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Sûreté et sécurité

Pénurie de semi-conducteurs : l’impact du climat

Bon nombre d’industries sont touchées par la baisse de production des puces électroniques. Notamment les fabricants de produits de sécurité-sûreté qui endurent des problèmes d’approvisionnement et une augmentation des coûts. La pandémie n’est pas la seule cause. La sécheresse a aussi sa part de responsabilité.

À l’heure où la présidence française pour l’Union européenne (PFUE) organise une conférence de deux jours à Bercy sur la souveraineté numérique européenne, l’industrie des semi-conducteurs est en pleine crise. Selon une étude d’IPC, l’association mondiale des fabricants de produits électroniques, 88 % des fabricants de produits intégrant de l’électronique accusent une forte augmentation des délais d’exécution. Pis, 58 % d’entre eux prévoient que les pénuries prendront fin au plus tôt au second semestre 2022. Déjà épuisés, les stocks mondiaux sont en baisse. La pénurie de semi-conducteurs oblige les entreprises à dépenser davantage pour fabriquer leurs produits. L’apparition de cette pénurie s’explique par plusieurs facteurs mais une chose est sûre : elle va impacter les fabricants de systèmes électroniques de sécurité-sûreté.

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La fabrication des semi-conducteurs s’effectue en salles blanches. CC USDoES

Fragilité du modèle économique de production à flux tendu

Sans surprise, la pénurie s’explique par la crise du covid-19 et ses confinements provoquant une baisse de la production chez les ‘‘fondeurs de silicium’’ qui fabriquent les puces. La plupart de ces entreprises fonctionnent à flux tendus et ne font que très peu de stocks. Lors de la levée de certaines mesures sanitaires, tous les maillons de la chaîne logistique de l’industrie des semi-conducteurs, de l’exploitation des ressources à la production ont été sollicité au-delà de leurs capacités.

Stress hydrique à Taïwan

Autre cause de la pénurie : le climat. En effet, le processus de fabrication des semi-conducteurs réclame de très grandes quantités d’eau. À cet égard, TSMC, le leader mondial du marché des puces électroniques avec 50,5 % du marché mondial (selon l’institut de recherche Takuya) et près de 92 % du marché des puces de haute technologie, indique dans son rapport annuel d’activité 2019, consommer 150 000 tonnes d’eau par jour. Or son implantation géographique, à Taïwan, pose aujourd’hui un problème. De fait, l’île chinoise a enduré une sécheresse sans précédent depuis 56 ans. La raison : aucun typhon n’est venu déverser ses torrents de pluie sur l’île pendant l’été 2020. Cette situation met Taïwan en stress hydrique et TSMC en difficulté. D’autant que le gouvernement lui a demandé de réduire sa consommation d’eau d’au moins 15 %… au moment même où la demande explose !

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Siège de TSMC à Hsinchu (Taïwan). CC Peellden

Une crise des semi-conducteurs prévue jusque 2023

Intel, AMD ainsi que bien d’autres géants du secteur sont unanimes. La pénurie ne se résoudra pas avant fin 2022, voire début 2023. Et l’étude d’IPC va également dans ce sens. « Les pénuries d’approvisionnement et autres perturbations ont un impact sur la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’électronique et sur toutes les industries desservies en aval par ces fabricants, explique Shawn DuBravac, économiste chez ICP et auteur principal de l’étude. La forte demande dope les ventes de l’industrie, mais les pénuries retardent les livraisons et augmentent les commandes non satisfaites. « Les fabricants sont confrontés à des prix plus élevés car ils sont en concurrence pour un approvisionnement limité. Il s’agit d’un phénomène mondial qui va prendre une bonne partie de l’année 2023 pour se résoudre. » Les fabricants de produits de sécurité électronique vont devoir prendre leur mal en patience. L’idée de la PFUE en faveur du Chips Act à 50 milliards d’euros pour relocaliser la fabrication des puces électroniques, dont 12 milliards pour la recherche, 30 milliards de la part des États-membres et 5 milliards de la Banque européenne d’investissement (BEI) a des chances d’être applaudie par nos fabricants de systèmes de sécurité électronique.

Maxence Rysmann

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