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Sûreté et sécurité

Les propositions émises par la commission d'enquête sur les attentats pour prévenir le risque terroriste

Fustigeant les failles et les dysfonctionnements de la lutte anti-terroriste, une commission d'enquête parlementaire préconise 39 mesures pour mieux prévenir les attentats. Parmi ses propositions, la création d'une agence nationale de lutte contre le terrorisme et la diminution du nombre de militaires de l'opération sentinelle. Pour compenser leur départ, elle préconise le recrutement de policiers et gendarmes et le recours à des sociétés privées.

Les moyens organisationnels manquent cruellement au renseignement français, selon la commission d’enquête parlementaire sur les moyens mis en œuvre par l’État pour lutte conter le terrorisme depuis l’attaque en janvier dernier du journal Charlie Hebdo. Au terme de 190 entretiens représentant 200 heures d’auditions auprès notamment de 4 ministres et de directeurs de services du renseignement, la commission a rendu ce 5 juillet un épais rapport de 300 pages qui contiennent 39 propositions afin de rendre plus efficace la prévention des attentats. Fustigeant le manque de moyens et de coordination des services de renseignement, la commission présidée par le député Georges Fenech (Les Républicains) préconise notamment la création d’une agence nationale de lutte antiterroriste rattachée directement auprès du premier ministre.

Base de données unique. Cette agence inspirée du National Counterterrorism Center américain, selon le journal Le Monde, aurait compétence pour coordonner l’ensemble des services antiterroristes, dont la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Cette agence nationale de lutte antiterroriste aurait en charge l’analyse de la menace, la planification stratégique, la coordination opérationnelle et veillerait au partage de l’information entre les services de renseignement intérieur et extérieur. Autre proposition, fusionner les trois services de renseignement, dépendant de la police nationale, la gendarmerie et Préfecture de Paris au sein d’une seule direction générale du renseignement territorial placé auprès du ministre de l’Intérieur. Ce qui améliorerait la détection de signaux faibles.

Par ailleurs, la commission émet l’idée de créer une base de données unique alimentée par les ministères de l’intérieur et de la Défense. Cette base serait issue du fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) qui compterait 13,000 noms. Dans la foulée, la commission prone la fusion des trois unités d’élite du pays, le GIGN, du Raid et la BRI. Le soir du 13 novembre, « l’intervention des forces d’intervention a été rapide, efficace et a démontré qu’elles étaient capables de collaborer », estime le rapporteur de la commission d’enquête, Sébastien Pietrasanta député socialiste.

Sociétés de sécurité privée. Jugeant que ni l’État d’urgence ni l’opération sentinelle n’ont démontré leur efficacité, la commission recommande de diminuer le nombre de militaires engagés en France. Elle conseille de les repositionner sur des territoires sensibles et de compenser leur départ par le recrutement de 2000 gendarmes et policiers et préconise le recours à sociétés de sécurité privée. Enfin, en réponse aux difficultés rencontrées par les services de secours pour intervenir auprès des blessés, la commission suggère l’instauration de « colonnes d’extraction » des victimes réalisées par des médecins et des infirmiers lourdement équipés de casques et de gilets pare-balles. Ce dispositif faciliterait l’accès aux victimes alors même que le périmètre de sécurité ne serait pas levé. Ce qui nécessiterait néanmoins de former des médecins, infirmiers et secouristes à la médecine de guerre.

Eliane Kan

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