Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Santé et sécurité au travail : Expoprotection 2016 sous le signe de l'innovation et de la réglementation

Pendant trois jours, une centaine d'événements, conférences et autres animations se sont déroulés sur les thèmes de la sécurité et de la santé au travail durant le salon Expoprotection 2016 (du 7 au 9 novembre) au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris. L'occasion d'offrir aux visiteurs une vision à 360 degrés sur ces questions d'actualité.

Le coût grandissant des accidents du travail et le poids de la réglementation aidant, la santé au travail et la prévention des risques n’ont jamais autant mobilisé les entreprises. Les professionnels de santé et les responsables santé-hygiène et sécurité ont d’ailleurs été nombreux pendant le salon Expoprotection 2016, qui s’est déroulé du 7 au 9 novembre au parc des exposition de la porte de Versailles à Paris. Durant ces trois jours, les visiteurs ont pu assister à une centaine d’événements organisés sur le salon. Point d’orgue de ces animations, la très attendue remise des trophées d’Expoprotection. Plus de 80 dossiers de candidatures avait été transmise aux organisateurs.
Devant un public nombreux et attentif, la cérémonie a distingué 4 innovations en matière de sécurité et santé au travail. A commencer par l’appui tête Viz-O pour réduire les troubles musculosquelettiques (TMS) qui a reçu la médaille de bronze, tandis que l’argent a été accordé au système antichute de Clic-It. Quant à la médaille d’argent, elle a été accordée aux écouteurs à contrôle actif de bruit d’Orosound. Cette dernière a d’ailleurs fait coup double sur cette 26ème édition. Première startup à avoir décroché un trophée de l’innovation, elle a en outre remporté le 1er Startup Contest du salon. Soumise au vote du public, cette compétition réunissait les 11 autres startups qui étaient en résidence sur le Hub du salon. Enfin, la mention spéciale du jury des trophées de l’innovation a été accordée au vêtement connecté pour mesurer la pénibilité développé par le Mulliez-Flory et Altran, respectivement fabricant de vêtements professionnels et société de conseil en innovation et ingénierie avancée.

Première édition des Trophées TMS Pro
En matière de prévention des risques, les entreprises ne sont d’ailleurs pas les seules à faire montre d’imagination. En témoigne l’Assurance maladie qui a organisé pour la première fois les Trophées TMS Pros afin de récompenser les actions de prévention des troubles musculo-squelettiques de petites, moyennes et grandes entreprises. Ce trophée fait suite au programme TMS Pro suivi par 6.800 entreprises parmi les plus touchées par ces pathologies. Ces dernières bénéficient d’un accompagnement individuel en ligne (tmspros.fr) où elles trouvent des outils dédiés. Sur les 116 candidats, 12 ont été récompensés sur le salon d’Expoprotection 2016 qui accueillait la cérémonie. Dans la catégorie des moins de 50 salariés, le premier prix a été accordé à JC David, entreprise spécialisée dans le fumage et de salage du poisson à Boulogne-sur-Mer (Nord). Dans la catégorie des moins de 200 salariés, le lauréat du premier prix a été attribué au prestigieux Hôtel Marriott Paris Opéra Ambassador. Pour la catégorie des plus de 200 salariés, le premier prix a été remporté par un établissement hospitalier, l’Institut Claudius Regaud à Toulouse (Haute-Garonne). Enfin, un prix spécial a été décroché par Socomec, fabricant de matériels électriques et électromagnétiques situé à Benfeld (Bas-Rhin). Tandis que deux mentions spéciales ont été remises à Repetto à Saint-Médard (Gironde), un célèbre fabricant de chaussures (notamment de danse), et à FM Logistic à Crepy-en-Valois (Oise), spécialisé dans la logistique.

