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Lúí Smyth (Infosys) : « La biométrie et la blockchain sont les deux éléments clés des solutions financières de demain »

Interview du directeur des recherches sur la Blockchain au EdgeVerve Labs d'Infosys Londres (UK). Infosys est une société d'ingénierie indienne de 190.000 salariés. La Blockchain est la technologie qui sous-tend le Bitcoin, principale monnaie cryptographique, qui intéresse aussi le monde de la sécurité.

La blockchain a été inventée pour que le Bitcoin puisse remplacer les monnaies fiduciaires et se passer des intermédiaires financiers (banques, agents de change, chambres de compensation…). Comment Infosys parvient-elle à  »vendre » aux banques ce qui pourrait les tuer ?
Bitcoin fut le premier projet de la blockchain conçu avec, comme priorité absolue, une véritable résistance à la censure. Cela signifie qu’il est impossible d’arrêter les transactions Bitcoin. Aucune force de police, de gouvernement ou d’institution financière ne peut bloquer ou annuler une transaction tierce sur le réseau Bitcoin. Cette exigence a été plus ou moins achevée. Surtout, elle ajoute certaines des telles contraintes structurelles que le niveau de sécurité s’en trouve très élevée. A tel point que la blockchain du Bitcoin s’affranchit de toute structure de gouvernance. En revanche, cela induit une politique monétaire rigide incitant à une sécurité des réseaux. En définitive, cette monnaie cryptographique résiste à la censure mais il risque d’être assez inefficace, volatile et non évolutive. Au bout du compte, une monnaie décentralisée revient cher.
Qu’entendez-vous par là ?
En majorité, les gens se moquent bien d’avoir un système de transactions que l’on ne peut arrêter. Cette exigence ou, du moins, cette priorité ne justifie pas les contraintes qu’elle entraîne. La rapidité des transactions, leur coût et leur accessibilité sont des points bien plus essentiels. Dans la plupart des cas, ces points peuvent être améliorés grâce à un facilitateur. Au lieu de “détruire des intermédiaires”, il est sûrement plus efficace de réfléchir à ce que seront ces facilitateurs et comment leur rôle pourrait évoluer. Ainsi les animateurs du marché continueront-ils à ajouter de la valeur.
Face aux start-up de la fintech (Financial Technologies) ingternationale, et notamment R3 (qui rassemble la plupart des grandes banques mondiales), quelles offres Infosys est-elle capable de présenter ?

Une technologie de coordination ouverte capable de fonctionner à une échelle industrielle. Avec un réseau couvrant 94 pays, 848 millions de clients, presque 200.000 employés, et une connaissance accrue des problématiques financières et industrielles, nous sommes bien placés pour soutenir les banques et les entreprises dans leurs projets de transformation numérique. A cet égard, notre technologie EdgeVerve Blockchain Framework est une solution sur étagère que les entreprises peuvent déployer dans leur propre environnement pour explorer le potentiel de la blockchain Nous avons réalisé un certain nombre de démonstrateurs technologiques utilisant notre environnement de développement. Nous avons ainsi développer avec nos clients des solutions qui fonctionnent.
La blockchain étend sans cesse davantage le champ de ses applications. Quelles sont, en matière de sécurité dans la banque, les applications que vous imaginez pour la blockchain ?
A ce stade, les applications les plus mûres de la blockchain portent sur les marchés financiers, les processus de paiement et le financement des activités industrielles et commerciales. Dans la plupart des cas, la valeur ajoutée est attendue sur le terrain de la vitesse des échanges, de manière transparente et automatisée. Ce qui, en effet, permet d’éliminer la nécessité de chambres de compensation. D’où une réduction des coûts. Alors que la sécurité est un facteur majeur de la blockchain, c’est rarement la « raison d’être » d’un projet. Ceci dit, il existe un énorme potentiel pour la sécurité dans le domaine de l’audit et de l’analyse. A la fois en ce qui concerne le code informatique utilisé et l’activité réseau.
Dans cet esprit, quel lien peut-il y avoir entre la blockchain, la biométrie et les objets connectés sur le terrain de la sécurité des banques et des marchés financiers ?
La biométrie et la blockchain sont les deux éléments clés de l’industrie financière de demain. La blockchain fournira un moyen sûr et rapide de transférer de la valeur au travers d’un réseau distribué. Et la biométrie deviendra un précieux outil pour gérer l’accès à ce réseau. Intégrer ces deux technologies reste, pour l’heure, une question ouverte. En effet, nous ne savons pas encore s’il est possible d’exécuter une authentification biométrique dans l’environnement de réseau distribué (et à faible coût) de la blockchain. Par ailleurs, la blockchain s’ajustera, au plan théorique, à des objets connectés dans la mesure où elle fait déjà partie des technologies numériques les plus en pointe.
Votre plate-forme de sécurité basée sur la blockchain sera-t-elle disponible en code source ouvert (Open Source Software) ?
En ce qui concerne notre politique Open Source, nous avons un département R&D basé en Irlande qui fonctionne sur un modèle d’innovation ouverte (Open Innovation). Une partie de la mission de cette équipe sur place est de trouver un équilibre entre la libération du code source et l’élaboration d’un modèle économique d’entreprise durable.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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