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Santé et qualité de vie au travail

Mesurer les ondes électromagnétiques pour prévenir les risques liés à l'hyper électrosensibilité

Un handicap lié à l'hyper électrosensibilité vient d'être reconnu par un tribunal. Cette affaire pourrait inciter les entreprises à mesurer le rayonnement électromagnétique dans leurs bâtiments. Des solutions existent.

Bonne nouvelle pour les électrosensibles. La semaine dernière, le tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse a accordé une allocation adulte handicapé (à hauteur de 85%) à une ex-journaliste souffrant d’une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Depuis 2010, cette dernière a dû renoncer à toute activité sociale et vit retirée à l’abri des champs électromagnétiques artificiels dans les montagnes ariégeoises. La décision du tribunal s’appuie sur le rapport d’un médecin expert qui fait état d’un « syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques » dont « la description des signes cliniques est irréfutable ». « La symptomatologie disparaît dès que les causes sont éliminées. Mais cette élimination impose un mode de vie et des sacrifices qui ne permettent pas la moindre suspicion de simulation », fait valoir le médecin-expert mandaté par le tribunal.

70.000 personnes concernées. « Cette décision est une première en France et, peut-être même, en Europe », selon le porte parole de l’association Robin des toits. En France, on compterait 70.000 personnes hyper électrosensibles aux champs électromagnétiques émis par les technologies modernes (portables, Wi-Fi, antennes-relais, etc.), selon l’ONG Next-up. Cette affection se traduit par des maux de tête, des picotements, des troubles du sommeil, des symptômes divers, transitoires et communs à de nombreuses autres affections.

Un rapport sur l’électrosensibilité devrait être remis au Parlement début 2016. Sans plus attendre, certaines entreprises ont entamé des mesures en vertu du principe de précaution. A commencer par la SNCF qui a entrepris l’an dernier une campagne de mesures pour les basses fréquences dans les trains, rapporte Jean Rioult, ingénieur de recherche au sein de Leost, un laboratoire de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), situé à Villeneuve-d’Asq. Spécialisé en Compatibilité électromagnétique (CEM), le chercheur est l’inventeur du Gyroscanfield, premier procédé capable de mesurer et de visualiser en 3D temps réel et en couleurs les rayonnements électromagnétiques de n’importe quel objet (tablette, ordinateur portable, mobile, box, etc) de manière simple et rapide.

Mesures dans un train. Jean Rioult collabore étroitement avec Jean-Luc Darroman au sein de leur start-up Luxondes qui est installée à Armentières (Nord). L’entreprise bénéficie d’une licence d’exploitation de l’Ifsttar afin de commercialiser le Gyroscanfield. Depuis sa création en 2011, la start-up a donné naissance à d’autres systèmes de mesure des ondes électromagnétiques. Dont une dalle optique embarquant 400 capteurs afin d’afficher automatiquement l’amplitude du champ électromagnétique d’un objet. Le produit a d’ailleurs été acheté par le centre de recherche d’Orange afin de développer de nouveaux systèmes de communication. Luxondes dispose aussi d’un capteur Kinect (Microsoft) qui permet d’établir une cartographie précise d’une pièce. «Ce système a été testé en collaboration avec la SNCF pour mesurer le rayonnement électromagnétique dans un wagon », indique Jean Rioult qui propose son offre auprès des fabricants des produits électroniques (aide à la conception), du monde de l’enseignement et de la recherche mais aussi des entreprises qui souhaitent contrôler le rayonnement électromagnétique de leurs lieux de travail ou de leurs espaces publics. Luxondes vise aussi le grand public puisque la société compte développer une lampe de bureau qui visualise l’environnement électromagnétique de la pièce.

Eliane Kan 

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