Gestes répétitifs, salaires peu élevés, plannings changeants, caisses placées à l’entrée dans les courants d’air, charges lourdes à porter, postures de travail contraignantes, stress… le secteur de la grande distribution est particulièrement montré du doigt pour la difficulté des conditions de travail imposées à ses salariés, notamment aux caisses. D’autant que la culture de la prévention, de la santé et sécurité au travail et du bien-être des salariés y est très peu présente. Pour lutter contre cet état de fait, l’Assurance maladie – Risques professionnels (AMRP) s’est engagée dans de nombreuses démarches visant à faire changer les mentalités. En témoigne la convention de formation d’animateur en prévention des risques professionnels, que la Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France (Cramif) a signée il y a quatre ans avec le groupe Carrefour. Aujourd’hui, les deux acteurs se sont réunis pour faire le point sur les actions qui ont été engagées.
La grande distribution, un secteur peu engagé en faveur de ses salariés
Si les hypermarchés et les supermarchés (>400m2) représentent près de 1.950 magasins et 78.000 salariés, ils n’en sont pas moins l’un des pires endroits où travailler : d’après l’AMRP, l’indice de fréquence des accidents du travail et leur taux de gravité sont environ 2,5 fois supérieurs à la moyenne régionale. Et ce sachant que les troubles musculosquelettiques (TMS) génèrent plus de 98% des maladies professionnelles qui sévissent dans ce secteur.
Création d’une direction de la santé au travail
Face à cela, la Cramif, qui représente l’Assurance maladie pour la prévention des risques professionnels, a été chargée de déployer des actions visant à réduire la sinistralité du secteur avec l’appui des correspondants d’enseigne. Parmi ces actions, la Cramif a donc eu pour mission de mettre en place une organisation de la prévention au sein du groupe Carrefour France. Un engagement qui s’est concrétisé par la création d’une Direction de la santé au travail (juillet 2012) et la signature de deux conventions en janvier 2013. Pour la première signature, l’objectif était d’intégrer la prévention des risques professionnels en amont des projets de conception de l’enseigne dans l’activité « Drive ». Quant à la seconde, dédiée à la formation, et dont le bilan a été dressé aujourd’hui, elle avait pour but de questionner les compétences des acteurs de la prévention des risques afin de valoriser le travail des salariés.
Pérenniser la démarche
Il en est ressorti que 485 salariés ont été validés en tant que « personnes désignées compétentes » en prévention des risques avec un taux de réussite de 95%. À cela s’ajoutent 297 personnes qui ont été formées et validées en qualité de « préventeurs : personnes ressources des troubles musculosquelettiques ». Enfin, 11 préventeurs de la Direction de la santé au travail de Carrefour France ont été formés. Pour l’avenir, la Cramif prévoit de continuer à accompagner le groupe dans sa démarche en mettant, par exemple, à jour les connaissances des personnes formées. Mais aussi en formant des équipes supports telles que la direction concept et la direction travaux afin de cibler les facteurs de pénibilité et les prendre en compte le plus tôt possible.
Ségolène Kahn
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