Gérer les risques
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Risques industriels et environnementaux

Orhane : première plate-forme régionale qui mesure les nuisances de l'air et du bruit

La région Auvergne-Rhône-Alpes élabore la première plate-forme multi-critère d’identification et de hiérarchisation de l'exposition du territoire aux nuisances air et bruit.

Dans le cadre de la deuxième phase du Plan régional santé environnement (PRSE2), la région Auvergne-Rhône-Alpes élabore Orhane (Observatoire régional harmonisé Auvergne-Rhône-Alpes des nuisances environnementales. A savoir le premier outil régional d’identification et de hiérarchisation de l’exposition du territoire aux nuisances air et bruit. L’intérêt ? Une meilleure prise en compte croisée des impacts environnementaux dans les plans d’actions et une meilleure connaissance des territoires rhônalpins les plus exposés au bruit et à la pollution atmosphérique.

Mobilisation des institutions régionales

L’élaboration de cette plate-forme est confiée aux associations Acoucité et Atmo Auvergne-Rhône-Alpess, avec l’appui technique et méthodologique du réseau scientifique du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer. Dont le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Ces trois partenaires construisent et entretiennent la partie commune de la plate-forme, les cartographies modélisées du bruit et de la pollution atmosphérique étant produites par chacune des associations sur leur domaine de compétences respectifs.
En effet, depuis près de 10 ans, Acoucité et Atmo Auvergne-Rhône-Alpess collaborent et interviennent de façon croisée sur les principaux outils agissant au niveau local et régional en matière de politique de déplacement et d’impacts environnementaux. Citons le Plan de déplacements urbains (PDU), le Schéma de cohérence territoriale (Scot), ou le PRSE. Bien sûr, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et la région apportent leur soutien à cette initiative.

Air : un indicateur unique à partir de deux cartographies
A partir d’une base de données commune, des cartographies de la pollution atmosphérique et des cartographies du bruit sont générées, puis croisées pour former un indicateur unique. Ainsi deux cartographies de la pollution atmosphérique sont prises en compte pour produire un indicateur air. A commencer par la cartographie des concentrations annuelles de dioxyde d’azote (NO2) en µg/m3 (valeur limite annuelle : 40 µg/m3). Vient ensuite la cartographie du nombre de jours de dépassements du seuil journalier en particules PM10 (seuil journalier : 50 µg/m3 en moyenne journalière). A partir de ces deux cartes, un indicateur air est alors calculé, en chaque point géographique, en convertissant les données de chaque cartographie en indicateur pouvant varier de 1 à 6, puis en prenant le maximum des deux. Au plan réglementaire, on considère qu’il y a dépassement à partir de l’indicateur 5.

Bruit : trois cartographies sources

Côté bruit, trois cartographies du bruit sont prises en compte pour produire un indicateur bruit. Tout d’abord la cartographie du bruit routier (exprimée en Lden : indicateur du niveau de bruit global en dB(A) pendant une journée complète et distinguant dans sa construction les périodes de jour, soirée, nuit), suivie de la cartographie du bruit ferroviaire (exprimée aussi en Lden), puis de la cartographie du bruit aérien (en Lden). Cependant, le caractère événementiel de certains bruits n’est pas pris en compte : klaxons, véhicules de secours, livraisons, bruits de voisinage, commerces (bars, restaurants…).
A partir de ces trois cartes, un indicateur multi-exposition bruit (non-réglementaire) est alors calculé, en chaque point géographique, en convertissant les données de chacune des trois cartographies en un indicateur tenant compte de la différence de gêne entre les sources (routières, ferroviaires, aériennes). Le résultat de cet indicateur de la multi-exposition est ensuite projeté sur une échelle de 1 à 6. L’indice 5 correspond à des niveaux de gêne équivalente (référence route) supérieurs à 65 dB(A). C’est à partir de cette valeur que des dépassements réglementaires (estimés sur les façades des bâtiments) pourraient être observés.

Un indicateur de multi-exposition à des fins exploratoires
Remarque importante : les cartographies utilisées pour calculer l’indicateur de multi-exposition le sont en tenant compte des exigences de la directive européenne sur le bruit (2002/49/CE). Cependant la directive ne propose pas, à ce jour de méthode de cartographie de la multi-exposition, il en va de même de la réglementation française en vigueur. L’indicateur multi-exposition bruit utilisé dans Orhane est utilisé à des fins exploratoires. Il sera révisé en fonction de l’avancée du consensus scientifique sur cette question. Les deux cartographies d’indicateur air et bruit sont enfin croisées afin de produire un indicateur air-bruit compris entre 1 et 6, en calculant en chaque point la moyenne de l’indicateur air et de l’indicateur bruit.

Multiplier les critères
A court terme, en raison de la réforme territoriale, la plate-forme Orhane est en cours d’extension à l’Auvergne. Cette phase devrait être finalisée en 2017. Elle s’accompagnera d’une première mise à jour des données qui, par la suite, devrait s’effectuer tous les 5 ans. Cette mise à jour pourra éventuellement être l’occasion d’actualiser la méthodologie de calcul des indicateurs (prise en compte d’autres polluants, réflexion sur l’indicateur air-bruit…).
A plus long terme : il sera nécessaire de fournir des indicateurs globaux de qualité environnementale et d’exposition des populations, regroupant le bruit et l’air ainsi que d’autres nuisances potentielles comme les rayonnements, les risques naturels, les pollens… Orhane pourra alors servir à alimenter d’autres observatoires d’identification de Points noirs environnementaux (PNE).

Erick Haehnsen

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