Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Les robots d'assistance physique au secours des salariés

Demain, le maintien des salariés fragilisés notamment par des TMS ou par l'usure des articulations pourrait être facilité par l'arrivée des robots d'assistance physique dans les entreprises. Dans les entrepôts, les usines ou encore sur les chantiers, des expérimentations ont démarré comme le rapportent des ergonomes de l'INRS qui ont réalisé un rapport prospectif sur ces nouveaux assistants.

Recourir à des robots d’assistance physique dans les usines, entrepôts ou chantiers afin de soulager les opérateurs des tâches manuelles les plus pénibles n’est pas une fiction. « Plusieurs entreprises ont démarré des expérimentations », rapporte Jean-Jacques Atain-Kouadio, ergonome au laboratoire ergonomie et psychologie appliquées à la prévention (EPAP) au département Homme au Travail de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Ce dernier a contribué à la réalisation d’un rapport prospectif sur les robots d’assistance physique (Rap) en entreprise.

Ces dispositifs définis par la norme NF EN ISO 13482 version 2014 se divisent en deux catégories, selon qu’ils sont avec ou sans contention. Les premiers concernent typiquement les exosquelettes. « Il s’agit de dispositifs destinés à aider une personne à exécuter des tâches en complétant ses capacités ou en augmentant ses performances », explique Jean-Jacques Atain-Kouadio. Autre avantage apporté par ces Rap, c’est qu’ils peuvent contribuer aussi à maintenir les personnes fragilisées à leur poste en les aidant à remplir les mêmes fonctions qu’une personne valide. Ces dispositifs intéressent aussi les entreprises qui veulent éviter l’apparition de troubles musculo-squelettiques ou l’usure des articulations de leurs salariés.

Les Rap avec contention se matérialisent sous la forme de dispositifs qui s’ajustent directement sur les membres inférieurs ou supérieurs, voire sur l’ensemble du corps. Dans ce domaine, certains pays sont très avancés comme le Japon, les Etats-Unis ou l’Allemagne. La France n’est pas en reste grâce à certains fabricants comme RB3D qui s’est fait connaître initialement avec des Rap dits sans contention. Contrairement aux précédents, ces derniers autorisent l’utilisateur à se déplacer librement sans que ses mouvements soient gênés par un dispositif. Surtout, il est assisté dans l’exécution de tâches manuelles grâce à un robot sur lequel est montée une brosse, meuleuse, pince, etc. L’engin est piloté « manuellement » à travers un système de commande. « Le Rap permet de compenser le poids de l’outil, de multiplier l’effort de l’opérateur et de l’assister dans des mouvements complexes ou très fins à exécuter », résume Jean-Jacques Atain-Kouadio qui a tenu une conférence sur les Rap devant le club TMS de la Carsat Languedoc Roussillon en octobre dernier.

Bien sûr, la mise en œuvre d’un Rap sans contention nécessite des mesures de sécurité. Entre autres, le robot doit évoluer à une vitesse réduite qui est déterminée par l’appréciation du risque et supervisée par une fonction de sécurité comme le précise la norme NF EN ISO 10218-1 version 2011. L’utilisation d’un tel équipement soulève néanmoins des questions. L’introduction d’un Rap va-t-elle faire évoluer le contenu ou l’organisation du travail ? Ne risque-t-elle pas de créer des incertitudes dans l’espace de travail collaboratif ? Y a-t-il un risque de déplacer le problème de TMS d’une partie du corps vers une autre ou encore d’augmenter la charge mentale de l’opérateur ?

Du côté des Rap avec contention, des précautions doivent aussi être prises afin de limiter les risques dus à la proximité entre l’homme et le dispositif et ceux dus aux mouvements contraints. Par ailleurs se pose aussi une foule de questions. Entre autres, les risques de chute de plain pied et de hauteur sont-ils augmentés en cas de déséquilibre de l’exosquelette ? L’assistance musculaire sur de longues périodes présente-t-elle le risque de fonte musculaire ? Autant de questions complexes sur lesquelles se penchent les entreprises qui expérimentent actuellement ces dispositifs et les préventeurs afin d’évaluer les apports réels pour améliorer les conditions de travail des salariés.

Eliane Kan

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