Place à la prospective
Demain, les TMS seront-ils encore en tête des maladies professionnelles ? Pas forcément, si l’on s’en tient à la conférence plénière consacrée à « Demain, le travail sera-t-il vraiment la santé ? » La question soulevée par des prospectivistes mérite d’autant plus qu’on y réfléchisse que les nouvelles générations d’employeurs seront sans doute mieux sensibilisés au bien-être au travail et à la santé des salariés. L’enjeu étant de maintenir la productivité des employés tout en réduisant les risques d’accidents du travail et les jours de travail perdu. Dans cette perspective, faire du sport en marchant, piquer une sieste après la pause déjeuner dans une atmosphère dépolluée, traquer le stress pour mieux le combattre constituent autant de pistes à explorer pour encourager les salariés à veiller sur leur santé. Davantage sensibilisées sur les problématiques de la santé au travail, les futures générations se montreront sans doute plus responsables et plus autonomes dans la manière de s’organiser au quotidien. C’est d’ailleurs le thème de la conférence intitulée « Liberté sécurité responsabilité ». laquelle fait écho à différents cas d’entreprises où la hiérarchie entre les collaborateurs n’existe plus.

La fin annoncée de la hiérarchie ?
A l’instar de Ternary Software, l’éditeur de logiciel dont le fondateur, Brian Robertson, a inventé le modèle de l’holacratie. Ce concept implique que les mécanismes de prise de décision soient répartis au sein d’équipes auto-organisées qui sont à la fois autonomes et dépendantes de l’organisme qu’elles constituent. Imaginée en 2001, cette dernière a inspiré plus de 400 entreprises comme l’américain Zappos, le site d’e-commerce, ou encore le français AE&T (Applications électroniques et techniques) basé à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Son dirigeant, Claude Andrieux, peut se féliciter d’avoir concilié la satisfaction des clients avec le bonheur de ses salariés. Chacun travaille à égalité avec les autres, quel que soit son diplôme ou son domaine d’activité. Par ailleurs chacun est libre de ses horaires de présence et de ses jours de congés. Un mode de fonctionnement qui fait rêver les jeunes générations. Cette conférence sur la nouvelle gouvernance s’est tenue dans le cadre d’Expoprotection  »Demain ». Source de réflexions et d’anticipations, ce programme inédit visait à projeter les visiteurs dans le futur en les amenant à imaginer un nouveau visage de la protection et de la gestion des risques. Dans cette perspective, deux espaces ont été aménagés à l’intérieur du salon. A commencer par le plateau TV sur lequel se sont tenues les conférences prospectives du Live Demain. Des événements interactifs puisque le public est intervenu afin de donner son avis ou interpeller les conférenciers par par SMS.
 

L’innovation en vedette sur le Hub
A quelques mètres du podium, le Hub battait son plein. Premier village du genre créé sur le salon, il rassemblait 12 startups innovantes. Investisseurs et clients potentiels étaient d’ailleurs invités à les découvrir et à les rencontrer après leurs pitchs respectifs qui se sont succédés durant les trois jours du salon.

Outre Orosound qui a remporté avec ses écouteurs le startup concept, la startup Toucango propose un système d’aide à la vigilance au volant basé sur la reconnaissance faciale. Cette solution développée par Innov+ permet aux employeurs d’avoir un œil distant sur le comportement de leurs salariés en voiture en vue de réduire les risques d’accidents sur les routes. Egalement fournisseur de service aux entreprises, Smartsanté se positionne pour sa part sur la prévention digitale des maladies cardiovasculaires qui concernent un actif sur deux. Tandis que Qwidam réunit un réseau social et un service d’information pour les grands groupes.

Demain, les EPI seront connectés
De l’application mobile à l’objet connecté il n’y a qu’un pas que franchit Fall Alarm System avec un capteur qui sait différencier une chute d’un saut ou encore d’une immobilité prolongée. Jouant elle aussi la carte des objets communicants, les chaussures connectées de Zhor Tech visent non seulement à mesurer la pénibilité des postes mais aussi d’apporter du confort à l’utilisateur. Cette technologie proposée en marque blanche aux fabricants de chaussures a suscité le vif intérêt des visiteurs. L’avenir des chaussures et vêtements connectés a d’ailleurs fait l’objet d’une conférence organisée par l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH). L’occasion pour cette organisation d’apporter son expertise sur le sujet. Ce thème lui est d’autant plus familier qu’elle a développé avec Nomadics Solutions et le fabricant Kiplay un vêtement connecté Bluetooth. A l’exemple de cette parka, lumineuse, chauffante et géolocalisée présente sur le stand de Kiplay, chef de file du projet.

