouton qui déverrouille l’issue. A la différence des portes qui donnent sur l’extérieur, lesquelles ne sont pas nécessairement coupe-feu, celles situées à l’intérieur doivent résister aux flammes pendant au moins trente minutes. « Elles doivent également suivre les règles de l’accessibilité universelle [pour les personnes en situation de handicap, NDLR]. Et prévoir une largeur assez importante pour faciliter le passage des fauteuils roulants », rappelle Pierre Lambert, directeur produit chez Malerba, fabricant de portes de parking sécurisées qui s’ouvrent, dans les deux sens, d’un simple coup d’épaule.

Bien choisir sa porte de garage

Copropriétés et particuliers doivent s’équiper d’une porte solide afin de dissuader les voleurs. Certaines se relèvent et s’enroulent autour d’un axe, dans un caisson situé au-dessus de l’entrée de garage mais sont peu résistantes. D’autres basculent vers le plafond et doivent être équipées d’un dispositif « anti-chute », qui l’empêche de se refermer brutalement. Autre impératif, un dispositif « anti-écrasement » va détecter la présence d’un obstacle sous la porte, par exemple un enfant. Cette détection va alors annuler le processus de fermeture. Problème : si la porte est trop lourde le moteur lâche, à moins de s’équiper de moteurs plus puissant, dits « tubulaires ». Sur ce marché très concurrentiel, le champion Somfy est suivi de près par Becker, Sommer et d’autres comme Nice ou encore Selve. A côté des solutions pour les portes lourdes, on trouve des modèles à refoulement latéral, à un ventail ou plus. « La porte se glisse ou se rabat sur le coté et ne demande ni poulie ni câble », souligne Philippe Fresnais, cogérant de Fresnais Automatismes qui fabrique Novvel, une porte latérale multifonction qui se pose plus vite, nécessite moins de maintenance et facilite l’identification des usagers.

© Guillaume Pierre-TCA-innov24.

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