Cette parka a fait l'objet d'un projet
avec Kiplay, l'IFTH et Nomadics Solutions.
© Kiplay
Cette parka a fait l’objet d’un projet
avec Kiplay, l’IFTH et Nomadics Solutions.
© Kiplay

Les responsables EPI ont pu dans la foulée se tenir informer sur l’avenir de la directive 89/686/CEE qui va être remplacée par le futur règlement européen. Le Syndicat national du marché des acteurs de la prévention et de la protection (Synamap) a présenté, lors du salon, le futur règlement européen sur les équipements de protection individuelle (n° 2016/425 du 9 mars 2016). Il entre en application le 21 avril 2018 et est applicable, sans transposition nationale, à tous les États membres. Il impose de nouvelles obligations aux fabricants, aux mandataires, aux importateurs et aux distributeurs mais n’a pas d’impact pour les utilisateurs.

Focus sur le futur règlement EPI

Les catégories de risques sont simplifiées mais le niveau III est élargi à d’autres types de risques. Parmi lesquels, les noyades, substances et mélanges dangereux pour la santé, agents biologiques et bruits nocifs, etc. Concernant, le marquage CE qui a fait l’objet d’une conférence d’Afnor Certification, ce dernier doit être apposé de manière visible, lisible et indélébile sur l’EPI. L’article 17 du règlement prévoit qu’il soit apposé avant que l’EPI ne soit mis sur le marché. Pour les EPI de catégorie III, le marquage CE est suivi du numéro d’identification de l’organisme notifié. Enfin, le marquage CE peut être suivi d’un pictogramme ou d’une autre marque indiquant le risque contre lequel l’EPI est destiné à protéger.
Autre sujet d’actualité pour les conférenciers d’Expoprotection, le décret pénibilité qui est entré en vigueur cette année. Pour les accompagner dans leur démarche, les entreprises ont pu trouver au sein du salon un appui auprès des ergonomes présents au sein du village ergonomie créé sous l’impulsion de Reed Exposition, l’organisateur du salon, et la fédération des syndicats des métiers de la prestation industrielle du conseil, de l’ingénierie et du numérique (Cinov). Ce partenariat s’est traduit notamment par l’organisation d’un cycle de conférences. Parmi les thèmes abordés, la réduction à l’exposition au bruit qui compte, rappelons-le, parmi les 10 critères de pénibilité. La présentation réalisée par Fabien Krajcarz, directeur général de Gamba Acoustique, a montré que chaque année on compte 1.000 nouvelles déclarations de surdités professionnelles malgré une législation. En cause, l’absence d’EPI fourni par l’employeur ou encore le mauvais port de protection par les salariés. Par manque de formation, bon nombre d’opérateurs ne tiennent pas compte de la nécessité de se protéger pendant tout le temps de l’exposition. Le directeur général de Gamba Acoustique préconise une meilleure formation des acteurs qu’il s’agisse des professionnels de santé ou de la construction. En matière de prévention des risques professionnels, certains outils encore émergents comme la réalité augmentée ne demandent qu’à entrer dans la panoplie des formateurs et des professionnels de santé. C’est du moins ce que nous a démontré Nina Ayissou dirigeante du cabinet conseil en ergonomie Amaye en partenariat avec Wizyoo, une jeune entreprise spécialisée dans le développement de solutions digitales, innovantes. Dans la même veine, les visiteurs ont pu découvrir comment la 3D peut aider à concevoir, présenter et valider les projets d’aménagement d’espace et de poste de travail. De quoi limiter les lombalgies et autres TMS.

Eliane Kan

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